Le modèle OneStep 2 de Polaroid, en exposition sur le stand de la marque, au salon de l’électronique de Berlin (IFA), le 29 août. / TOBIAS SCHWARZ / AFP

En quittant Oskar Smolokowski, on repart fort d’un enseignement précieux : non, il ne faut pas secouer un Polaroid quand le cliché sort de l’appareil. L’image n’apparaîtra pas plus vite et la qualité de la photo risque d’être dégradée.

A même pas trente ans, le PDG du groupe Polaroid en connaît long sur le processus de développement des photos. Formé au génie mécanique, il rejoint en 2012 The Impossible Project, une jeune entreprise sise à Berlin, qui se fixe pour mission de sauver Polaroid. La marque, qui, au faîte de sa gloire, engrangeait des milliards de dollars de chiffre d’affaires chaque année, avait déclaré faillite en 2001, puis de nouveau en 2008.

Grâce à un apport de 2 millions de dollars (1,7 million d’euros) effectué par le père d’Oskar Smolokowski, The Impossible Project acquiert une usine historique de Polaroid aux Pays-Bas et relance la production de films pour les appareils encore en circulation. « Ça a été le plus compliqué. Nombre des produits chimiques qui étaient utilisés à l’origine sont désormais interdits. Il a fallu tout réinventer », explique le jeune homme originaire de Pologne.

Une nouvelle étape est franchie en mai 2017, quand The Impossible Project rachète la marque Polaroid – rebaptisée Polaroid Originals – et peut dès lors relancer la production d’appareils photo instantanés reprenant le design de leurs prédécesseurs. « Beaucoup de gens ont tenté de nous en dissuader, parce que c’est des soucis sans arrêt. Mais moi, ce qui m’intéresse le plus, c’est la production d’objets physiques », souligne Oskar Smolokowski. Après le OneStep 2 lancé l’an passé, la marque vient de présenter le OneStep + (159 euros) lors du salon de l’électronique de Berlin (IFA), qui s’est ouvert au public vendredi 31 août.

Forte croissance des ventes en Europe et aux Etats-Unis

Contrairement à leurs prédécesseurs, les nouveaux Polaroid profitent des avancées du numérique. Une application pour smartphone permet d’affiner les réglages de l’appareil photo, de superposer deux photos sur un même cliché, ou de s’amuser avec une source lumineuse pour dessiner des motifs sur la photo (procédé dit du « light painting »).

Sera-ce suffisant pour rendre à Polaroid son lustre d’antan ? La photo instantanée, après avoir été laminée par la photo numérique et les smartphones, connaît un fort regain d’intérêt depuis le début de la décennie. Une marque en particulier en a profité : Fujifilm, qui a écoulé pas moins de 7,7 millions d’unités de ses appareils « Instax » en 2017.

Sans communiquer de chiffres précis, M. Smolokowski assure que Polaroid Originals est à présent bénéficiaire, et connaît une forte croissance de ses ventes en Europe et aux Etats-Unis. « L’engouement pour les appareils photo instantanés n’est pas près de retomber et nous avons tous les atouts pour rivaliser avec la concurrence, à commencer par la passion qui entoure la marque », veut croire le jeune patron.