Sélection officielle – en compétition

L’absence cette année d’un véritable scandale sur la Croisette créait comme un vide. Il vient d’être comblé, et d’une manière qui entache honteusement la compétition. Le grand film engagé du président du jury 2008, Sean Penn, pulvérise en effet tous les records d’obscénité enregistrés à Cannes – et Dieu sait qu’ils sont élevés.

Ce pourrait n’être qu’une croûte boursouflée de plus, avec Jean Reno et Adèle Exarchopoulos au générique. Mais c’est hélas plus que cela : le cri hystérique d’une superstar en plein ego-trip, qui instrumentalise la violence affolante de deux des pires conflits qui aient ravagé l’Afrique ces dernières années, pour en faire un spectacle gore et dégoulinant de pathos.

Le film fait le parallèle entre l’horreur de ces guerres – que rien à l’écran ne permet de différencier l’une de l’autre – et l’amour impossible qui brûle entre deux stars hollywoodiennes déguisées en médecins humanitaires : Charlize Theron, compagne et muse du cinéaste, qui veut rentrer à la maison, et Javier Bardem, qu’un sens du devoir inébranlable ramène constamment au milieu de l’enfer.

Lapalissades

Dans un discours qu’elle prononce lors du dîner de gala qui fait office de bouquet final, le personnage de Charlize Theron assène à son public de milliardaires, des trémolos dans la voix et des larmes plein les yeux, que les réfugiés sont des individus dotés d’une histoire, qui savent lire et ont eu un jour un métier, qu’ils sont irréductibles pour cela à la condition de miséreux à laquelle les renvoie leur tragique actualité.

Les deux heures de film qui précèdent, durant lesquelles les Africains ne sont pas représentés autrement que comme des morceaux de chair mutilée ou des guerriers psychopathes en pleine montée de speed, prouvent que Sean Penn n’est pas capable d’assimiler les lapalissades qu’il énonce.

Film américain de Sean Penn avec Charlize Theron, Javier Bardem, Adèle Exarchopoulos (2 h 12). Sur le Web : www.marsdistribution.com/film/the_last_face et www.festival-cannes.com/fr/films/the-last-face