Alors que la Turquie s’était montrée de plus en plus coopérative avec les autorités européennes, notamment pour mieux contrôler les départs et les retours de djihadistes occidentaux, Recep Tayyip Erdogan vient de donner à un coup d’arrêt à cette politique de bonne volonté. Le président islamo-conservateur turc a déclaré vendredi 6 mai qu’il ne serait pas question d’aménager la loi antiterroriste turque, comme demandé par l’Union européenne (UE) en contrepartie d’une exemption de visa pour les Turcs.

« L’UE nous demande de modifier la loi antiterroriste. Mais alors dans ce cas nous dirons : Nous irons de notre côté et vous du vôtre.” »

Une exemption de visas sous conditions

La Commission européenne avait ouvert la voie mercredi à une exemption de visas pour les Turcs dans l’espace Schengen. Cet avis favorable concernant les visas restait sous réserves de nouvelles mesures du gouvernement turc, alors qu’Ankara avait fait de cette exemption une condition pour continuer d’appliquer son accord migratoire controversé avec l’Union.

Parmi une série de 72 critères pour rendre la mesure possible, Ankara devait encore en respecter cinq « d’ici à la fin dejuin », avait expliqué le vice-président de la Commission, Frans Timmermans. Ils concernent notamment la lutte des autorités turques contre la corruption, ou encore une révision de la législation du pays sur le terrorisme. Finalement, la Turquie a donc annoncé vendredi qu’elle refusait ces prérogatives.

Une question controversée

La libéralisation des visas, voulue par la Turquie, est très controversée dans les Etats membres, inquiets d’une mesure qui va bénéficier à un pays musulman de 79 millions d’habitants. La France a notamment fait savoir à de nombreuses reprises que la libéralisation devait suivre le processus habituel à Bruxelles et ne devait en aucun cas bénéficier d’une procédure bâclée.

« Aucun citoyen turc n’entrera dans l’UE sans visa s’il n’a pas de passeport biométrique », avait assuré M. Timmermans. Toujours pour rassurer, la Commission a repris la proposition franco-allemande d’une procédure permettant de suspendre rapidement une exemption de visas, notamment face à un éventuel afflux de migrants venant de pays exemptés.