Les jeunes Français brillent dans les concours internationaux de maths
Les jeunes Français brillent dans les concours internationaux de maths
Le Monde.fr avec AFP
Deuxième nation au monde pour ses médailles Fields, la France commence à se distinguer dans les tournois de mathématiques réservés aux lycéens.
Mathématiques, une excellence française. | CC BY-SA 3.0
La relève se profile pour maintenir la France à l’avant-garde des mathématiques. Avec douze médailles Fields – l’équivalent du prix Nobel dans cette discipline –, elle se classe au deuxième rang mondial derrière les Etats-Unis. Et, depuis peu, elle se distingue dans les concours internationaux de maths réservés aux lycéens.
Lucie Wang, en terminale au lycée Louis-le-Grand à Paris, a remporté cette année la médaille d’or des olympiades européennes réservées aux filles. Alexandre Thiault, du lycée du Parc à Lyon, est monté sur la plus haute marche des olympiades balkaniques, autre concours réputé. De quoi donner des espoirs à l’approche du tournoi international des jeunes mathématiciens et des olympiades internationales de mathématiques, où la France a terminé à la 14e place l’an dernier, son meilleur résultat depuis 1992.
« L’exploration d’un nouveau monde »
Henry Bambury, 16 ans, en terminale scientifique au lycée Saint-Louis-de-Gonzague à Paris, a été sélectionné avec une poignée d’autres jeunes Français pour ces deux tournois, prévus cet été à Hongkong et Saint-Pétersbourg. Grâce à des stages organisés par Animath, association qui promeut cette matière auprès des jeunes, l’adolescent a découvert il y a trois ans « des maths différentes de ce qu’on fait en classe ». « Pas besoin de gros théorèmes ou de beaucoup de calculs, juste de la réflexion. Pour parvenir à une solution jolie, assez courte, et propre », explique-t-il à l’AFP. Il réfléchit parfois avec ses camarades à des énoncés dont la solution échappe encore à des chercheurs aguerris, un exercice « amusant » qu’il compare à « l’exploration d’un nouveau monde ».
La progression des jeunes talents français s’explique par le développement, dans plusieurs grandes villes, de clubs de maths ouverts aux élèves dès la classe de troisième et animés bénévolement par des chercheurs. Et par un début de diffusion de leur action au sein des établissements scolaires. Mais on est loin du compte, estiment les organisateurs. « Nos appels sont insuffisamment relayés » dans les collèges et lycées, regrette Jean-Louis Tu, enseignant-chercheur à l’université de Lorraine et responsable de la préparation pour les Olympiades. « Les “maths olympiques” ne sont pas des maths scolaires. Les énoncés, de parfois seulement trois lignes, sont des énigmes mathématiques. C’est le plaisir de la recherche et de la découverte qui attire » les jeunes, explique-t-il.
« Des maths en dehors des contraintes scolaires »
Cette notion de plaisir, « essentielle », a « hélas complètement disparu du cadre scolaire », où les mathématiques sont vécues principalement comme critère de sélection, note Mathieu Lequesne, étudiant à Polytechnique et membre du comité d’organisation du tournoi international. Selon lui, les profs « n’ont pas le loisir de développer le côté ludique car “il faut finir le programme pour le bac” ». Martin Andler, président d’Animath, co-organisateur du salon de la culture et des jeux mathématiques à Paris qui s’est achevé dimanche, rêve de club de maths sur le modèle des clubs théâtre ou de course à pied dans tous les établissements scolaires. Avec l’idée de proposer « des maths en dehors des contraintes du programme scolaire », notamment à destination des élèves des établissements moins prestigieux, et des filles, deux publics peu ou pas représentés lors des stages et compétitions.
Bodo Lass, chercheur à Lyon et animateur du très réputé club des mathématiques discrètes, assure qu’« il y a dans chaque classe au moins un élève qui préférerait un magnifique concours de mathématiques aux cours d’anglais le mercredi matin ». Beaucoup d’élèves à très fort potentiel ne sont pas détectés, déplore Martin Andler. Or, les mathématiques sont un vrai enjeu : la discipline qui apporte à l’économie française 285 milliards d’euros de valeur ajoutée, soit 15 % du PIB, selon une étude parue en 2015.