Les Islandais fêtent le premier but de leur histoire à l’Euro. | Pavel Golovkin / AP

« Nous sommes meilleurs contre les bonnes équipes. Ça tombe bien à l’Euro il n’y a que des bonnes équipes. » Fort de succès contre les Pays-Bas, la Turquie et la République tchèque, le cosélectionneur islandais, Heimir Hallgrimsson, s’était montré prophétique lors d’un entretien au Monde avant l’Euro. Mardi 13 juin, au stade Geoffroy-Guichard de Saint-Etienne, l’équipe d’Islande a tenu en échec le Portugal de Cristiano Ronaldo (1-1).

Bizuths en grande compétition internationale, les Islandais n’ont pas fait de complexe face aux Portugais, demi-finalistes du dernier Euro. La performance des Nordiques s’est construite grâce à l’énorme activité de son milieu de terrain et à une solide organisation. Dans un groupe F mené par la Hongrie, vainqueur de l’Autriche (2-0), l’Islande garde toutes ses chances de rejoindre les huitièmes de finale.

Avant le match, les supporteurs islandais ont fait figure d’attraction, se pliant de bonne grâce aux nombreux selfies des Stéphanois. La place Jean-Jaurès, en centre-ville, grouillait du bleu islandais. Loin de ressembler à l’habituel public très masculin de beaucoup de sélections, les supporteurs des Strákarnir OOkkar (« nos garçons ») sont d’une mixité remarquable : femmes et hommes, jeunes et vieux. En Islande, le football est pour tout le monde.

Un père et son jeune fils faisaient une démonstration d’air football, c’est-à-dire avec un ballon imaginaire, quand une bande d’amis enflammaient la piste de danse improvisée. Des Grecs, orphelins de leur sélection non qualifiée, encourageaient les Nordiques : « On a gagné l’Euro en 2004. Et on a battu deux fois les Portugais ! »

Pronostic déjoué

L’exemple grec a peut-être inspiré les joueurs islandais. Dès la 2e minute, Gylfi Sigurdsson éliminait d’un crochet Danilo avant de voir son tir repoussé par Rui Patricio. Au milieu de terrain, Birkir Bjarnason, Aron Gunnarsson et Sigurdson montraient la voie à leurs coéquipiers. Pas question de se présenter en victimes expiatoires. Les 20 000 spectateurs islandais, sur une population totale de 329 000 habitants, prenaient en grippe le mauvais garçon portugais, Pepe.

Supportrices islandaises à Saint-Etienne, le 14 juin. | Jason Cairnduff / REUTERS

Les Portugais mettaient un bon quart d’heure à retrouver un peu d’allant. Le latéral Vierinha inquiétait le gardien Hannes Halldorsson, qui captait en deux temps (17e). Avant de devenir footballeur professionnel en Norvège en 2012, ce dernier travaillait dans la publicité… Cristiano Ronaldo se signalait enfin par un superbe centre côté gauche. La reprise de la tête de Nani était sortie du pied par Halldorsson (20e). Deux minutes plus tard, la tentative de la tête de CR7 filait juste au-dessus des buts adverses.

Les Islandais levaient le pied. Les Portugais en profitaient pour frapper les premiers en utilisant les côtés. Ronaldo manquait d’abord sa reprise après une longue ouverture de Pepe (25e) mais Nani transformait la sienne à la suite d’un mouvement d’André Gomes (31e, 1-0). L’équipe d’Islande abusait alors des longues touches, parfois même très loin des buts de Rui Patricio.

Forts de cet avantage, les Lusitaniens, visiblement trop confiants, se faisaient surprendre au retour des vestiaires. Le chevelu Bjarnason, à la fois hargneux et excellent footballeur, reprenait victorieusement de volée un centre de Johann Gudmundsson (50e, 1-1). L’exploit était en marche.

Vexés, les Portugais ne parvenaient plus à être efficaces : un coup franc du Franco-Portugais Raphaël Guerreiro frôlait le cadre (70e), un tir de Ronaldo s’envolait (72e) alors qu’une frappe du remplaçant Ricardo Quaresma était boxée par Halldorsson (77e). Une tête de Pepe sur corner ne trouvait pas plus le cadre (81e). La vedette madrilène Ronaldo échouait une dernière fois sur le gardien islandais (84e).

Et les coéquipiers d’Eidur Gudjohnsen, l’ancien Barcelonais de 37 ans resté sur le banc, se procuraient même la balle de match par le nouvel entrant Alfred Finnbogason (85e). Samedi 18 juin, à Marseille, les deux petits poucets annoncés, Islande et Hongrie, auront encore une possibilité de déjouer les pronostics.

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