Manifestation contre la loi travail, le 12 mai, devant l’Assemblée nationale à Paris. | JOEL SAGET / AFP

Une dizaine de militants du collectif Antifasciste Paris-Banlieue (AFA) et du Mouvement interluttes indépendant (MILI) engagés dans les défilés contre la loi travail se sont vus notifier une interdiction de manifester avant la prochaine journée d’action du 17 mai. Selon le document publié par l’AFA sur son fil Twitter, ces militants sont « interdits de séjours » entre 11 heures et 20 heures, dans les quatre arrondissements concernés par le défilé (6e, 7e, 14e, 15e). L’arrêté ajoute également au périmètre, de 18 heures à 7 heures le lendemain, la place de la République et les rues alentours, où se rassemble depuis la fin mars le mouvement Nuit debout.

Le préfet de police de Paris, Michel Cadot, invoque l’article 5 de la loi sur l’état d’urgence qui permet « d’interdire le séjour dans tout ou partie du département à toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l’action des pouvoirs publics ». Selon l’arrêté publié par l’AFA – tous reproduisent la même formule –, le préfet estime que « les rassemblements [contre la loi travail] entraînent régulièrement des débordements » et que le militant « a été remarqué, à de nombreuses reprises, lors de manifestations contre, notamment, les violences policières et le projet de réforme du code du travail ». Il ajoute :

« [Considérant] que des groupes d’individus masqués et portant des casques sont systématiquement à l’origine de ces désordres ; qu’il y a, dès lors, tout lieu de penser que la présence de M. [X.] aux rassemblements organisés contre le projet de loi visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs vise à participer à des actions violentes. »

« On rentrera par la fenêtre »

Le texte ne précise pas si les militants concernés ont été vus commettant des violences. Selon un proche des militants interrogé par Le Monde, aucun de ceux ayant reçu l’arrêté d’interdiction n’a été interpellé jusqu’ici à la suite des manifestations contre la loi travail ou contre les violences policières. Le préfet de police évoque également la « prégnance de la menace terroriste ».

La peine encourue en cas de non-respect n’est pas précisée dans l’arrêté. « Si le préfet Cadot pense nous porter un coup au moral, il vient de faire exactement le contraire. (…) Vous voulez nous faire sortir par la porte ? On rentrera par la fenêtre… », ont réagi les militants de l’AFA sur leur site.

Les violences ont émaillé les manifestations depuis le début du mouvement contre la loi travail, en mars. Jeudi 12 mai, des affrontements entre la police et des casseurs ont eu lieu aux alentours des Invalides, à la suite du défilé. Organisateurs et autorités se renvoient la balle sur la responsabilité des tensions.

Les rassemblements Nuit debout, place de la République à Paris, sont également dans le viseur du gouvernement. La préfecture de police a multiplié depuis le début du mois de mai les arrêtés restrictifs.

Le gouvernement avait déjà utilisé l’état d’urgence, en novembre et décembre 2015, contre les manifestations autour de la conférence sur le climat (COP21). Plus d’une vingtaine de personnes avaient été assignées à résidence dans toute la France, et la manifestation prévue à Paris le 29 novembre avait été interdite. Des heurts avaient néanmoins éclaté, place de la République, à la suite d’un rassemblement non autorisé.

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