Conseils pour faire un commentaire de texte
Bac : conseils pour faire un commentaire de texte
Que ce soit en philosophie, en français ou en histoire, le commentaire de texte s’aèvre rarement plus facile qu’une dissertation. Cette fiche méthodologique proposée par Sciences Po et OpenClassrooms vous évitera une pénible paraphrase.
Cette fiche méthodologique est proposée par Sciences Po, associé à OpenClassrooms, pour accompagner les lycéens vers le bac et les études supérieures. Nous publions progressivement neuf fiches e-methodo conçues par des enseignants de lycée et de Sciences Po : rédiger une dissertation, un commentaire de texte, lire une carte, faire une recherche sur Internet, organiser son temps durant un examen ou un concours…
De la même façon qu’un commentaire de carte (voir l’article Conseils pour lire une carte), le commentaire de texte semble souvent plus facile qu’une dissertation, mais c’est rarement le cas en vérité ! Le gros risque est d’aborder le commentaire de texte sans aucune connaissance préalable, en se disant “Au moins j’ai le texte, j’aurai toujours des choses à raconter !”, ce qui mène invariablement à reformuler le texte sans y apporter grand chose, et probablement à une mauvaise note...
Alors comment faire un commentaire de texte qui ne soit pas une longue et pénible paraphrase (qui consiste à reformuler sans rien apporter) ?
Introduction
Que ce soit en lettres, en histoire, en philosophie, ou autre, il faut passer, face à un texte inconnu, par 4 étapes nécessaires :
- Décrypter le texte
- Le décortiquer en profondeur
- Structurer le plan du commentaire
- Rédiger l’analyse
Faire comme si le lecteur ne connaissait pas le texte
Pour avoir une bonne note à un examen de commentaire de texte, il faut aussi comprendre le but réel de cet exercice. Officiellement, on dit qu’il faut que vous expliquiez le texte et ses enjeux à quelqu’un qui ne connaîtrait pas le texte. C’est à relativiser ! Vous savez très bien que votre correcteur connaît le texte, voire le comprend beaucoup mieux que vous. Et heureusement, sinon comment pourrait-il vous noter ?
Il faut faire « comme si » le lecteur ne connaissait pas le texte, mais gardez en tête le vrai objectif de l’exercice : il s’agit en fait de montrer à votre correcteur que vous avez compris le texte, saisi les enjeux sous-jacents et que vous êtes capable de développer une réflexion autour. Il ne faut PAS que cela soit exprimé clairement dans votre texte (PAS de « j’ai compris que… », etc.), mais c’est le but réel de votre devoir.
Décrypter
Face à un texte inconnu, on est parfois désemparé. Le premier réflexe à prendre est de comprendre son contexte. D’abord, son énonciation : qui parle ? à qui ? l’auteur répond-il à un autre auteur ? Puis, la nature du texte, le contexte historique et géographique, etc. Bref, identifiez toutes les informations que vous pouvez collecter ou savoir à propos de ce texte.
Pour une épreuve de 4h, rassemblez ces informations au brouillon en 10 minutes. Pour une épreuve plus courte, comme l’examen d’entrée à Sciences Po, vous trouverez des conseils dans l’article à venir sur Organiser son travail lors d’une épreuve limitée dans le temps.
Apprivoisez le texte
Il est 8h, vous commencez votre épreuve, probablement en ayant révisé tard… Alors ouvrez bien les yeux, et commencez par lire une première fois le texte !
Vous devez repérer les informations suivantes :
Le nom de l’auteur, et si possible sa fonction : romancier, journaliste, philosophe, homme politique…
La nature du texte : article de journal, extrait d’un roman, tract...
La date d’écriture
Les lieux : où le texte a-t-il été écrit ? Et publié ?
Ce sont les métadonnées, c’est-à-dire les informations À PROPOS de ce texte, que vous ne trouverez pas DANS le texte. Elles vous donneront une idée de l’orientation idéologique du texte, de son ancrage historique, de son objectif, etc.
