Gianni Infantino lors du congrès de la FIFA au Méxique, le 13 mai. | Rebecca Blackwell / AP

Selon le journal allemand Die Welt, le président de la Fédération internationale de football (FIFA), Gianni Infantino, ferait l’objet d’une enquête du comité d’éthique de l’instance. Elu le 26 février à la tête de l’organisation planétaire, l’ex-secrétaire général de l’UEFA risquerait une suspension provisoire de 90 jours.

« Nous ne sommes pas en position d’indiquer si une enquête préliminaire a été ouverte ou pas », a assuré un porte-parole de la FIFA à Sky Sports tout en précisant  « qu’aucune procédure formelle » n’avait été ouverte à l’encontre de son dirigeant suisse. De son côté, le comité d’éthique n’a pas démenti ni confirmé l’ouverture d’une enquête pour violation du code éthique.

Le journal allemand Tages-Anzeiger a publié, jeudi 3 juin, une série de mails échangés entre des dignitaires de l’instance. Ces documents indiquent que Gianni Infantino a demandé à son responsable juridique, Marco Villiger, de faire effacer les enregistrements d’une réunion tenue par les membres du conseil (gouvernement) de la FIFA, en amont du 66e congrès de l’instance, qui a eu lieu le 13 mai à Mexico.

Contactée par plusieurs médias, l’organisation assure que seule une copie desdits enregistrements aurait été détruite. Cette nouvelle affaire fragilise Gianni Infantino, dont le prédécesseur, Sepp Blatter, a été radié six ans, emporté par la séquelle de scandales de corruption qui mine l’organisation.

Ecoutes compromettantes

Lundi 30 mai, le quotidien allemand Frankfuter Allgemeine Zeitung (FAZ) a publié la retranscription d’écoutes qui s’avéraient compromettantes pour le dirigeant helvétique, dont le nom avait déjà été cité, en avril, dans les Panama papers. Elles révélaient des échanges tenus par le nouveau patron du foot mondial lors de réunions du conseil de la FIFA, organisées avant le congrès de Mexico. Ces discussions avaient eu lieu avant la démission, le 14 mai, du Suisso-italien Domenico Scala, président du comité d’audit et de conformité de la Fédération depuis 2013.

Le dignitaire avait bruyamment claqué la porte après l’adoption par le congrès d’un amendement en vertu duquel le conseil a le pouvoir, jusqu’en mai 2017, de nommer et destituer les membres des organes juridictionnels (comité d’audit et de conformité, comité d’éthique, comité des recours notamment) de l’instance. Dans un communiqué, la FIFA avait regretté que le démissionnaire « ait mal interprété le but de la décision du congrès. »

Or, écoutes et documents à l’appui, le FAZ évoquait un « complot » contre M. Scala, par ailleurs président de la commission des rétributions et du comité électoral. Une version confirmée au Monde par le criminologue suisse Mark Pieth, ex-président du comité chargé de réformer la FIFA (2011-2013). Ce dernier assurait que Gianni Infantino n’avait pas accepté le salaire de deux millions de francs suisses (1,8 million d’euros) que lui proposait M. Scala. Une rémunération très éloignée de celle que gagnait Sepp Blatter avant sa chute (3,6 millions de francs suisses, soit 3,25 millions d’euros en 2015).

Une proposition salariale « insultante »

« Aujourd’hui, je n’ai pas de contrat avec la FIFA, a ainsi assuré Gianni Infantino lors d’une réunion du conseil. Je n’ai pas signé le contrat qui m’a été proposé par le président du comité d’audit et de conformité. Je n’ai pas accepté cette proposition. C’était une proposition que j’ai trouvée insultante. »

Selon les écoutes révélées par le FAZ, Infantino a également notifé aux membres du conseil l’existence d’une « plainte » déposée contre lui par M. Scala auprès de la chambre d’instruction du comité d’éthique. « Sur la base du fait que je n’ai pas de salaire et que je recherche, ou que ma femme recherche une maison à Zurich (...). C’est une maison à 25 millions. Un non-sens complet », avait détaillé le président de la FIFA, qui doit célébrer, le 5 juin, son centième jour sur le trône.

Le Valaisan, 46 ans, a par ailleurs indiqué que son compatriote Cornel Borbely, président de la chambre d’instruction du comité d’éthique, lui avait affirmé que cette plainte « allait tout droit à la poubelle. » « Il n’y a pas d’enquête, il n’y a rien », avait confié l’ex-bras droit de Michel Platini, suspendu quatre ans.

Il avait par ailleurs évoqué l’idée de faire voter une motion de défiance à l’encontre de Domenico Scala au congrès. « Nous voyons si c’est possibile qu’il démissionne. S’il ne le fait pas, nous demanderons aux délégués que cette question soit posée devant le congrès », avait développé le nouveau patron de la FIFA, dont l’état de grâce aura été de courte durée.