Le trophée de champion de France revient à Villeurbanne pour la première fois depuis 2009 | PATRICK HERTZOG / AFP

D’abord mené deux victoires à rien, Villeurbanne a réussi l’exploit de conquérir un dix-huitième titre de champion de France de basket-ball aux dépens de Strasbourg, vaincu pour la quatrième année d’affilée en finale, mardi en Alsace.

Devant des spectateurs strasbourgeois abasourdis par cette énième désillusion, la « vieille dame » a finalement remporté la série 3 à 2 au terme d’un cinquième match fou (80-77), où elle s’est fait une grosse frayeur après avoir longtemps survolé les débats. Une finale à l’image de sa saison, faite de hauts et de bas.

Au bord du précipice il y a moins d’une semaine, le club rhodanien, présidé depuis deux ans par l’icône du basket français Tony Parker, est redevenu une machine à gagner. Deux fois victorieuse à l’Astroballe (90-69, 60-59), l’Asvel a porté l’estocade au Rhénus, où la SIG avait pourtant maîtrisé les deux premiers matches (80-73 puis 73-61).

Diabolique Casper Ware

Villeurbanne a été au dessus du lot pendant trois quarts-temps mardi grâce à l’adresse diabolique du meneur américain Casper Ware (27 points), de la rugosité défensive de Charles Kahudi et de la présence au rebond de ses deux tours de contrôle David Andersen et Darryl Watkins (2,13 m chacun).

Jamais Strasbourg n’a vraiment retrouvé la fluidité des deux premières rencontres, si ce n’est dans le dernier acte grâce à un Rodrigue Beaubois enfin héroïque (23 pts).

C’est encore un énorme coup dur pour le club du Bas-Rhin et son entraîneur Vincent Collet, après la déception vécue fin avril en finale de l’Eurocoupe, le deuxième échelon continental, face à Galatasaray. C’est surtout une nouvelle terrible désillusion en forme de malédiction en Pro A, après les défaites en finale face à Nanterre (2013) puis Limoges (2014, 2015).

Pour l’Asvel, c’est une résurrection. Ce dix-huitième sacre national (record, avec sept titres d’avance sur Limoges) met fin à six années de disette. Son dernier trophée en ProA avant cette folle soirée remontait à 2009, avec comme coach... Vincent Collet !

Le discours du président Tony Parker

Le président de l’ASVEL Tony Parker avec son joueur star, le vétéran David Andersen | PATRICK HERTZOG / AFP

Au regard de ses résultats, dignes de montagnes russes, la « Green Team » ne se situait pourtant pas parmi les favoris au début des play-offs, surtout au regard de la gifle infligée par Le Mans (88-75) en finale de la Coupe de France début mai.

Mais ce sévère revers à Paris a eu le don de redynamiser Villeurbanne. Pour se hisser en finale, Kahudi et ses partenaires avaient douché l’enthousiasme des shooteurs fous de Chalon-sur-Saône en quarts (2-0) puis maté Monaco (3-1), le champion de la saison régulière, en demies.

Face à Strasbourg, les Verts étaient d’abord retombés dans leurs travers. Mais le discours musclé de Parker, avant le troisième épisode, les a remobilisés. Leur défense implacable a fait le reste pour le plus grand plaisir de « TP », titré pour la première fois en tant que président et propriétaire du club.

Le meneur des Spurs de San Antonio devait à l’origine rentrer au Texas auprès de son épouse, enceinte de leur deuxième enfant. Mais devant l’enjeu, il s’est ravisé pour une nouvelle fois porter bonheur à ses joueurs - et jeter un mauvais sort à Collet, son coach en équipe de France.

Une remontée pour rien

Sous le regard tendu de son patron star, l’Asvel a failli mettre son adversaire K.O dès les dix premières minutes. Grâce à l’adresse primée de ses shooteurs, dont Ware, elle a enclenché un 9-0 (20-9) que la SIG a eu bien du mal à encaisser.

Plus entreprenant, Villeurbanne a gardé l’avantage, malgré un sursaut dans le deuxième quart-temps de Strasbourg. Les « Verts » mettaient les bouchées doubles au retour des vestiaires, l’écart gonflant rapidement. Une banderille de loin de Kahudi sonnait même comme un coup de grâce (65-43).

Mais Strasbourg revenait tout près (75-74) à moins d’une minute de la fin grâce à son funambule Beaubois. Avant que l’Asvel ne scelle finalement l’issue de la finale sur la ligne des lancers francs.