Prenons un exemple avec un texte historique
La nouvelle politique étrangère des États-Unis
Discours de George W. Bush sur l’état de l’Union, 29 janvier 2002
Alors que nous sommes réunis ici ce soir, notre pays est en guerre, notre économie est en récession, et le monde civilisé doit faire face à des dangers sans précédent. Et pourtant, notre Union n’a jamais été aussi solide. Lors de notre dernière réunion, nous étions sous le choc et en proie à la souffrance. En quatre mois à peine, notre pays a réconforté les victimes, commencé à reconstruire New York et le Pentagone, formé une grande coalition, capturé, arrêté et mis hors d’état de nuire des milliers de terroristes, détruit des camps d’entraînement de terroristes en Afghanistan, sauvé un peuple de la famine et libéré un pays d’une oppression brutale. (…)
Il reste des dizaines de milliers de terroristes bien entraînés. Ces ennemis assimilent le monde entier à un champ de bataille, et nous devons les pourchasser, où qu’ils se trouvent. Tant qu’il restera des camps d’entraînement, tant que des États donneront asile aux terroristes, la liberté sera compromise ; cela, les États-Unis et leurs alliés ne doivent pas le tolérer, et ils ne le toléreront pas. Les États-Unis poursuivront deux grands objectifs sans relâche et patiemment. (…)
Notre second objectif consiste à empêcher les gouvernements qui parrainent le terrorisme de menacer les États-Unis et leurs amis au moyen d’armes de destruction massive. Certains de ces gouvernements se tiennent tranquilles depuis le 11 septembre. Mais nous connaissons leur véritable caractère. La Corée du Nord a un gouvernement qui s’équipe de missiles et d’armes de destruction massive tout en affamant sa population. L’Iran s’emploie activement à fabriquer de telles armes et exporte le terrorisme tandis qu’une minorité non élue étouffe l’espoir de liberté du peuple iranien. L’Irak continue à afficher son hostilité envers les États-Unis et à soutenir le terrorisme. (…) De tels États constituent, avec leurs alliés terroristes, un axe maléfique et s’arment pour menacer la paix mondiale. En cherchant à acquérir des armes de destruction massive, ils posent un danger dont la gravité ne fait que croître.
Nous coopérerons étroitement avec les membres de notre coalition pour refuser aux terroristes et aux États qui les parrainent le matériel, la technologie et le savoir-faire qui leur permettraient de fabriquer et de lancer des armes de destruction massive. Nous mettrons au point et déploierons une défense antimissile pour protéger les États-Unis et leurs alliés d’une attaque surprise. Et tous les pays devraient savoir que les États-Unis prendront toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de notre nation. (…) L’Amérique sera le champion de la défense de la liberté et de la justice, parce que ces principes sont justes, vrais et inaliénables pour tous les peuples du monde.
Premier repérage :
Auteur : George W. Bush
Nature du texte : Discours
Date d’écriture : 2002
Lieu de la déclaration (puisque c’est un discours) : Congrès des États-Unis
Définissez le contexte
À partir de ces métadonnées, il va falloir mobiliser vos connaissances pour contextualiser. Ce qui veut dire rassembler tous les éléments que vous pourriez connaître concernant l’auteur, l’époque, le pays, le journal ou la maison d’édition, bref, tous les éléments extérieurs au texte qui vont pouvoir éclairer votre lecture et vous permettre de comprendre l’arrière-plan, les sous-entendus, l’implicite du texte.
Vous allez forcément le faire de façon intuitive lorsque vous lirez le texte, par exemple vous rappeler ce que vous savez de Flaubert au moment de lire un extrait de Madame Bovary. Mais il est important de noter ces éléments afin de les garder en tête tout au long de votre lecture et de ne pas oublier de les solliciter à chaque fois que cela donne du sens à votre lecture.
Écueil n°1 auquel vous vous exposez lors d’un commentaire de texte : ne pas connaître assez le contexte et passer à côté du texte car vous ne saisirez pas les sous-entendus.
Donc on reprend les premiers éléments ci-dessus, et on creuse.
Qui est l’auteur ?
Quel est son statut ? est-ce un anonyme ? un écrivain ? un homme politique ?... Cela permet d’évaluer le degré d’implication de l’auteur, de comprendre ses objectifs personnels qui l’ont poussés à écrire ce texte. Bien connaître l’auteur permet de savoir comment il se positionne par rapport à son sujet.
Si l’on continue à travailler sur le texte ci-dessus, on peut dire que George W. Bush est au début de son premier mandat présidentiel. Républicain, il durcit sa politique étrangère après les attentats du 11 septembre 2001. On peut signaler que Bush n’est pas forcément l’auteur réel du texte, mais dans la mesure où c’est lui qui déclame ce discours, il en assume la paternité et il faut donc le considérer comme l’auteur.
Quelle est la nature du document ?
