Face à la contestation sociale qui persiste, le gouvernement s’impatiente
Face à la contestation sociale qui persiste, le gouvernement s’impatiente
Le Monde.fr avec AFP
A la veille du lancement de l’Euro de football, la tension sociale ne retombe pas, entre opposition au projet de loi travail et revendications particulières.
Le championnat d’Europe de football débute vendredi 10 juin, et la grève perdure jeudi à la SNCF, menaçant toujours à Air France. Quant aux poubelles, elles débordent par endroits à Paris et Marseille. Entre opposition au projet de loi travail et revendications particulières, la tension sociale ne retombe pas. Tôt jeudi matin, plusieurs centaines de manifestants, militants CGT principalement, ont perturbé l’accès au marché international de Rungis (Val-de-Marne), bloquant temporairement l’entrée principale du site.
Michel Sapin a invité, jeudi, les salariés encore mobilisés à mettre fin à leur mouvement, estimant que la grève n’avait désormais « plus aucun sens », faute d’être « compréhensible ». « Quel est le sens de ceux qui bloquent par exemple l’entrée de Rungis ? Personne n’est capable de le dire », a jugé le ministre des finances sur France Info, rappelant que la priorité demeurait l’emploi.
Ségolène Royal a appelé à ce que « la pagaille cesse », comptant sur un « sursaut de sagesse » à un moment où les « intérêts supérieurs » du pays « sont en jeu » à la veille du coup d’envoi de l’Euro de football. La ministre de l’environnement a estimé qu’il n’y avait « aucune raison » qu’il y ait grève dans le secteur du traitement des ordures ménagères.
A l’adresse des contestataires du projet de loi travail, elle a assuré que « le gouvernement a [vait] entendu [leur] message » : « La loi a été profondément remaniée. »
- SNCF : trafic toujours perturbé
A la SNCF, devenu le principal champ de bataille contre le projet de loi, la grève a été reconduite par les assemblées générales de cheminots en Ile-de-France et dans la plupart des régions, pour la neuvième journée d’affilée, alors que des aides ont été annoncées mercredi par le premier ministre Manuel Valls en faveur du secteur ferroviaire.
Le trafic restait perturbé jeudi avec un train sur deux sur les lignes Transilien, RER et Intercités et 6 TER sur 10. En revanche 80 % des TGV devaient rouler.
Depuis le 1er juin, la grève lancée par la CGT-Cheminots, SUD-Rail et FO (non représentatif), très suivie par les personnels roulants, est reconduite de jour en jour, malgré les appels de l’exécutif et un accord, approuvé par la CFDT et l’UNSA, consacrant le maintien du régime de travail actuel à la SNCF.
La CGT-Cheminots, premier syndicat de l’entreprise a décidé de consulter ses adhérents sur le projet d’accord. Pour la suite du mouvement, elle s’en remet aux assemblées générales locales. SUD-Rail (troisième) et FO ont appelé à sa poursuite.
Cette grève est « un scandale », a dénoncé jeudi le président des Républicains Nicolas Sarkozy, en accusant son successeur François Hollande d’avoir « sacrifié la SNCF ».
- Déchets : les ordures débordent à Paris
Autre front de la contestation sociale, qui risque d’écorner l’image du pays hôte de l’Euro 2016, le secteur des déchets. A l’appel de la CGT, le blocage dure dans deux des principaux sites de traitement de la région parisienne et la situation devient critique dans certains arrondissements de la capitale.
Il se poursuit jeudi aussi à l’incinérateur de Fos-sur-Mer, près de Marseille, malgré l’appel du président de la métropole Jean-Claude Gaudin à libérer les accès de cet établissement « vital ».
En revanche à Saint-Etienne, la collecte et le traitement des ordures reprenaient jeudi et la fan zone pourra ouvrir comme prévu.
- Carburants : poursuite du mouvement dans trois des cinq raffineries Total
Côté carburants, le mouvement se poursuit dans trois des cinq raffineries françaises du groupe Total mais toutes les stations-service du réseau sont réapprovisionnées. Au Havre, la grève du personnel des terminaux pétroliers, qui perturbe depuis seize jours l’approvisionnement des raffineries et des aéroports parisiens, continue aussi.
- Aérien : maintien du préavis de grève du 11 au 14 juin
Dans le ciel, pas d’éclaircie en vue. Les syndicats de pilotes d’Air France sont « pessimistes » sur l’issue des négociations avec la direction concernant leur menace de grève du 11 au 14 juin. Ce conflit, lié à des revendications internes, n’est pas sans rappeler l’année 1998 : à l’approche de la Coupe du monde de football, une grève des pilotes avait paralysé la compagnie aérienne pendant dix jours. Un accord y avait mis fin in extremis, le jour de l’ouverture du Mondial.
- Nouvelles manifestations prévues
De nouvelles manifestations sont programmées, notamment à Rennes, Nantes, et Paris, contre la loi travail. Les retraités sont aussi appelés à descendre dans la rue, jeudi, partout en France contre la « dégradation » de leur situation.
En réponse à la contestation, Manuel Valls a récusé mercredi soir « tous ces procès en trahison de la gauche » et mis en garde les mécontents contre une droite qui veut « déréguler ».
L’intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, UNEF, FIDL et UNL) garde en ligne de mire la manifestation nationale à Paris le 14 juin et prévoit aussi des actions le 23, jour du vote au Sénat et le 28, jour de remise des résultats de la votation citoyenne.