Paris, place de la République, le 16 avril. | ALAIN JOCARD / AFP

Depuis le début des rassemblements Nuit debout, la plupart des personnalités du parti Les Républicains (LR) ont demandé l’évacuation des places. Lundi 18 avril, après un week-end marqué par 21 interpellations dans la nuit de vendredi à samedi mais aussi par des assemblées générales beaucoup plus calmes, Brigitte Kuster, porte-parole du parti, a remis une nouvelle fois la pression sur l’exécutif lors du point presse du parti :

« Ce qu’il se passe est tout simplement inadmissible. (…) Nous sommes dans un état d’urgence, nous avons des difficultés à faire surveiller nos crèches, nos écoles et des policiers sont pourtant mobilisés place de la République. »

La maire du 17arrondissement a ensuite comparé le mouvement à un « Woodstock où il n’y a pas que la parole qui s’est libérée mais aussi la violence ».

En une dizaine de jours, la droite républicaine s’est lancée dans une surenchère verbale à propos de Nuit debout. Mme Kuster a évoqué « l’état de souillure », ce 18 avril. Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, a lui parlé de « la chienlit qui s’installe au cœur même de la capitale et de nos principales villes » dans un tweet, le 10 avril. Bruno Le Maire, candidat à la primaire, a dénoncé « une dictature de la minorité ».

La droite solidaire avec Alain Finkielkraut

Le moindre dérapage place de la République est régulièrement pointé par la droite qui en profite pour dénoncer la faiblesse du gouvernement et un état d’urgence à deux vitesses. « Aujourd’hui, il n’y a pas un maire d’arrondissement qui peut organiser une braderie, une rencontre, une manifestation festive. Et aujourd’hui le gouvernement accepte cette “Nuit debout” et “gouvernement par terre”, (…) dont les slogans sont “niquer les flics” et “travaillons au désordre”. Naturellement, on doit faire évacuer cet espace », a estimé Brice Hortefeux, conseiller de Nicolas Sarkozy, dimanche 17 avril lors de l’émission « Le Grand rendez-vous » d’Europe 1, Le Monde et -iTélé.

Cette montée en puissance des attaques de la droite s’explique aussi par l’éviction d’Alain Finkielkraut de la place, samedi 16 avril. Le philosophe est très apprécié par une grande partie des dirigeants LR. « Ce qu’il s’est passé avec Alain Finkielkraut est inacceptable », a déclaré Philippe Juvin, député européen LR, au point presse du 18 avril. « Ce qu’il se passe là-bas, ce ne sont pas des discussions, ce sont des palabres, c’est une singerie de démocratie par des étudiants égoïstes qui sont conservateurs car ils ne veulent rien changer. »

« Hier soir, en accueillant et offrant une tribune à l’ancien ministre grec Yanis Varoufakis et en insultant et expulsant avec perte et fracas le philosophe et académicien Alain Finkielkraut, les participants au mouvement Nuit debout montraient leur vrai visage. Celui de la haine et de l’intolérance », a écrit dans un communiqué, dimanche 17 avril, M. Ciotti en se posant en défenseur d’une « majorité silencieuse, celle qui dort la nuit parce qu’elle travaille – ou cherche un travail – le jour ».

Quelques voix se sont distinguées dans ce concert de critiques. Depuis le début du mouvement, la candidate à la primaire Nathalie Kosciusko-Morizet a exprimé son envie de se rendre place de la République en accusant la droite d’avoir du « mépris » pour ce mouvement, selon le JDD du 10 avril. « Nuit debout, c’est la rencontre entre le numérique et une nouvelle demande d’émancipation dans un contexte d’effacement des hiérarchies. C’est le fonctionnement en réseau, sans chef, dans des relations horizontales et non plus verticales : cela a déjà profondément transformé l’économie mais pas encore la politique. Et ça vient… », se félicite NKM dans Libération, lundi 18 avril. La candidate refuse par contre de préciser si elle se rendra un soir sur la place.