Mémoires, propagande, fiction, article de presse... Ainsi vous pourrez repérer les destinataires éventuels et le message que l’auteur fait passer. Dans le cas d’un texte littéraire, il faut le rattacher à un genre (roman, poésie, théâtre, essai) et à un type (narratif, descriptif, argumentatif), encore une fois vous pourrez mieux cerner le sens du texte grâce à ces éléments.
Dans le cas du discours de Bush, il faut préciser que le discours sur l’État de l’Union, c’est le bilan annuel devant le Congrès ; le président fait alors un récapitulatif rapide de la situation et définit de grands axes à appliquer au niveau de la politique étrangère.
Le document est-il entier ou coupé ?
Les extraits peuvent être repérés facilement, car les coupes sont signalées par des points de suspension entre parenthèses ou entre crochets. Dans ce cas, il faut se demander pourquoi le texte a été coupé : texte trop long, détails non nécessaires, volonté d’orienter la lecture…
Par exemple, on voit clairement que le premier objectif du discours de Bush a été coupé, qui portait sur les terroristes et les camps d’entraînement, de façon probablement à alléger le texte et à focaliser sur la position stratégique et la politique étrangère des États-Unis face à d’autres puissances, et pas sur la chasse aux terroristes.
De quelle époque parle-t-on ?
Il y a deux éléments temporels distincts à identifier : la date de publication, qui donne une information la plupart du temps sur le moment de l’écriture (mais pas toujours, attention aux publications posthumes par exemple, dans ce cas il faut essayer de retrouver l’année d’écriture), et la période dont le texte traite, qui n’est pas forcément contemporaine du moment de l’écriture.
La date d’écriture permet de resituer le texte dans son cadre historique, politique ou artistique. C’est d’autant plus important en histoire, pour comprendre les influences qu’a pu subir l’auteur. Écrit-il à chaud ? Ou au contraire avec beaucoup de recul ? Dans ce cas, cherche-t-il à expliquer un moment de son propre présent à travers son discours sur le passé ?
Mais en lettre et en philosophie, ce sont aussi des informations à mentionner, pour inscrire le texte dans son contexte artistique, nécessaires pour ne pas faire de contresens. Par exemple, on évitera de dire qu’un auteur s’inspire d’un autre alors que chronologiquement c’est impossible !
Si l’on précise le contexte du discours de l’Union, 6 mois après les attentats du 11 septembre 2001 organisés par Al Qaïda, les États-Unis sont affaiblis. Ils sont toujours la première puissance mondiale, mais ce n’est plus l’hyperpuissance des années 1990. D’autres concurrents économiques apparaissent (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et la puissance politique de l’Amérique est contestée, notamment par les extrémistes islamistes.
De quel lieu parle-t-on ?
Comme pour la date, il faut identifier deux choses différentes : le lieu de publication et le lieu où se déroule l’action du texte, qui ne sont pas forcément identiques. En philosophie par exemple, il est important de savoir de quel pays l’auteur est originaire pour le confronter à la société dans laquelle il vit, mais s’il évoque des considérations universelles, elles seront bien sûr à mettre en perspective avec des philosophes du monde entier.
Si l’on se réfère de nouveau au discours de Bush, on s’aperçoit qu’il est dit devant le Congrès américain : il est forcément très politique et il doit être pris avec précaution.
Finalement, quel est le but de ce texte ?
Sert-il à informer ? Convaincre ? Influencer ? Divertir ? C’est important de caractériser l’objectif apparent de l’auteur, il est souvent à relier à votre problématique.
Dans notre texte, le but de Bush est de convaincre ses interlocuteurs, pas forcément de faire un tableau objectif de la situation ! C’est important à garder en tête.
Ne laissez rien de côté
Si vous butez sur des phrases, des expressions, des concepts à la première lecture, ne vous contentez pas de glisser dessus pour avancer. Pensez à les souligner, les noter, puis interrogez-vous dessus, forcez-vous à essayer de comprendre, sinon vous pourrez avoir l’impression d’avoir compris le texte alors qu’il vous manque des informations importantes, et ainsi aboutir à des contresens.
Et une fois que vous aurez exploité toutes les métadonnées et vos connaissances reliées au contexte de l’écriture du texte, identifiez les notions clés du texte et tentez, elles aussi, de les mettre en perspective dans leur époque. Car les mêmes mots veulent rarement dire la même chose à quelques siècles d’écart !
