L’ONU réclame la « fin des détentions » de migrants en Grèce
L’ONU réclame la « fin des détentions » de migrants en Grèce
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits des migrants a souligné la fragilité légale de l’accord entre l’Union européenne et la Turquie pour freiner l’afflux de migrants.
A la frontière entre la Grèce et la Macédoine, 25 avril 2016. | Gregorio Borgia / AP
Le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme et des migrants, le juriste canadien François Crépeau, a réclamé, lundi 16 mai, la fin du placement en détention, pour une période de vingt-cinq jours, de migrants arrivés sur le sol grec. Cette mesure repose sur l’accord passé entre l’Union européenne (UE) et la Turquie le 20 avril dans le but de freiner l’afflux de migrants en Europe.
« J’appelle la Grèce à mettre fin à ces détentions », sauf cas exceptionnels, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à l’issue d’une visite de cinq jours en Grèce.
- Pourquoi le rapporteur fait-il cette demande ?
Ces placements en détention de tout migrant arrivé après le 20 mars « ont été demandés à la Grèce par l’UE », mais « cette contrainte est déplacée », a déclaré François Crépeau.
Il considère que la détention est particulièrement inacceptable pour les enfants, très nombreux parmi les arrivants. « [Ils] ne doivent pas être détenus », a-t-il signifié, d’autant que les conditions dans les centres de rétention surchargés des îles « ne sont pas optimales ».
Le rapporteur dit avoir vu des enfants non accompagnés retenus depuis plus de deux semaines dans des postes de police, sans pouvoir sortir, « traumatisés et bouleversés » par cette expérience.
- Ces détentions peuvent-elles être contestées ?
C’est ce que le rapporteur de l’ONU a laissé entendre, mettant en avant les incertitudes pesant sur la légalité du pacte UE-Turquie : un simple « accord politique sans caractère juridique contraignant », a-t-il rappelé, qui vise à tarir les passages migratoires en Egée et prévoit le renvoi en Turquie des migrants arrivés irrégulièrement, y compris des demandeurs d’asile.
« En cas de contestation » par des migrants concernés, « il faudra attendre que la justice grecque et européenne se prononce pour savoir si c’est un mécanisme efficace ou si cela viole les droits humains », a relevé le rapporteur.
M. Crépeau a également appelé l’UE à mieux « partager la responsabilité avec la Grèce, qui se bat pour offrir une protection » aux quelque cinquante mille migrants bloqués sur son territoire.
Il a également appelé la Grèce à « un effort bien plus important » pour informer ces exilés. « La difficulté d’obtenir une information exacte sur ce qui va leur arriver est un grand facteur d’angoisse pour eux », a-t-il dit.