L’annonce proposait « une vieille machine à télégrammes », retrouvée dans une cabane de jardin, vendue 9,50 livres sterling (12 euros) sur eBay. Des bénévoles du Musée de l’informatique de Bletchley Park – où les alliés avaient installé pendant la guerre un gigantesque centre de recherche pour « casser » les codes secrets de l’armée allemande – n’en ont pas cru leurs yeux. En fait de machine à télégrammes, il s’agissait d’une authentique machine de Lorenz, un appareil rarissime utilisé par le haut commandement nazi durant la seconde guerre mondiale.

La bataille livrée par les cryptographes de Bletchley Park, bien connue du grand public notamment depuis la sortie du film Imitation Game, en 2015, qui retraçait la vie du pionnier de l’informatique et cryptographe moteur de Bletchley Park Alan Turing. Ses équipes s’étaient concentrées sur le chiffrement des machines Enigma, utilisées par l’armée allemande – et notamment la Kriegsmarine.

La machine de Lorenz, elle, était réservée à l’élite du régime nazi. Réputée beaucoup plus complexe et mieux protégée encore, elle était utilisée pour les communications entre Hitler et ses généraux. Pourtant, les alliés étaient venus assez facilement à bout de son système de chiffrement, sans même avoir jamais vu une machine de Lorenz, grâce à une erreur commise par un opérateur qui leur avait permis de déduire son fonctionnement.

Deux anciennes employées de Bletchley Park avec la machine de Lorenz prêtée par la Finlande. | Musée de l'informatique de Bletchley Park

Aucun exemplaire fonctionnel de ces machines n’existe encore – mais de nombreuses machines similaires ont continué à être utilisées après-guerre. L’exemplaire déniché sur eBay n’est pas complet – une pièce manque encore pour qu’il puisse fonctionner normalement. Le musée de Bletchley Park prévoit cependant d’effectuer ce vendredi une démonstration de son fonctionnement « dans les conditions du réel », en chiffrant un message en allemand sur une machine de Lorenz prêtée par le gouvernement finlandais, avant de le déchiffrer grâce à un Colossus, un ordinateur d’époque.