En commentant le discours de Bush, il ne faudra pas oublier de préciser la doctrine d’Al-Qaïda, les raisons des attentats du 11 Septembre et la réponse idéologique que donnent les États-Unis à tout cela en traitant les islamistes de non civilisés. C’est d’ailleurs dans ce discours que Bush introduit pour la première fois la notion d’“Axe du Mal” ou “Axe Maléfique”, il faut se concentrer sur cette notion et expliciter la vision manichéenne du monde que Bush développe ici.
Décortiquez !
Une fois que vous avez identifié tous ces éléments extérieurs qui donnent du sens à votre lecture, il est temps de se confronter au texte lui-même ! Il faut le détailler sous toutes ses coutures, comprendre chaque mot, le travailler, essayer d’en sortir tout son jus.
Pour une épreuve de 4h, passez 1h en moyenne à analyser précisément le texte, toujours au brouillon. C’est cette analyse précise qui vous donnera toute la matière ensuite.
Annotez le texte
Stylo en main, repérez les grandes articulations (mots de liaison, transitions...). En marge, notez les connecteurs logiques qui rythment l’argumentation ou qui font progresser la narration. Cela vous permettra de comprendre comment le texte est structuré.
Habituellement, on utilise des / pour signaler des ruptures, X pour marquer des points essentiels de l’argumentation, [… ] pour un même bloc d’idées, cercle autour des mots de transition, les moments introductifs… Vous devez donner du relief au document que vous lisez, en investissant le texte. Identifiez les grands ensembles, les enchaînements, les moments clés.
Problématisez
Tout ceci devrait vous aider à déterminer une problématique ! Un peu comme pour une dissertation, il faut définir une question qui permettra d’aiguiller votre argumentation. Pour le commentaire de texte, on peut aussi appeler ça un “projet de lecture”. C’est un questionnement ou une hypothèse, dont il faudra démontrer la véracité et examiner les subtilités tout au long du commentaire.
Une fois que vous avez cette question directrice, reprenez le texte et repérez précisément les quelques idées principales (entre 2 et 4). Ces éléments sont soit regroupés en paragraphes cohérents, soit disséminés dans le texte, dans ce cas, rassemblez-les en utilisant différents marqueurs de couleur par exemple.
Pour le discours de Bush devant le Congrès, une des problématiques que l’on peut dégager est par exemple : en quoi la politique étrangère américaine est-elle réaménagée après 2001 ?
Creusez
En fonction de la problématique et des idées directrices que vous aurez dégagées, interrogez attentivement TOUS les éléments du texte. Vous devez déplier le sens du texte. Il faut imaginer chaque mot, chaque phrase comme des petits papiers froissés, et votre travail est de les déplier pour comprendre le sens réel de chaque élément.
C’est particulièrement vrai pour les textes littéraires : c’est ce qu’on appelle la lecture analytique. Pour chaque mot, phrase, ponctuation, etc., il faut se poser la question : à quoi ça sert ? pourquoi ce terme et pas un autre ? Qu’est-ce qu’il sous-entend ?
C’est particulièrement vrai pour les textes littéraires : c’est ce qu’on appelle la lecture analytique. Pour chaque mot, phrase, ponctuation, etc., il faut se poser la question : à quoi ça sert ? pourquoi ce terme et pas un autre ? Qu’est-ce qu’il sous-entend ?
En même temps, confrontez tous ces éléments à votre problématique, pour comprendre en quoi le texte répond à votre problématique. Cela permet de donner un angle à votre analyse, votre projet de lecture/problématique est un parti pris d’interprétation, et afin de le justifier, il faut attester des preuves que vous trouvez dans le texte.
Écueil n°2: auquel vous vous exposez lors d’un commentaire de texte : trop privilégier le contexte et plaquer des interprétations sans réellement lire le texte.
Peut-on faire des comparaisons ?
La confrontation avec d’autres textes est indispensable, sous peine de rester coincé dans la logique du texte proposé et de tourner en rond avec les mêmes arguments. N’hésitez pas à les mentionner si vous en avez en tête, que ce soit pour souligner leurs similitudes ou mettre en valeur leurs différences. Le plus important : montrer en quoi ces comparaisons permettent de mieux comprendre le texte.
Prenons la première phrase du texte de Bush et décortiquons-la, comme on doit le faire pour tout le texte.
