Facebook déploie son option antisuicide dans le monde entier
Facebook déploie son option antisuicide dans le monde entier
Par Alexis Orsini
Le dispositif permettant de signaler le comportement suicidaire d’un ami est désormais accessible à tous les utilisateurs du réseau social, quel que soit leur pays d’origine.
Capture écran de la fenêtre de signalement dans Facebook. | Capture d'écran
Les utilisateurs anglophones de Facebook ne sont désormais plus les seuls à pouvoir venir en aide à des ami(e)s suicidaires en quelques clics : l’option vient d’être généralisée au milliard d’utilisateurs du réseau social, tous pays confondus.
Ce dispositif, conçu en partenariat avec des associations de lutte contre le suicide et initialement lancé aux Etats-Unis en février 2015, permet de signaler toute publication dans laquelle figure l’expression d’un comportement suicidaire. L’utilisation de cet outil est toutefois peu instinctive : ce n’est qu’après avoir cliqué sur « signaler la publication », puis sur l’option « je pense que cela n’a rien à faire sur Facebook » qu’on arrive à l’alerte antisuicide à proprement parler, « c’est menaçant, violent ou suicidaire ».
La dernière étape propose de contacter son ami(e) directement ou d’alerter Facebook pour qu’il lui vienne en aide, comme on peut le voir sur cette capture d’écran :
Le formulaire final du dispositif antisuicide de Facebook. | Le Monde (capture d'écran)
« Nous sommes là si tu as besoin d’aide »
L’appréciation du risque est évidemment laissée à la charge des utilisateurs du réseau social. Le New York Times cite, ainsi, le cas d’une utilisatrice qui avait alerté un policier après avoir interprété la publication Facebook d’un ami comme un message d’adieu : « Merci à tous ceux qui ont essayé de m’aider. » La personne concernée avait été retrouvée en possession d’un pistolet et avait pu être sauvée, à une époque où le dispositif antisuicide de Facebook n’existait pas encore.
Aujourd’hui, les signalements reçus par le réseau social sont examinés en continu par une équipe spécialisée, qui donne « la priorité aux cas les plus importants, comme l’automutilation ». La personne à risque voit, quant à elle, apparaître un message de soutien explicite sous un petit cœur bleu : « Quelqu’un qui a vu tes publications pense que tu ne vas pas très bien. Nous sommes là si tu as besoin d’aide. » Parmi les options proposées : contacter un ami, appeler un numéro d’assistance téléphonique, obtenir des conseils, ou bien… ignorer ce menu pour retourner sur son fil d’actualité.
Ce dispositif amélioré vient compléter le formulaire méconnu déjà en vigueur pour les utilisateurs français du réseau social, intitulé « signaler du contenu suicidaire ».
Des algorithmes encore faillibles
Cette tendance à la prévention numérique s’accentue depuis quelques années : depuis 2013, Siri, l’assistant vocal d’Apple, propose à tout utilisateur qui lui confie son envie de se suicider, d’appeler une assistance téléphonique spécialisée.
Les moteurs de recherche les plus utilisés, comme Google, communiquent aussi des numéros d’aide dès qu’on tape le mot-clé « suicide ». Ils continuent cependant de fournir des résultats détaillés lorsqu’on saisit une recherche annexe, comme « méthodes de suicide ».
Les chercheurs dans le domaine de la médecine s’intéressent aux données disponibles sur les réseaux sociaux, une véritable mine d’or qu’ils tentent d’exploiter afin de pouvoir détecter les problèmes de santé les plus répandus. Mais ces analyses ont montré leurs limites. Le psychiatre Allen J. Frances, de l’université de Duke (Caroline du Nord), rappelle ainsi que les algorithmes de diagnostic de santé basés sur les publications d’un utilisateur de réseau social ne sont pas assez fiables pour être pris au sérieux. Le risque est en effet trop grand qu’ils diagnostiquent à tort une série de dépressions cliniques à partir de quelques tweets ou publications en réalité anodins.