Mayotte : après une nuit de violences, l’Etat déploie des forces de l’ordre supplémentaires
Mayotte : après une nuit de violences, l’Etat déploie des forces de l’ordre supplémentaires
Un mouvement de grève générale est engagé sur l’île depuis plus de deux semaines. Dans la nuit de lundi à mardi, des violences ont éclaté à Mamoudzou, chef-lieu du département.
Violences à Mayotte : 85 véhicules saccagés en une nuit
Durée : 00:46
Le ministère de l’intérieur a décidé, mercredi 13 avril, d’envoyer des forces de l’ordre supplémentaires à Mayotte, l’île – devenue un département français en 2009 à la suite d’un référendum local – étant confrontée à des mouvements de violence en marge d’un mouvement de grève générale engagé depuis plus de deux semaines.
Dans la nuit de lundi à mardi 12 avril, des violences urbaines ont éclaté à Mamoudzou, chef-lieu du département. Des témoignages recueillis sur place ont fait état de groupes de jeunes cagoulés qui ont caillassé des habitations et saccagé de nombreuses voitures.
La ministre de l’outre-mer, George Pau-Langevin, a précisé, mardi, dans une déclaration à l’AFP, qu’« un dispositif renforcé sera mis en place » dans la soirée. Elle a souligné que Mayotte n’était « pas livrée à elle-même », que « la très grande majorité des Mahorais ne participait pas au conflit » et « qu’une petite minorité tentait de déstabiliser l’ordre public ».
Des Mahorais manifestent à Mamoudzou, chef-lieu du département de Mayotte, mardi 12 avril, pour réclamer la fin des violences. | ORNELLA LAMBERTI / AFP
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« Affrontements urbains »
« Les troubles constatés depuis la fin mars sont le fait d’une minorité agissante, comme on peut en retrouver dans d’autres zones urbaines. Nous ne sommes pas dans le contexte d’une participation massive ou coordonnée de la population », a insisté la ministre, assurant ne pas confondre « la manifestation qui concerne la revendication sociale avec les affrontements urbains qui se déroulent en même temps ».
Le mouvement de grève générale pour réclamer l’« égalité réelle » avec l’Hexagone a débuté à Mayotte en novembre. Il avait été suspendu à cause de l’état d’urgence décrété après les attentats de Paris et Saint-Denis. Il a été relancé, fin mars, par une intersyndicale (FSU, FO, CGT, Solidaires, SNUipp, CFDT, SAEM).
Les grévistes réclament par exemple l’alignement des allocations familiales et des autres prestations sociales sur le niveau qui prévaut en métropole, un renforcement de la lutte contre l’insécurité qui dégrade les conditions de vie sur l’île, la construction des nouvelles infrastructures scolaires, mais aussi l’application du code du travail national à Mayotte et l’abandon du projet de loi El Khomri le réformant.
Activité économique au ralenti
Le conflit a provoqué de graves perturbations sur l’île, du fait du blocage des principales routes. Les activités économiques fonctionnent partiellement ou au ralenti au grand dam de nombreux entrepreneurs qui n’ont pas hésité à s’en prendre verbalement, mardi, à des leaders syndicaux, comme l’a constaté un journaliste de l’AFP.
En métropole, Alain Juppé, candidat à la primaire des Républicains, a exprimé dans un communiqué « sa grande préoccupation devant la dégradation de la situation à Mayotte », appelant le gouvernement à « mettre en place les actions nécessaires à un retour au calme ». Le maire de Bordeaux s’était lui-même rendu dans le département fin décembre.
Outre les renforts envoyés sur place pour rétablir l’ordre, il est prévu que les syndicats mahorais rencontrent à Paris, vendredi, les directeurs de cabinet des ministères concernés, pour « un bilan d’étape ». La semaine prochaine, un émissaire du ministère du travail se rendra par ailleurs à Mayotte.