Un diplôme en créativité, et après ?
Un diplôme en créativité, et après ?
Par Joséphine Lebard
Certificat de spécialisation en poche, trois jeunes femmes évoquent la manière dont elles ont tiré parti de leur formation.
www.crea-univ.fr : un site pour en savoir plus sur le certificat de créativité Créa-Université. | DR
Ouvert aux détenteurs d’un bac + 3 (ou expérience professionnelle équivalente), le certificat de spécialisation « Développement de la créativité dans les entreprises et les collectivités », proposé par Créa-Université en partenariat avec le CNAM Poitou-Charentes, a été décerné à quelque 200 personnes en huit ans.Ce cursus dispensé à Paris et à Poitiers consiste en six journées de cours théoriques, six journées pratiques et un mémoire à rendre pour obtenir ce certificat.
Géraldine Rimbault-Gaulard, Nadia Benedetti et Laurence Wagner l’ont obtenu, la première en 2013, les deux dernières en 2015. Si Laurence Wagner a pu le faire financer par son entreprise dans le cadre de la formation continue (à hauteur de 5 200 euros), les deux autres l’ont pris en charge sur leurs propres deniers (2 950 euros).La créativité est-elle devenue une matière comme une autre ?
« On a souvent tendance à limiter la créativité à la question de l’imagination, à une sorte de talent inné. Or, l’imaginaire n’est qu’un pan de la créativité. Elle prend aussi en compte l’amélioration de ce qui existe et l’évaluation de ce qui est faisable ou non », répond Nadia Benedetti, responsable du développement pour l’Europe du Sud chez Lego Education.
Laurence Wagner est responsable du pôle développement durable à la Direction de l’information légale et législative (DILA) lorsqu’une consœur enthousiaste lui parle de la formation. Titulaire d’un master en développement durable et d’un autre en coaching, elle y a vu l’occasion de « bien compléter » son profil et de « [s]’appuyer sur une “boîte à outils” pour innover comme pour résoudre des difficultés au sein de [son] organisation ».
De son côté, Géraldine Rimbault-Gaulard travaillait en indépendante, éloignée de sa formation initiale (ingénieure en biologie). « Ayant beaucoup appris sur le terrain dans mes reconversions, je souhaitais obtenir le diplôme correspondant à mes compétences et mettre du sens sur des choses que je faisais naturellement », dit Géraldine,qui travaille aujourd’hui au département des études qualitatives de Bouygues Telecom.
« Trouver les meilleurs choix possibles »
Durant les cours, « la répartition a été équilibrée entre apports conceptuels et mises en pratique. Nous avons été formés à la technique baptisée Creative Problem Solving (CPS), un modèle à la base de nombreuses approches créatives pour résoudre les problèmes », se souvient Laurence Wagner. Géraldine Rimbault-Gaulard insiste, elle, sur la dimension « soudée » de sa promotion. « Nous avons eu de vraies séances de travail, que nous animions tour à tour. Nous avons ainsi cogité sur l’idée de redonner vie au marché de Châtillon. Le fruit de ces séances n’a pas été exploité mais elles nous ont permis de nous tester et d’obtenir les retours de nos pairs. »
« Je me sers souvent du CPS pour animer mes réunions, poursuit Géraldine Rimbault-Gaulard. Mes séances de travail y ont gagné en fluidité. » Laurence Wagner a également mis ses connaissances en pratique : « Un objectif est fixé au départ et il s’agit de trouver les meilleurs choix possibles. J’ai travaillé sur un “plan solution déchets”. Pour le concevoir, nous avons rassemblé les acteurs et cherché ensemble ce qu’il était possible de faire. Avec ces techniques, les gens deviennent véritablement acteurs. Résultat : nous avons quatorze actions en cours de mise en place ! »
Nadia Benedetti, responsable du développement chez Lego Education
Pour Nadia Benedetti, qui travaille dans une structure « où le management est situé en Angleterre et le marketing en Allemagne, en Angleterre mais aussi au Danemark », le certificat s’est également révélé précieux : « Les techniques de créativité m’ont permis de combler le décalage culturel qui pouvait exister entre mes équipes et d’aller au-delà des barrières linguistiques. »
Elle a noté par ailleurs un changement dans les réunions auxquelles elle participe : « Avant, seuls les meneurs de groupe prenaient la parole. » Laurence Wagner la rejoint aussi sur ce point : « L’intelligence collective émerge plus facilement, constate-t-elle. J’ai vu, dans des groupes, des personnes qui ne prenaient jamais la parole défendre leur point de vue. »
Nadia Benedetti observe un autre changement de fond, après avoir étudié, au cours de sa formation, les différents profils de personnalité qui peuvent exister au sein d’une entreprise – « clarificateurs, idéateurs, réalisateurs et meneurs ». Elle a ensuite modifié son attitude face à des profils qu’elle avait auparavant du mal à comprendre, car trop différents de son mode de fonctionnement. « Ce certificat m’a permis de voir les choses autrement », résume-t-elle.
La formation met en avant la dimension polysémique que peut recouvrir la notion de « créativité ». En l’occurrence, d’après les témoignages recueillis, créativité rime aussi avec innovation dans les techniques de communication en groupe et psychologie en entreprise…