La montre de l’empereur Sélassié au cœur d’une bataille judiciaire
La montre de l’empereur Sélassié au cœur d’une bataille judiciaire
Par Le Monde Afrique
Estimé à un million de dollars, le bijou qui a appartenu au monarque éthiopien est susceptible d’être mise aux enchères. Sa descendance tente de s’y opposer.
L’empereur éthiopien Haïlé Sélassié, à Londres en 1936. | AFP
La justice suisse s’apprête à lever la mise sous scellés d’une montre en or Patek Phillipe ayant appartenu à l’empereur éthiopien Haïlé Sélassié (1930-1936 et 1941-1974). Confisqué le temps de l’enquête, cette montre fait l’objet d’une féroce bataille judiciaire entre la maison de vente Christie’s, qui se charge des enchères, un acheteur potentiel soudanais et la descendance d’Haïlé Sélassié qui estime que l’objet a été volé. C’est ce que revèle Bloomberg dans un article publié vendredi 20 mai.
Faute de preuves pour appuyer ces accusations, la montre, dont la valeur est estimée à un million de dollars (900 000 euros), va pouvoir revenir sur la table des enchères d’ici à deux semaines. Cette pièce d’histoire aurait, selon la maison Christie’s, été offerte par un entrepreneur italien, Federico Bazzi, lors d’un voyage d’Haïlé Sélassié en Suisse. Une version que la famille de l’empereur confirme. La suite des événements semble, en revanche, plus confuse.
« Témoignage de gratitude »
Selon Christie’s, qui estime que l’objet est « une pièce potentiellement unique », Haïlé Sélassié aurait ensuite cédé ce cadeau à « une éminente personnalité africaine ». Pour la famille Sélassié, il s’agirait d’Ibrahim Abboud, ancien président du Soudan (1958-1964). L’avocat de ce dernier assure que la montre a été offerte en signe de remerciement pour l’aide apportée à l’empereur éthiopien afin de contrer la tentative de coup d’Etat de 1960.
Convaincue que l’objet en or dix-huit carats a été dérobé au moment du renversement de Sélassié en 1974, puis placé aux enchères par l’ancien dirigeant soudanais, Hannah Dereje, l’arrière petite-fille du monarque éthiopien s’est confiée au site Bloomberg : « C’est insultant pour une famille africaine qu’un pays soi-disant ami n’appelle pas pendant quarante ans et réapparaisse chez Christie’s avec cette histoire de témoignage de gratitude. » Une fois la mise sous scellés levée, la famille Sélassié aura trente jours pour faire appel.