Le data, le nouveau « dada » des entreprises
Le data, le nouveau « dada » des entreprises
Par Quentin Ebrard
Le data étaient l’invité d’honneur, mardi 14 juin, au 16e Digiworld Summit, un événement organisé par l’institut d’étude iDATE, qui balaie les tendances numériques des prochaines années.
Une infographie de l’Idate sur l’état du marché digital mondial en 2015 | idate
« Imaginez l’ampleur de l’utilisation du data avec l’Internet des objets auprès de toutes nos installations : le digital va permettre la gestion de l’énergie seconde par seconde », se réjouit Isabelle Kocher. Invitée parmi d’autres patrons du CAC 40 à participer au 16e Digiworld Summit, organisé, mardi 14 juin à Paris par l’institut d’étude iDATE, la directrice générale d’Engie n’a pas caché son enthousiasme sur le potentiel que représente, pour les entreprises, l’utilisation des données.
« C’est tout à fait remarquable ! Le numérique se dissémine dans tous les secteurs, de l’industrie à la finance, en passant par les assurances », complète Yves Gassot, directeur général d’iDATE, comme s’il parlait d’un nouvel eldorado. Le marché numérique mondial, qui regroupe les services de télécommunications, la télévision, Internet et les infrastructures, a représenté 3 829 milliards d’euros en 2015, selon l’iDATE. Ce chiffre est en hausse de 3,4 % par rapport à 2014. Et la data devient l’élément fédérateur des entreprises qui tentent des innovations 2.0 dans tous les sens.
« Lors d’un achat en ligne, la géolocalisation permet de contrôler si votre carte bleue est proche de votre téléphone portable », explique ainsi Marie-Nöelle Jégo-Laveissière, directrice exécutive des innovations, du marketing et des technologies pour Orange.
Des ambitions qui nécessitent des investissements
SFR, l’un de ses concurrents, essaye de mieux cibler la publicité, en se fiant aux données de ses clients. « L’objectif est, à terme, de savoir à peu près qui regarde la télévision et de lui envoyer la publicité qui l’intéresse. C’est toute la question de la publicité et de sa monétisation », explique Michel Combes, PDG de SFR. En somme, bientôt, l’heureux possesseur d’un chat recevra, pendant la mi-temps d’un match de football, des pubs qui vanteront les mérites de croquettes pour chat.
L’industrie automobile n’est pas en reste non plus.
« Dans l’esprit des gens, Michelin, ce sont uniquement des pneus, s’amuse Eric Chaniot, directeur du numérique chez la marque au Bibendum. Pourtant, les pneus peuvent être connectés et délivrer un certain nombre d’informations, comme la pression et l’état général. »
C’est l’exemple de Michelin Tire Care, une gamme de services destinée aux gestionnaires de flottes de poids lourds en Europe, créée il y a dix-huit mois. Eric Chaniot leur promet de substantielles économies, en rationalisant les coûts par un système centralisé de données.
« Mieux cibler les audiences »
Mais toutes ces innovations ont un coût, car elles nécessitent des investissements. Ainsi, exploiter les nombreuses cartes SIM des téléphones portables, croiser les données et créer des logiciels en interne obligent Orange à investir dans le code.
« Nous allons former entre 20 000 et 30 000 personnes aux rudiments du codage pour pouvoir communiquer en équipe avec les développeurs et doubler nos effectifs de codeurs d’ici quatre ans », assure Mme Jégo-Laveissière.
L’américain Verizon, constructeur et exploitant de réseaux, a choisi, lui, la croissance externe : il vient de racheter la société internet AOL en 2015 pour plus de 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros).
« Cette acquisition permet de rentrer dans le monde des médias et de créer de la valeur en exploitant des données conjuguées avec d’autres, puis de fournir à des publicitaires ou à des chaînes de télévision le moyen de mieux cibler les audiences », estime Laurent Curny, président France de Verizon Enteprise Solutions.
La société est aussi très intéressée par le portail Yahoo !, des discussions sont en cours.
Et les décideurs publics intègrent de plus en plus l’importance des data et du numérique. « Je m’étais fixée comme objectif de faire du numérique un élément non sectorisé et intégré à tous les domaines », se félicite Axelle Lemaire. La secrétaire d’Etat chargée du numérique explique défendre, dans sa loi pour une République numérique, « la libre disposition de ses données personnelles » pour chaque citoyen, et rappelle que la confiance des usagers est primordiale en ce qui concerne l’utilisation faite par les entreprises.