Alors que nous sommes réunis ici ce soir, notre pays est en guerre
=> Officiellement, les États-Unis ne sont pas en guerre contre un pays. Le fait de l’affirmer ici est une forme de déclaration de guerre, mais une guerre d’un nouveau genre, pas contre un pays mais contre une idéologie terroriste.
notre économie est en récession
=> Rappel pour dramatiser le propos, mais aussi pour souligner la force des États-Unis même en période de crise
et le monde civilisé doit faire face à des dangers sans précédent.
=> Le terme “civilisé” commence à dessiner l’opposition pays occidentaux “civilisé” / ennemis “barbares”, qui permet aussi de justifier la guerre qui va être menée contre des “barbares” (le mal) qui menacent les États-Unis et la civilisation (le bien).
Structurez !
Vous avez détaillé le contexte et vous avez travaillé précisément le texte : le travail de collecte est terminé. Maintenant, il faut produire ! Et produire de façon structurée, pour rendre compte de votre lecture de façon synthétique.
Pour une épreuve de 4h, faites votre plan détaillé en 20 minutes.
Comment faire un plan ?
Chaque texte est unique, donc il n’existera jamais de plan type valable pour tous les textes.
À partir de la collecte que vous avez faite lors des deux premières étapes, il faut synthétiser les éléments en grands ensembles, de façon à répondre à la problématique. C’est ça le plus important : la problématique est votre guide, et vous trouvez plusieurs façons d’y répondre à travers les éléments du texte.
Il ne faut pas faire d’explication ligne à ligne ici, c’est uniquement l’étape précédente qui permet d’aller vers le plan. On ne doit pas trouver des parties qui regroupent uniquement “début du texte”, “milieu du texte”, “fin du texte” sans thématisation. Sinon cela veut dire que vous n’avez pas réussi à développer de compréhension globale du texte. Si le texte a une progression très linéaire, vous pouvez envisager de faire un plan qui suit les articulations du texte, mais il faut le justifier clairement, faire très attention à la paraphrase et privilégier des sous-parties thématiques, sinon vous risquez de retomber dans le commentaire ligne à ligne, sans prendre de recul.
Traditionnellement, en lettres et en philosophie, on trouve 2 à 4 parties, avec une préférence académique pour le plan en 3 parties. Et on doit aller crescendo dans la compréhension du texte. Il faut aller du plus près au plus éloigné, du plus évident au plus complexe, du stylistique au symbolique, du détail au général, pour emmener progressivement le lecteur vers une meilleure compréhension du texte.
Dans le cadre d’un plan en 3 parties, la progression est assez classique.
- La première partie doit expliquer le plus évident, ce qui se comprend à la première lecture : la première couche du texte.
- La deuxième apporte un tournant, un éclairage, un niveau de complexité supplémentaire.
- La troisième partie, elle, dépasse les autres pour dégager les enjeux plus vastes, qu’ils soient symboliques, historiques, esthétiques…
Et tout ceci en répondant à la problématique ! Ne l’oubliez jamais. Une fois que vous avez noté les titres des parties au brouillon, demandez-vous bien si elles répondent à la question posée. Si non, c’est que vous faites de la paraphrase ou du hors sujet.
Ensuite, au brouillon toujours, définissez 2 à 4 sous-parties pour chaque partie, afin de constituer complètement votre canevas. Notez rapidement les exemples principaux tirés du texte que vous utiliserez pour chaque sous-partie afin de pouvoir suivre votre plan lors de la rédaction. Pour cela, vous pouvez soit les récapituler pour chaque sous-partie sur votre brouillon de plan, soit noter sur votre lecture analytique les 1.1, 1.2, etc. correspondants à côté de chaque idée.
En histoire, le commentaire de texte suppose une construction plus légère que le commentaire composé pratiqué en lettres et en philosophie. Il s’agit plutôt de plans simples, en 2 ou 3 parties, elles-mêmes composées d’une succession de 3-4 paragraphes bien articulés entre eux et correspondants autant que possible à la progression logique du texte proposé.
Le texte de Bush est assez simple, il se prête plutôt à un plan en 2 parties, qui répondrait à la problématique suivante : comment la politique étrangère américaine est-elle réaménagée après 2001 ?
Et le plan s’organiserait comme suit :
1. Quelle vision du monde ?
- Les États-Unis sont menacés depuis le 11 septembre 2001
- Il existerait un « axe maléfique » qui soutiendrait le terrorisme et menacerait la paix internationale
-Les ennemis sont divers (point commun : contestation du modèle américain)
2. Quelle politique va être mise en place ?
- Les États-Unis combattent activement le terrorisme et les États qui le soutiennent.
