Les forces de l’ordre étaient intervenues, dans la matinée du 13 mai, pour déloger les personnes qui occupaient depuis douze jours une salle municipale  du centre de Rennes. | DAMIEN MEYER / AFP

Plusieurs centaines de personnes ont défié les forces de l’ordre, vendredi 13 mai soir à Rennes après l’évacuation, dans la matinée, d’une salle municipale occupée depuis douze jours par des opposants au projet de loi travail. Un appel à la mobilisation sur la place Saint-Anne, dans le centre historique de la ville, avait été lancé peu de temps après l’intervention policière.

Vers 20 heures, un face-à-face calme a débuté entre quelque 200 jeunes et les policiers qui les empêchaient de réinvestir le lieu, rebaptisé « Maison du peuple », dont ils avaient été délogés. Puis, vers 21 H 30, alors que le nombre des protestataires avait beaucoup grossi, certains ont commencé à s’en prendre à des caméras de surveillance et aux palissades du chantier du métro.

Les forces de l’ordre ont répliqué avec des gaz lacrymogènes, et les manifestants se sont dirigés vers le centre-ville, certains commettant des dégradations sur leur passage. Plusieurs passants ont violemment interpellé ces derniers, les exhortant de cesser leurs actes de vandalisme. La police est finalement intervenue quand les casseurs s’en sont pris à la mairie. Les actions de casse ont cessé peu après 23 heures, certains individus enlevant leurs vêtements sombres pour les dissimuler dans des sacs avant de se disperser en ville, selon un journaliste de l’Agence France-Presse.

« Champ de bataille pour casseurs »

« Nous avons eu affaire à des actions commando très violentes préparées, avec des manifestants très mobiles qui se divisaient parfois en plusieurs groupes », a estimé le préfet délégué de la zone de défense et de sécurité ouest Patrick Dallennes, précisant que deux personnes avaient été arrêtées. « On oublie complètement les revendications contre la loi travail, c’est de la violence contre l’économie, les institutions. »

Le rassemblement de vendredi intervient alors que la préfecture d’Ille-et-Vilaine a interdit la tenue, le lendemain, d’une manifestation non déclarée contre les « violences policières ». « Rennes et Nantes n’ont pas vocation à devenir un champ de bataille pour casseurs, animés par la haine de l’Etat et de la République », a déclaré le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, lors d’un déplacement dans la Loire. « Je mettrai à la disposition du préfet le renfort nécessaire de forces de l’ordre pour que toute infraction à cette interdiction de manifester donne lieu à interpellation et que les auteurs soient mis à disposition de l’autorité judiciaire. »

Depuis deux mois, Rennes a été le théâtre de manifestations parfois violentes contre la loi travail : un jeune manifestant a même perdu l’usage d’un œil le 28 avril suite à un jet de projectile. Certains participants à ces mobilisations ont imputé cette blessure à un tir de Lanceur de balles de défense (LBD40) de la police. Une enquête, ouverte par le parquet et confiée à l’IGPN (inspection générale de la police nationale) est en cours pour en déterminer l’origine.