Le Front populaire vu par Capa, Doisneau ou Cartier-Bresson
Le Front populaire vu par Capa, Doisneau ou Cartier-Bresson
Par Benjamin Pietrapiana
Une exposition à la Mairie de Paris revient, en photos, sur cet épisode de l’histoire sociale et politique française.
Les poings levés, les foules font l’histoire. C’est la leçon que propose l’exposition « 1936, le Front populaire en photographie », qui se tient jusqu’au 23 juillet dans la salle Saint-Jean de l’Hôtel de ville de Paris. Quelques 400 documents – photos, journaux d’époque, archives, extraits vidéos – évoquant ce moment de l’histoire sociale et politique française, rappellent au visiteur que, depuis la Bastille, Paris est restée ville de révolte et de progrès social.
Manifestation du 14 juillet 1935 de la Bastille à Vincennes. | FRED STEIN
La première manifestation antiparlementaire du 6 février 1934, les accords de Matignon de juin 1936 qui scellent de nouveaux acquis sociaux, la formation du gouvernement Daladier qui met un terme au Front populaire en avril 1938… L’exposition documente avec précision cette période riche en rebondissements. L’expression, qui évoque autant une idée d’union des gauches qu’une entente entre la rue et le politique, fut prononcée pour la première fois le 9 octobre 1934. Maurice Thorez, alors secrétaire général du parti communiste, appelle à la formation d’un « Front populaire du travail, de la liberté et de la paix » .
Sympathisants des forces progressistes
Parmi les documents, de nombreuses photos signées de jeunes gens devenus célèbres depuis tels Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Chim, ou encore Willy Ronis. Marcel Cerf, Gaston Paris, France Demay ou Fred Stein ont aussi largement contribué à immortaliser la part belle.
Ils étaient âgés de 20 à 30 ans et proposaient alors une nouvelle forme de reportage empreinte de symphatie pour ces « forces progressistes », selon les mots de Françoise Denoyelle, commissaire scientifique de l’exposition.
Fête du Front populaire au stade Buffalo à Montrouge, le 14 juin 1936. | GASTON PARIS/ROGER-VIOLLET
Cette historienne de la photographie et enseignante à l’Ecole normale supérieure Louis-Lumière a conçu ce voyage dans le temps en combinant les modes chronologique et thématique: l’importance des femmes, l’occupation des usines, les émeutes et les ligues factieuses d’extrême droite. Dans le détail, cette exposition explore la naissance des revendications populaires jusqu’à la conquête du pouvoir dans les urnes par ce Front populaire, union entre le Parti communiste français (PCF), la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) et le Parti radical socialiste (PRS).
Françoise Denoyelle a voulu que l’ exposition célèbre « cette période joyeuse, où l’on faisait la grève dans la joie et la bonne humeur », qui aboutit à nombre d’acquis sociaux apportés par les réformes de Léon Blum, dont les accords de Matignon (juin 1936). La création des conventions collectives, le passage à la semaine de quarante heures et quinze jours de congés payés ont été pour les Français de véritables avancées.
Bain de soleil, Belle-île-en-mer, 1937, photographie de Pierre Jamet. | © PIERRE JAMET/COLLECTION CORINNE JAMET
Ironie de l’histoire, l’exposition se tient à Paris en période d’agitations sociales. Si Nuit debout s’essouffle, les appels à la grève et à manifester contre le projet « loi travail » ne faiblissent pas. Cette invitation à revisiter notre passé, peut aussi permettre d’interroger notre présent.
« 1936, le Front populaire en photographie », du 19 mai au 23 juillet. Dans la salle Saint-Jean de l’Hôtel de ville. Ouvert tous les jours de 10 heures à 18 h 30. Sauf dimanches et fêtes. Métro Hôtel de ville. Sur le Web : www.paris.fr
Un cycle de conférences, de colloques et de projections est organisé jusqu’à la fin de l’exposition.