La superstar marocaine Saad Lamjarred passible de 25 ans de prison aux Etats-Unis pour viol
La superstar marocaine Saad Lamjarred passible de 25 ans de prison aux Etats-Unis pour viol
Par Julia Küntzle (contributrice Le Monde Afrique)
En 2010, le chanteur, encore inconnu, a été poursuivi par un tribunal de New York pour « agression et viol ». Libéré sous caution avant d’être jugé, il en avait profité pour fuir.
Le chanteur et comédien marocain Saad Lamjarred. | DR
Notoriété ne rime pas nécessairement avec immunité. Le prince marocain de la pop music, Saad Lamjarred, 31 ans, a beau avoir atteint 327 millions de vues sur YouTube avec son tube, « Lm3allem », il est aujourd’hui rattrapé par des accusations d’agression et de viol. Des faits qui se seraient déroulés à New York en février 2010.
Jamais jugé, l’artiste est sommé par la Cour suprême de l’Etat de New York de se présenter au tribunal dans un délai de trente jours. S’il retourne aux Etats-Unis ou devait y être extradé, il risquerait jusqu’à vingt-cinq ans de prison.
Le document enregistré par la Cour le 10 mai et que Le Monde Afrique a pu consulter reprend les termes d’une plainte déposée en 2010 par une Américaine qui aspirait à devenir mannequin. La jeune femme atteste « avoir dîné avec Saad Lamjarred avant d’accepter de le suivre à son domicile de Brooklyn pour visionner son dernier clip ». Elle affirme avoir refusé les avances du chanteur, alors âgé de 25 ans. De plus en plus insistant, ce dernier l’aurait frappée et violée. Le document de justice précise que la jeune femme a été « dans l’incapacité de se défendre contre quelqu’un qui faisait deux fois sa taille et a eu peur pour sa vie ».
Un célèbre chanteur marocain accusé d’agression sexuelle aux Etats-Unis
Durée : 01:33
L’artiste, de passage à New York où il se produisait dans des clubs arabes, est alors inconnu du grand public. Arrêté et incarcéré le 17 mars 2010, il est libéré sous caution et quitte le territoire américain. Ce que la plaignante et son avocat, Rifat Harb, dénoncent aujourd’hui comme un délit de fuite. « Il n’était personne à ce moment-là. Personne, pas même le bureau du procureur, n’a pu le retrouver », ironise l’avocat de la victime interviewé par le New York Daily News. Si l’affaire a été classée à l’époque, c’est parce que la victime avait « arrêté de se battre [pour que soit retrouvé son agresseur], sentant que c’était sans espoir », selon les mots de son avocat.
Reconnu dans un clip vidéo
La star de la pop arabe a finalement été trahie par sa célébrité. L’avocat de la plaignante a raconté au New York Post que la jeune femme, lors d’un voyage en Israël, avait reconnu Saad Lamjarred au détour d’un clip. Et découvert qu’il était aujourd’hui adulé dans tout le Moyen-Orient. « S’il n’avait pas fui, il ne serait pas devenu ce qu’il est aujourd’hui », s’est ému Rifat Harb.
L’avocat a donc engagé de nouvelles poursuites judiciaires sur la base du délit de fuite. Son accusatrice, qui affirme souffrir encore aujourd’hui de troubles émotionnels et physiques, a réitéré sa plainte et réclame des dommages et intérêts. « Il paraît assez simple que Saad Lamjarred soit arrêté hors du Maroc, maintenant qu’il donne des concerts dans toute l’Europe », a déclaré Rifat Harb.
Propulsé sur le devant de la scène en 2013 grâce à son titre « Mal Hbibi Malou » (« Qu’est-ce qui ne va pas avec ma bien-aimée ? ») et son rôle dans la série marocaine Ahlam Nassim (« Les rêves de Nassim »), Saad Lamjarred est une véritable icône dans le monde arabe. « Ce garçon issu d’une famille d’artistes est aujourd’hui la star des jeunes Marocaines. C’est un peu le Justin Timberlake local », résume Zoubida Senoussi, journaliste people pour le HuffPost Maroc. En 2014, la vedette avait été nommée aux MTV Europe Music Awards, puis avait reçu un Murex d’or au Liban, en juin 2015, pour sa chanson « Enty « (« toi ») dans la catégorie « meilleure chanson arabe ».
Les hits du chanteur, qui cumulent aujourd’hui plus d’un milliard de vues sur YouTube, lui ont également valu d’être décoré par le roi Mohamed VI lors de la dernière Fête de la jeunesse, en août 2015. Et ce fait divers ne l’a pas encore fait tomber de son piédestal, explique la journaliste du HuffPost Maroc : « De nombreux fans ont déjà commenté l’affaire sur les réseaux sociaux et crient au mensonge. Ils affirment qu’il s’agit d’un coup monté pour soutirer de l’argent à l’artiste et saper sa carrière. D’autres font part de leur stupéfaction. La justice américaine tranchera. »
Saad Lamjarred n’a, quant à lui, fait aucun commentaire sur ces accusations.