Le Polonais Robert Lewandowski, le 12 juin à Nice. | ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Le miracle n’a pas eu lieu. L’Irlande du Nord jouait, dans l’après-midi du dimanche 12 juin, sous le soleil de Nice, le premier match d’un tournoi final de l’Euro de toute son histoire footballistique. La Pologne, elle, participe au rendez-vous de l’élite européenne pour la troisième fois de rang. Plus d’expérience, plus de qualité individuelle, et presque autant de volonté : les Polonais ont logiquement remporté la partie sur un but d’Arkadiusz Milik (51e) et signe ainsi leur premier victoire dans un tournoi européen.

Vert flashy d’un côté, rouge et blanc de l’autre, l’Allianz Arena présente un formidable contraste à quelques minutes de ce premier match du groupe C, dans lequel l’Allemagne, championne du monde, n’entend pas se laisser engluer. Niveau chants, les Irlandais, culture britannique oblige, sont très largement au-dessus de leurs rivaux du jour. Annoncé comme potentiellement tendue, l’atmosphère est joyeuse autour du stade. Rien à voir avec le chaos vécu la veille à Marseille.

L’émotion est forcément là chez les verts d’Irlande du Nord quand commence la partie. Cette participation à l’Euro 2016, ils en ont longtemps rêvé et se retrouver dos au virage des supporters polonais n’arrange rien à la pression qu’ils ressentent. Pour l’évacuer rapidement, Gareth McAuley, papy de la défense – 36 ans – sèche le meneur de l’Ajax Amsterdam, Arkadiusz Milik, dès son premier ballon. Message clair. L’Irlande du Nord ne lâchera rien. Qui pouvait en douter ?

Physiquement, la Pologne, où évolue le double champion d’Europe de Séville et ex-Rémois Krychowiak, n’a rien d’une victime. Equipe la plus prolifique des qualifications, elle sait, de plus, manier le ballon. Son premier argument s’appelle Robert Lewandowski, capitaine et seule star mondiale sur la pelouse, qui attire les ballons comme un aimant. Face à l’avant-centre du Bayern Munich, McAuley livre un colossal combat physique. Avec l’Irlandais sur son dos, Lewandowski n’arrive pas à sauter (4e), ni à se retourner (6e), puis se voit contrer par son garde-du-corps du jour (18e). Chaque tampon des Irlandais – jusque dans les côtes de Szczesny, le gardien polonais, signé Kyle Lafferty - fait rugir de bonheur les supporters de la Green Army.

Regret de fin de match

Mais au fil des minutes, l’Irlande du Nord se fait moins regroupée et la Pologne trouve des espaces. Milik tire mollement sur une passe offrande de Lewandowski (26’), puis une voie d’eau s’ouvre sur le côté gauche des Irlandais. Lukasz Piszczek, latéral qui évolue à Dortmund, s’y engouffre une première fois pour servir Milik, encore trop gourmand. A cinq minutes de la mi-temps, Bartosz Kapustka en profite à son tour, plaçant, au bout d’une série de jongles, une frappe fusée que McGovern détourne en corner. Le gamin a 19 ans et porte le numéro 21. Son activité fait oublier le Rennais Kamil Grosicki, qu’une entorse à la cheville a relégué sur le banc de touche.

Est-ce la fatigue d’une première période passée à défendre (10 tirs aux buts et 63% de possession pour les Polonais) ? L’Irlande du Nord va craquer sur la première vraie offensive de la Pologne. Dans la même position qu’en première mi-temps, plein axe face à McGovern, Milik ne rate pas, cette fois, le service de Jakub Blaszczykowski (1/0, 51e).

Mais, l’Irlandais – qu’il soit du nord ou du Sud – a cette particularité de s’engager encore plus à fond lorsqu’il est mené. La petite merveille Kapustka prend ainsi le premier carton jaune pour avoir arrêté Craig Cathcart, parti en contre-attaque (65e). Et son gardien Szczesny joue à Spiderman dans les pieds de Conor Washington, à peine entré en jeu, pour empêcher de marquer le premier but nord-irlandais dans un Euro (71e).

Enfin franchement portée vers l’offensive, l’Irlande du Nord offre aux Polonais les espaces qu’ils n’avaient pas en première période. Milik a le doublé au bout du pied au terme d’une belle combinaison avec Lewandowski. Et Krychowiak envoie un missile que tout le stade voyait dans le but (87e) , juste avant la sortie, ovationnée, de Kapustka (88e).

L’Irlande du Nord ne reviendra pas, mais son capitaine Steven Davis regrettera sûrement très longtemps les quelques centimètres qui lui ont manqués en fin de match. Sur un coup-franc habilement tiré en profondeur, il ratera sa reprise, seul devant Szczesny. Le miracle n’aura donc pas lieu. Mais face à l’Ukraine, mardi 21 juin, la Pologne devra, elle, se montrer plus réaliste.