- Les États-Unis seraient les champions de la liberté et de la paix, et sont donc soutenus par le reste du monde “civilisé”.
Des démarches différentes selon la matière
Chaque discipline comporte des enjeux différents, ce qui oblige, dans le commentaire de texte, à ne pas se concentrer sur les mêmes éléments selon la matière et à construire son plan différemment.
En lettres, l’explication de textes est une épreuve littéraire. Elle ne consiste pas à étudier un texte selon une grille de lecture exclusivement historique, philosophique, sociologique ou psychanalytique. Il faut se concentrer sur les procédés d’écriture (discours direct ou indirect, l’utilisation des pronoms, l’utilisation de la citation…), les figures de style (métaphore, anaphore, litote…), sur l’aspect symbolique du texte, sur le mouvement littéraire dont le texte est issu (romantisme, réalisme, naturalisme..) et surtout bien distinguer le narrateur de l’auteur, sauf peut-être dans la littérature d’idée. Il ne faut pas replaquer des éléments biographiques de l’auteur pour expliquer des textes. Un poème triste de Rimbaud ne sera pas à expliquer en fonction d’une dispute avec Verlaine ! Ce serait appauvrir le texte, le limiter à des considérations triviales et ne pas le considérer en tant qu’oeuvre.
En histoire, il faut se concentrer principalement sur ce que dit le texte sur l’époque, bien remettre en contexte, pour montrer en quoi il est symptomatique d’un moment. C’est aussi l’occasion d’expliquer des doctrines qui infusent le texte ou auxquelles il s’oppose, montrer que le texte prend un parti, et contre quoi. Donc le texte historique est beaucoup moins autosuffisant que le texte littéraire : on ne pourra pas le comprendre et l’expliquer sans connaissances antérieures.
En philosophie, au contraire, il est souvent noté que « la connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise » (même si cela aide forcément !). Cette indication est là pour inciter les lecteurs à disséquer le texte lui-même, et éviter de disserter en général sur le philosophe. Il faut consacrer la majeure partie de l’effort d’analyse à l’exposition des idées contenues dans le texte. Mettre en lumière les défauts de la théorie de l’auteur, la discuter et lui opposer d’autres arguments ne peut se faire qu’en toute fin de commentaire, car il faut déjà avoir compris toutes les subtilités des idées exposées avant de pouvoir entrer dans une contestation. Et ce n’est pas recommandé si vous n’avez pas d’arguments très solides à avancer ! Le commentaire de texte philosophique est une sorte de dissertation disproportionnée, où la thèse initiale est imposée et qu’il faut expliquer.
Rédigez !
Vous avez contextualisé et analysé le texte, puis, au brouillon, vous avez structuré votre commentaire en 2 à 4 parties en fonction de votre problématique, comportant chacune 2 à 4 sous-parties.
Pour une épreuve de 4h, il vous reste normalement 2h30 pour rédiger, directement sur votre copie (sauf introduction et conclusion), à partir du plan détaillé. Vous pouvez faire 5 minutes de pause à ce moment-là, manger un morceau, histoire de reprendre votre souffle.
Les règles de rédaction
On dit souvent qu’un commentaire de texte dépend du texte, ce qui est vrai. Mais il y a tout de même des passages obligés et des méthodes !
D’abord, rédigez votre introduction au brouillon (15 minutes). C’est la porte d’entrée de votre copie, il faut la soigner ! Sa construction est toujours la même :
Attirez l’attention du lecteur grâce à un élément contextuel, l’accroche (appelée aussi amorce).
Présentez le texte (titre, auteur, date, thème)
Posez la problématique
Présentez les grandes parties du plan (sans mentionner partie 1, partie 2, etc., cela doit sembler fluide).
Conclusion
Un commentaire de texte est donc un exercice durant lequel vous devrez comprendre un texte puis restituer cette compréhension sous la forme d’un texte structuré et rédigé.
Les deux difficultés du commentaire sont la paraphrase, si vous n’analysez pas assez, et le hors sujet, si vous vous éloignez trop du texte. Il faut donc trouver le bon rapport au texte, ce qui est le plus difficile.
Vous ne devez avoir qu’une seule idée en tête : prouver que votre projet de lecture, qui guide votre interprétation, est pertinent. Et n’oubliez pas : une fois que vous avez compris le texte et ses enjeux, il faut le démontrer à votre correcteur !