Pauvreté, RSA, conjoncture : les chiffres de Valls vérifiés
Pauvreté, RSA, conjoncture : les chiffres de Valls vérifiés
Par Adrien Sénécat
Invité de France Info, le premier ministre s’est félicité de signaux positifs pour l’économie. En forçant parfois un peu le trait.
Manuel Valls a défendu, chiffres à l’appui, les résultats du gouvernement sur France Info mercredi 20 avril. A-t-il raison d’assurer, comme François Hollande avant lui, que « ça va mieux » ? Tour d’horizon de ses déclarations.
Valls : « Gattaz ne peut pas prendre en otage la négociation assurance-chômage »
Durée : 14:51
Promesse (presque) tenue sur le RSA
« Nous avons augmenté de 10 % le RSA. (…) Nous aurons augmenté le RSA de 10 %. »
C’EST PLUTÔT VRAI
Le gouvernement a promis, en 2013, d’augmenter le RSA de 10 % sur cinq ans, en plus de l’indexation annuelle sur l’inflation.
Le revenu de solidarité active (RSA) était de 474,93 euros en 2012. Sans revalorisation autre que l’inflation, il aurait été de 491,23 euros à la fin de 2015. Il a finalement été porté à 524,68 euros, soit 6,8 % de plus. Une hausse sur trois ans inférieure à l’objectif à terme du quinquennat, mais dans le rythme pour l’atteindre – c’est pour cela que Manuel Valls s’est repris, en remettant son constat au futur.
La pauvreté recule ? Pas franchement
« La pauvreté a pour la première fois régressé, même si elle reste aujourd’hui beaucoup trop importante. Six, sept, huit millions de nos concitoyens sont aujourd’hui dans cette pauvreté. »
C’EST PLUS COMPLIQUÉ
Les chiffres évoqués par Manuel Valls font référence au taux de pauvreté en France. Ce chiffre donne un indicateur de la part de la population sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire qui vit avec moins de 60 % du revenu médian dans le pays, soit environ 1 000 euros mensuels en 2013.
L’Insee a publié, en septembre 2015, son estimation du taux de pauvreté pour l’année 2013 (les chiffres pour 2014 et 2015 n’ont pas encore été publiés). Selon cette étude, 8,6 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en France en 2013 (14 %), soit une légère baisse par rapport à 2012 (8,8 millions, 14,3 %), après des années de hausse. De quoi donner en partie raison au premier ministre.
En revanche, les estimations provisoires de l’Insee pour 2014 vont dans le sens d’un retour à la hausse de la pauvreté et des inégalités, de 14 % à 14,2 %. Il est donc encore un peu prématuré d’évoquer une amélioration de la situation depuis 2012.
« Ça va mieux » ? Un peu
Manuel Valls a repris l’argumentaire positif développé par François Hollande sur France 2 le 14 avril : « La croissance est de retour, 1,2 % en 2015, une perspective de 1,5 % en 2016. Parce que notre économie crée de nouveau de l’emploi, près de 100 000 en 2015, près de 100 000 en une année. Donc ça veut bien dire que ça va mieux. » Il a également cité le pouvoir d’achat, qui « s’est amélioré » selon lui.
C’EST PLUTÔT VRAI
Le chiffre de 1,2 % de croissance en 2015 correspond à l’estimation de l’Insee. L’organisme de la statistique publique juge également la prévision de croissance de 1,5 % en 2016 atteignable, notamment à cause de la reprise de la consommation et de la baisse du cours du pétrole. Toujours selon l’Insee, la France a bien connu un solde positif de 102 100 créations d’emploi en 2015. Enfin, le pouvoir d’achat est bien reparti à la hausse en 2014 (+ 1,1 %) puis en 2015 (+ 1,8 %).
Les chiffres repris par Manuel Valls sont donc justes. Mais cette « reprise » reste fragile. Le constat est par exemple moins reluisant si on regarde les chiffres de l’emploi au sens du Bureau international du travail (BIT). Au quatrième trimestre 2015, le taux de chômage était toujours de 10,3 %, en France, contre 9,7 % au deuxième trimestre de 2012.