Violences policières contre un lycéen : le procès ajourné
Violences policières contre un lycéen : le procès ajourné
Le Monde.fr avec AFP
L’avocat du lycéen frappé devant son établissement le 24 mars a obtenu que le procès soit renvoyé en formation collégiale.
Un policier frappe un lycéen devant le lycée Henri-Bergson, à Paris, le 24 mars. | Capture écran
Le procès du policier accusé d’avoir frappé un élève de 15 ans du lycée Bergson à Paris fin mars a été renvoyé en formation collégiale au 21 novembre jeudi 12 mai, satisfaisant ainsi une demande de l’avocat de la victime. Le policier est poursuivi pour violences par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une ITT inférieure à huit jours.
La présidente du tribunal correctionnel a estimé qu’en raison de la « complexité » de cette affaire, qui a eu un très grand retentissement médiatique, il était préférable que le policier soit jugé par une formation collégiale (un juge, deux assesseurs) et non par elle seule, comme c’était prévu. Elle a convoqué une autre audience intermédiaire, le 26 mai, pour étudier la demande d’une nouvelle expertise médicale faite par la famille d’« Adam », nom par lequel ses parents souhaitent qu’il soit désigné dans les médias.
Il était prévu que le gardien de la paix de 26 ans, membre d’une brigade de police-secours et de protection du commissariat du 19e arrondissement, comparaisse devant un juge unique, ce que refusait Me Arié Alimi, qui défend le jeune lycéen et a exigé que l’affaire soit jugée « à sa juste valeur ». Le recours au juge unique est en théorie réservé aux affaires les moins graves et les moins complexes. Celle du jeune lycéen de l’établissement Henri-Bergson avait suscité un émoi national, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, se disant « choqué » après avoir vu la vidéo de la scène.
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Durée : 00:30
Trois enquêtes préliminaires en cours
Pour l’avocat du jeune garçon, il s’agit déjà de faire reconnaître l’étendue de ses blessures. « Il a le nez fracturé », explique-t-il, mais l’unité médico-judiciaire qui l’a examiné « n’a même pas fait de radio ». L’avocat veut aussi étendre l’affaire à tous les jeunes victimes selon lui de violences et aux policiers susceptibles d’y avoir participé ce jour-là, le 24 mars, en marge d’une manifestation contre la loi travail, et aux abords de ce lycée du 19e arrondissement. « Aucun autre policier n’est inquiété ou poursuivi à ce jour », regrette en effet un collectif de parents d’élèves de Bergson, dans un communiqué. Selon le parquet de Paris, trois enquêtes préliminaires sont toujours en cours.
Alors que s’annonce jeudi une dixième journée de mobilisation contre le projet de loi travail, que le gouvernement va faire adopter sans vote, le débat n’a cessé d’enfler sur l’attitude des forces de l’ordre lors des manifestations, au cours desquelles les violences se multiplient. En deux mois, début mai, on comptait plus de 1 000 interpellations, quelque 300 policiers et gendarmes blessés, comme des centaines de manifestants, dont un étudiant qui a perdu l’usage de son œil gauche à Rennes.