Pourquoi les exoplanètes entourant l’étoile naine Trappist-1 ne sont pas « habitables »
Exoplanètes : pourquoi les planètes entourant l’étoile naine Trappist-1 ne sont pas « habitables »
Par Hervé Morin
La revue « Nature » décrit trois exoplanètes autour d’une très petite étoile. Elles ont été présentées trop hâtivement comme susceptibles d’abriter la vie.
Vue d'artiste d'un système planétaire. | NASA/JPL-Caltech
Dans la revue Nature, lundi 2 mai, une équipe internationale décrit un système de trois planètes tournant autour d’une « naine ultra-froide », c’est-à-dire une étoile de très petite taille, située à une quarantaine d’années-lumière de notre planète. De nombreux articles de presse évoquent le caractère « potentiellement habitable » de ces nouvelles exoplanètes, mais celui-ci, à la lecture de l’article de Nature, ne semble pas établi.
Comme l’écrivent eux-mêmes les chercheurs de l’université de Liège (Belgique) et du MIT (Etats-Unis) qui ont effectué les observations, deux des trois planètes « ne se trouvent pas dans la zone habitable » – c’est-à-dire à une distance qui y rende possible la présence d’eau liquide, un des éléments clés de l’apparition de la vie telle que nous la connaissons sur Terre.
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Ces astres se situent très près de l’étoile naine, baptisée Trappist-1, en référence au télescope qui a permis leur détection, le Transiting Planets and Planetesimals Small Telescope, installé au Chili. Le rayonnement qui les bombarde est entre deux et quatre fois plus intense que celui qui baigne la Terre – de quoi engendrer un effet de serre infernal. Les auteurs font l’hypothèse que des effets d’attraction avec leur étoile ont pu figer leur rythme de rotation de telle sorte qu’elles lui présentent toujours la même face : d’un côté une fournaise, de l’autre une glacière, ne laissant qu’une frange étroite où des températures plus clémentes seraient imaginables.
Un communiqué de presse qui manque de prudence
Les masses et donc la composition de ces planètes sont encore inconnus, ce qui rend encore plus hasardeux de les qualifier d’« habitables » : on ignore même s’il s'agit de planètes rocheuses.
Quant à la troisième planète, Trappist-1d, on ne connaît pas sa période de révolution autour de son étoile, ni sa distance à celle-ci. Il est donc trop tôt pour évoquer même son caractère « habitable ».
Les auteurs de l’article de Nature indiquent que ces nouvelles exoplanètes « se situent près de la frange intérieure de la zone habitable de leur étoile ». Mais, comme le précise un astronome extérieur à l’équipe signataire, « elles sont du mauvais côté de cette frontière ».
Exoplanètes, où en sommes-nous ?
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Images :
Universcience.
Ce n’est en outre pas la première fois que des exoplanètes sont détectées autour d’étoiles naines, même si celle-ci est particulièrement petite. Ce qui rend néanmoins cette observation intéressante, aux yeux des chercheurs, est que ce système se trouve assez près de nous, ce qui pourra faciliter son observation par le télescope spatial Hubble et ses successeurs. En outre, dans la mesure où la naine ne luit que faiblement, il est plus aisé d’étudier la façon dont son rayonnement serait modifié en traversant l’atmosphère des planètes qui transitent entre elle et nous. Cela pourrait nous renseigner sur la composition de leur atmosphère, à condition qu’elles en soient dotées, ce qui à ce stade n’est là aussi qu’une hypothèse.
Au total, il semble que les communiqués de presse se soient montrés beaucoup moins prudents que ne le sont les chercheurs dans l’article scientifique de Nature, un décalage qui n’est malheureusement pas inédit.