Lydie Passot, fab lab manageur. | DR

Elle navigue entre imprimantes 3D, découpeuses laser et autres machines à commande numérique. A 27 ans, Lydie Passot, passionnée de bricolage et de technologies, gère un fab lab (contraction de fabrication laboratory, laboratoire de fabrication), un de ces ateliers qui essaiment, depuis la fin des années 2000, dans les collectivités, les entreprises ou les universités pour encourager la création et le partage de savoir-faire.

« Il s’agit de mettre à la portée du plus grand nombre des outils de haute qualité, d’ordinaire réservés aux professionnels, et que nul ne pourrait s’offrir personnel­lement », explique la jeune femme. Elle a découvert ce concept en suivant le Master of Science IDEA (Innovation, Design, Entrepreneurship & Arts) porté par l’école de management EM Lyon et l’école d’ingénieurs Centrale Lyon. Un programme fondé sur une pédagogie par projets qui intègre un fab lab.

Lydie Passot s’est d’abord lancée dans le conseil une fois diplômée, en 2014, mais elle espérait bien « à plus ou moins long terme » s’investir dans l’un de ces ateliers de l’ère numérique. Quand elle a su, fin 2015, que son ancien programme recrutait un fab lab manageur, elle n’a pas hésité une seule seconde à postuler. Compte tenu de sa bonne connaissance de la formation, sa candidature a été retenue.

« Apprendre en faisant »

Depuis quatre mois, à l’EM Lyon, elle accompagne dans leurs projets les 70 étudiants du mastère en innovation, mais aussi, plus ponctuellement, des élèves ingénieurs ou des manageurs en herbe. Elle leur propose des ateliers en petits groupes pour apprivoiser le fonctionnement des machines, la devise d’un fab lab étant d’« apprendre en faisant ». Les visiteurs la consultent ensuite au fil des problèmes techniques qu’ils rencontrent dans leurs réalisations.

Ces dernières semaines, certains ont réfléchi à un nouveau système d’assainissement de l’air tandis que d’autres préparaient une manifestation artistique autour du Rhône. Dans tous les cas, pour démontrer que leurs idées sont viables, ils élaborent des maquettes ou des prototypes. Lydie Passot s’assure qu’ils ont tout le matériel et les informations nécessaires pour y parvenir. Car au-delà de l’entretien des outils ou de l’approvisionnement des machines, son poste inclut une dimension pédagogique, avec un leitmotiv  : favoriser le sens de l’initiative.

« Fab lab manageurs juniors »

Sous peu, une équipe de « fab lab manageurs juniors », nommée parmi des étudiants volontaires, pourra la relayer et assurer des permanences en dehors des horaires classiques. Si la jeune femme est si à l’aise dans ce nouveau métier, c’est aussi qu’elle a pris l’habitude d’explorer des voies inédites et de s’adapter à différents secteurs.

Après le lycée, cette bachelière toulousaine a d’abord opté pour un BTS audiovisuel pour « gérer la régie sur les tournages ». Réalisant que « ce métier n’était pas forcément sa vocation », elle a bifurqué vers une licence métiers du jeu et du jouet à Angers. La conception de produits ludiques lui plaisait mais les débouchés n’étaient pas au rendez-vous. Après deux années de petits jobs, surtout dans la vente, Lydie Passot a tenté de nouveau sa chance dans l’univers de la culture, par l’entremise d’un service civique dans un théâtre.

Fab lab manageur, se former

Le métier de fab lab manageur étant récent, il n’existe pas encore de parcours type pour y accéder. Mené fin 2014 auprès de 65 pionniers, un sondage du site spécialisé Makery. info indique que 50 % d’entre eux ont moins de 35 ans, avec une majorité de bac + 4 ou 5, et qu’ils viennent de l’informatique, du design, de l’industrie ou du domaine artistique.

Cependant, depuis 2015, le FacLab de l’université de Cergy-Pontoise propose une formation continue sur mesure. En 110 heures, dont 70 d’ateliers, les inscrits découvrent comment « animer une communauté ­apprenante », résume le responsable Laurent Ricard. ­A ce jour, 10 personnes ont décroché ce diplôme universitaire de « facilitateur » et 5 autres sont en cours de formation. Prochaine session en septembre.

Cette mission lui a donné envie de reprendre des études. «  L’Institut de l’engagement venait d’être créé pour aider les volontaires à valoriser leurs expériences  ; j’ai fait partie des 150 premiers lauréats », précise-t-elle. On lui a alors conseillé le tout nouveau programme IDEA sur lequel elle a embrayé. «  Le master nous apprend à analyser des situations très diverses en peu de temps, ce qui m’a permis de rejoindre un cabinet de conseil, après un long stage à la Lyonnaise des eaux.  »

Mais les objectifs étaient un peu trop théoriques à son goût. Son nouveau métier de fab lab manageur lui convient parfaitement. « Je ne reste pas derrière un écran à longueur de journée et j’apprécie mon rôle pédagogique », dit-elle. Pour Lydie Passot, la satisfaction professionnelle passe par le fait de jongler entre différentes missions, « tout en faisant travailler [ses] mains ».