Les Suisses appelés à se prononcer sur le « revenu de base inconditionnel »
Les Suisses appelés à se prononcer sur le « revenu de base inconditionnel »
Le Monde.fr avec AFP
Les électeurs suisses doivent voter dimanche la création d’un « revenu universel », pour salariés ou sans emploi, un projet unique au monde qui suscite de vifs débats.
Les Suisses sont appelés dimanche 5 juin à se prononcer sur la création d’un « revenu de base inconditionnel », pour tous, salariés ou sans emploi, un projet unique au monde qui suscite de vifs débats dans un pays où l’on vénère la valeur travail.
Toutefois, selon les derniers sondages, la proposition, soumise par un groupe sans affiliation politique, a peu de chances de passer. Le dernier sondage réalisé par l’institut gfs.bern, 71 % des Suisses devraient voter non. Rien d’étonnant quand on se souvient qu’en 2012, les Suisses avaient déjà refusé de porter leurs congés payés de 4 à 6 semaines, craignant une baisse de leur compétitivité.
L’initiative populaire « Pour un revenu de base inconditionnel » (RBI) propose de verser une allocation universelle chaque mois à tous les Suisses et aux étrangers vivant dans le pays depuis au moins 5 ans, qu’ils aient ou non déjà un emploi.
« Un vieux rêve, un peu marxiste »
Le montant de ce revenu reste à fixer, mais le groupe à l’origine de l’initiative suggère de distribuer 2 500 francs suisses (2 260 euros) par adulte – un montant très faible pour vivre en Suisse – et 650 francs suisses pour chaque mineur. Cela nécessiterait un budget supplémentaire d’environ 25 milliards de francs suisses (22,6 milliards d’euros) par an, financé par de nouveaux impôts ou taxes.
« C’est un rêve qui existe depuis longtemps », mais qui est devenu « indispensable » face au chômage élevé provoqué par la robotisation croissante, explique l’un des pères de l’initiative, Ralph Kundig. Le gouvernement et la plupart des partis politiques dénoncent un projet utopique et trop coûteux.
« C’est un vieux rêve, un peu marxiste. Pleins de bons sentiments irréfutables mais sans réflexion économique », a déclaré à l’Agence France-presse le directeur du Centre international d’études monétaires et bancaires à Genève, Charles Wyplosz. Pour lui, pas de doute, si le lien entre la rémunération et le travail est coupé, « les gens en feront moins ».