Une fraude au permis de conduire démantelée dans les Hauts-de-Seine
Une fraude au permis de conduire démantelée dans les Hauts-de-Seine
Le Monde.fr avec AFP
Des centaines de personnes ont pu obtenir le document sans passer l’examen. Un directeur d’auto-écoles et trois fonctionnaires de la préfecture ont été mis en examen.
Une vaste escroquerie au permis de conduire a été démantelée dans les Hauts-de-Seine, ont révélé vendredi 13 mai à l’Agence France-Presse des sources concordantes, confirmant une information du Parisien. Grâce à cette combine, des centaines de personnes fortunées ont pu obtenir le document sans passer l’examen.
Un dirigeant d’auto-écoles de Neuilly, Patrick Antonelli, 39 ans, ainsi que trois fonctionnaires de la préfecture de ce département de la banlieue ouest de Paris ont été mis en examen dans la matinée de vendredi pour corruption, a précisé le parquet. M. Antonelli et un autre homme ont été placés dans la soirée en détention provisoire. Les deux autres sont restés libres sous contrôle judiciaire.
Annulation des permis frauduleux
Des hommes d’affaires et des footballeurs, dont certains anciens internationaux, font notamment partie des 258 personnes qui ont obtenu frauduleusement le papier rose, a expliqué à l’AFP une source proche de l’enquête. Parmi eux, le journaliste Ali Baddou a reconnu sur Twitter avoir bénéficié de la combine : « J’ai fait une énorme bêtise et je la regrette. J’ai rendu le permis il y a déjà plusieurs mois. »
« Le gérant des auto-écoles s’était entendu avec des fonctionnaires de la préfecture, a détaillé la même source proche de l’enquête. Beaucoup de personnes ont de l’argent pour payer, mais pas toujours le temps de passer l’examen. Ils pouvaient débourser jusqu’à 10 000 euros, parfois davantage. » La somme payée était ensuite équitablement répartie entre le dirigeant des auto-écoles et les fonctionnaires qui délivraient le permis. Les quatre suspects étaient jusqu’alors inconnus de la justice.
« La préfecture a d’ores et déjà commencé à annuler les permis frauduleux », a précisé le parquet. S’agissant des bénéficiaires, « les suites judiciaires seront appréciées ultérieurement, en fonction des investigations réalisées dans le cadre » de l’enquête. L’escroquerie avait été mise en place dès 2013. En mai 2015, le préfet des Hauts-de-Seine avait signalé une suspicion de fraude au parquet de Nanterre. Une enquête préliminaire avait alors été ouverte, confiée à la police judiciaire du département et au groupement d’intervention régionale, jusqu’à l’ouverture vendredi d’une information judiciaire.