Donald Trump intéresse les services de renseignement russes. | Jim Cole / AP

A en croire Robert Deitz, ancien conseiller de la CIA, le vol, par des hackers russes, de données concernant le candidat républicain à la présidentielle américaine Donald Trump dans la base du Comité national démocrate (CND), l’organisme directionnel du parti de Hillary Clinton, est clairement politique :

« Le but d’une telle collecte d’informations est de comprendre les orientations de la cible visée. […] Elles peuvent servir à comprendre son style de négociations. »

Selon le Washington Post, à l’origine de ces révélations, ce piratage a été commis séparément par deux groupes de hackers russes employés par Moscou. Le premier d’entre eux, surnommé « Cozy Bear », s’est introduit dès l’été 2015 dans le système. Il a donc eu accès pendant plusieurs mois aux e-mails et aux discussions instantanées du CND.

Le second, « Fancy Bear », affilié aux services de renseignement militaires russes, s’est concentré, dès son intrusion fin avril, sur l’ensemble de la documentation accumulée par les démocrates depuis des années contre Donald Trump, leur probable futur adversaire républicain pour la présidentielle américaine.

Le CND, qui a recruté une société de cybersécurité, CrowdStrike, au mois de mai, après de premiers soupçons d’intrusion, affirme que les pirates ont tous été expulsés le week-end dernier grâce à l’intervention de ce prestataire.

CrowdStrike soupçonne les pirates de s’être introduits dans les ordinateurs du CND grâce à des courriels « piégés », qui semblent provenir de collègues ou de personnes de confiance, mais qui contiennent des liens ou pièces jointes permettant d’installer un logiciel d’accès à distance. Le groupe de cybersécurité reste toutefois prudent sur le mode opératoire des pirates : « Nous n’avons aucune preuve concrète », reconnaît son cofondateur, Dmitri Alperovitch.

Hillary Clinton également visée

La candidate démocrate à la présidentielle, Hillary Clinton, n’a pas tardé à réagir après avoir appris que son équipe de campagne avait également été visée par des attaques de hackers : « De ce que nous savons pour l’instant, ma campagne n’a pas été piratée. » De son côté, Donald Trump s’est abstenu de tout commentaire. L’une de ses porte-parole a cependant soumis plusieurs questions aux services secrets américains.

Si Vladimir Poutine considère Donald Trump plutôt favorablement – notamment en raison de ses critiques contre l’OTAN –, cette collecte d’informations au sein du CND vise surtout à mieux connaître le potentiel futur président américain.

« Les services de renseignement étrangers ont probablement un dossier très mince sur Donald Trump, contrairement à Hillary Clinton [présente dans la vie politique américaine depuis longtemps] », explique Paulo Shakarian, spécialiste de la cybersécurité à l’Université d’Etat d’Arizona. « Quelle meilleure base de données peut-on imaginer pour quelqu’un qui cherche à découvrir ses petits secrets ? »