Le livret A retrouve-t-il sa place dans le cœur des épargnants ? Au mois de mars, les encours du Livret A et de son petit frère, le Livret de Développement Durable (LDD), ont grossi de 420 millions d’euros, selon les chiffres révélés jeudi 21 avril par la Caisse des dépôts. L’encours total sur les deux produits atteint ainsi 355,9 milliards d’euros à fin mars 2016.

La majorité des Français sont équipés du fameux petit livret. Mais avec un taux ne cessant d’être revu à la baisse, fixé à 0,75% depuis le 1er août 2015, beaucoup préfèrent désormais placer leur épargne sur un plan épargne logement (PEL) ou une assurance-vie, aux rendements plus élevés. Voire laissent dormir leurs économies sur un compte courant non rémunéré.

Pourtant, le Livret A ne manque pas d’avantages. L’épargne est garantie et disponible à tout moment, le rendement protège de l’inflation et les intérêts ne sont pas fiscalisés. L’utilisation des sommes déposées est aussi vertueuse, puisque la Caisse des dépôts en emploie une partie pour financer le logement social et les investissements publics locaux.

En outre, comme en ce moment l’inflation est très faible, le taux réel du livret A - soit le taux facial duquel on soustrait l’inflation - devient plus intéressant. Mais c’est « un discours complexe pour l’épargnant, souvent plus attiré par le taux facial que le taux réel », reconnaît François Boisseau, responsable épargne de la Banque postale. Depuis le record de collecte de l’année 2013, les Français ont retiré plus de 11 milliards d’euros de leurs livrets.

La collecte positive de mars est donc une bonne nouvelle. Elle pourrait même révéler « une sorte d’accoutumance au taux » du Livret A, selon la Caisse des dépôts. « Depuis le début de l’année 2016, la décollecte ralentit et mars affiche une collecte positive. Cela signifie bien qu’un taux à 0,75% demeure attractif dans le contexte de faible inflation que nous connaissons », explique Pierre-René Lemas, directeur général de la Caisse des dépôts.

Néanmoins, comme les Français avaient retiré de l’argent de leurs livrets en janvier et en février, sur les trois premiers mois de l’année, le Livret A et le LDD ont subi une décollecte cumulée de 1,34 milliard d’euros. Le retour en grâce n’est pas pour tout de suite.