Comme chaque accident d'avion, la disparition en Méditerranée du vol MS804 Paris-le Caire de la compagnie EgyptAir, jeudi 19 mai relance les craintes sur la sécurité aérienne. Pourtant, malgré des accidents et des disparitions d’avions qui ont marqué les esprits – une série noire durant l’année 2014, le crash de l’A320 de Germanwings en mars 2015 –, la sécurité aérienne a fait de grands progrès ces dernières années

Dix fois plus de trafic, deux fois moins de morts

Depuis 1970, les trajets en avion se sont démocratisés, notamment avec l'essor du low cost : le trafic aérien mondial a été multiplié par dix, passant de 300 millions à plus de 3 milliards de passagers transportés par an.

Sur la même période, le nombre de morts dans des accidents aériens a tendance à baisser. Alors qu'en 1970, 2 250 personnes ont été tuées en avion dans le monde, on ne comptait que 898 victimes en 2015, et seulement 453 en 2013, année la plus sûre, selon le bureau d'archives des accidents d'avion.

La probabilité pour chaque passager de mourir au cours d'un trajet en avion est donc passée d'un sur 138 000 en 1970 à un sur 3 675 000 en 2015.

Toujours plus de passagers transportés mais moins de morts
Comparaison entre le trafic aérien mondial (en millions de passagers) et le nombre de morts dans des accidents d'avion depuis 1970

Plus sûr que le rail ou la route

Le nombre de morts par accident d'avion est sans commune mesure avec le nombre de tués sur les routes, qui est estimé à 1,24 million de personnes par an, selon l'Organisation mondiale de la santé. Une étude réalisée en Europe, qui compare le nombre de morts par kilomètre parcouru, montre que l'avion est le moyen de transport le plus sûr, suivi de près par le train. Parmi les véhicules de transport routier, les deux-roues sont de loin les plus dangereux.

L'erreur humaine, la plus meurtrière

Hormis l'année 2014, la plus meurtrière en dix ans, le nombre des victimes est en baisse depuis le début des années 1970 (3 311 morts en 1972), quelles que soient les raisons.

Principales origines des accidents aériens mortels depuis 1970
Nombre de morts et causes (avant le crash d'Egyptair le 19 mai 2016).
Source : B3A

L'origine humaine reste le premier facteur d'accident. Depuis 1970, 40 000 personnes ont péri dans des crashs causés par des erreurs de pilotage ou par des défaillances dues aux équipes de maintenance au sol. L'année où les défaillances humaines ont causé le plus de morts est 1985 : le 12 août, le vol Japan Airlines JA8119 s'est écrasé sur une montagne japonaise après une erreur de maintenance, faisant 520 morts.

Mais même ce facteur est en baisse constante depuis quarante-cinq ans, tout comme celui du nombre de victimes liées à des vices de fabrication des appareils. Les avions sont de plus en plus fiables.

Le retour du terrorisme aérien

Le nombre de victimes de catastrophes provoquées par des actes terroristes, des détournements de vol et des actions armées, proche de zéro depuis les attentats du 11 septembre 2001, a brusquement bondi en 2014 : 354 personnes (civils ou militaires à bord d'avions de transport) ont perdu la vie au-dessus d'une seule région – l'est de l'Ukraine – et pour une même raison, des tirs venus du sol en lien avec le conflit qui oppose forces ukrainiennes et séparatistes prorusses. C'est ce qui s'est produit pour le vol MH17 de la Malaysia Airlines, abattu par un missile sol-air le 17 juillet 2014 avec 298 personnes à son bord. En 2015, un Airbus 321 de la compagnie russe Metrojet s’est écrasée dans le Sinaï avec 224 personnes à bord.L’organisation Etat islamique a revendiqué cette attaque.