Loi travail : Hollande reste ferme, les opposants sont toujours mobilisés
Loi travail : Hollande reste ferme, les opposants sont toujours mobilisés
Le Monde.fr avec AFP
Les opposants au projet de loi travail ont appelé à « amplifier les mobilisations », tandis que des blocages continuaient en France vendredi.
Après une huitième journée nationale de mobilisation qui a réuni jeudi 26 mai au moins 153 000 personnes en France, selon le ministère de l’intérieur, et près de 300 000, selon la CGT, l’exécutif a affiché sa fermeté en réponse aux opposants au projet de loi travail, qui, pour leur part, ont appelé à « amplifier les mobilisations ».
- Hollande « tiendra bon » sur la réforme du code du travail
François Hollande a affirmé vendredi, depuis le Japon et le sommet du G7, qu’il « tiendrai[t] bon » sur le projet de loi sur le droit du travail, car « c’est une bonne réforme ». Visage fermé, le chef de l’Etat a également déclaré lors de sa conférence de presse que, devant la menace des blocages, le « premier devoir » de l’exécutif était d’assurer « la liberté de circuler » et « le bon fonctionnement de l’économie ».
Pour M. Hollande, « si le dialogue est toujours possible, il n’est jamais fondé sur un ultimatum ». « On ne peut pas accepter qu’il y ait une centrale syndicale qui a son histoire qui puisse dire ce qu’est la loi ou ce que ne doit pas être la loi », a-t-il lancé dans une allusion à la CGT.
Le président Hollande a toutefois laissé la possibilité à des évolutions. « Le texte va venir au Sénat et ensuite reviendra à l’Assemblée nationale et c’est dans ce cadre-là que les discussions doivent avoir lieu et, pour l’instant, nulle part ailleurs », a-t-il poursuivi.
La contestation est restée forte jeudi avec la multiplication des blocages, des arrêts de travail et des manifestations parfois émaillées de violences. Le premier ministre, Manuel Valls, a jugé « inacceptable » de « bloquer un pays ».
Selon un sondage Tilder-LCI-Opinionway, 66 % des Français pensent que le gouvernement doit retirer la loi travail.
- Les opposants mettent la pression
L’intersyndicale CGT, FO, Solidaires, FSU, UNEF, FIDL, UNL a appelé vendredi à « amplifier les mobilisations », en particulier dans les secteurs qui restent engagés dans des mouvements de grève, dans un communiqué publié dans la nuit de jeudi à vendredi. Si elle souhaite « des temps forts de convergences de luttes interprofessionnelles (…) dans les prochains jours », elle garde en ligne de mire la date du 14 juin pour sa neuvième journée de mobilisation, avec « une puissante manifestation nationale » à Paris, une date choisie pour coïncider avec le début des débats sur le texte controversé au Sénat.
De son côté, Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force ouvrière (FO), a appelé le gouvernement à suspendre les débats au Parlement et à ouvrir de nouvelles négociations entre organisations patronales et syndicales sur le texte, et en particulier sur l’article 2 du projet de loi. « Ils sont obligés de bouger », a-t-il estimé au micro de RMC et de BFM-TV
Les organisations annoncent qu’elles « déploieront dès le début de la semaine prochaine » leur « votation citoyenne » – une grande consultation sur le projet de loi travail qui doit être menée jusqu’au 14 juin dans « les entreprises, les administrations et lieux d’études ».
Ces syndicats déplorent aussi le silence de l’exécutif alors qu’ils ont demandé à être reçus dans un courrier à François Hollande la semaine dernière.
- M. Gattaz dénonce des « méthodes de voyous »
« Il ne faut surtout pas céder à la CGT », a affirmé vendredi le président du Medef, Pierre Gattaz, au micro d’Europe 1. « Ce sont des méthodes de voyous, ce sont des méthodes d’irresponsables », a dénoncé le patron des patrons, qui a dit qu’il « ne fallait pas bouger l’article 2 ».
Jeudi, le premier ministre, Manuel Valls a évoqué des « améliorations » possibles du projet de loi, mais il a affirmé qu’il était hors de question de « toucher à l’article 2 », le plus contesté, qui consacre la primauté de l’accord d’entreprise en matière d’aménagement du temps de travail.
Dans la soirée, la ministre du travail, Myriam El Khomri, a à son tour exclu de « dénaturer » le projet de loi, en revenant sur l’article 2.
- Evacuation du barrage devant le dépôt pétrolier de Donges
Les forces de l’ordre ont évacué vendredi matin dans le calme le dépôt pétrolier de Donges (Loire-Atlantique), bloqué depuis le 17 mai par ses salariés et des opposants à la loi travail, a constaté un photographe de l’Agence France-Presse. Les CRS ont commencé à évacuer vers 9 h 45 les barrages tenus depuis le petit matin par quelque 150 personnes devant le dépôt pétrolier SFDM, appartenant au groupe Bolloré, et où une grève a été votée par « 98 % » des salariés de la production et de l’expédition jusqu’à dimanche soir, selon la CGT.
- L’accès à l’aéroport de Nantes bloqué par des manifestants
La CGT-Airbus Nantes a annoncé une reconduction de sa mobilisation dans la zone aéroportuaire Nantes-Atlantique, vendredi à partir de 4 heures. Jeudi, des barrages filtrants ont été mis en place, avec de grosses incidences sur le trafic routier.
?BLOCAGE L’accès à l’aéroport de Nantes bloqué par des manifestants. Trafic aérien perturbé (phto @E2Villiers) https://t.co/HR5jNmuPCg
— infos140 (@infos140)
Exaspérés par les blocages de dépôts de carburants, qui s’ajoutent aux manifestations répétées des dernières semaines, les organisations patronales et les commerçants se rassemblaient vendredi, demandant à être reçu par le préfet de Loire-Atlantique.
- Vote très attendu sur le blocage des terminaux pétroliers du Havre
Les salariés de la Compagnie industrielle et maritime (CIM) du Havre qui ont coupé l’alimentation en carburant des aéroports parisiens et de plusieurs raffineries doivent décider vendredi à midi de la poursuite du mouvement, alors que les pouvoirs publics s’apprêtent à intervenir.
Depuis mardi soir ont été coupées les vannes des oléoducs qui relient les terminaux du port du Havre et du cap d’Antifer, aux raffineries ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon et Total de Gonfreville-l’Orcher dans la zone portuaire et de Grandpuits, en Seine-et-Marne, ainsi qu’aux aéroports de Roissy et d’Orly.
Si les deux raffineries Total sont à l’arrêt plus ou moins complet, celle d’ExxonMobil, la deuxième de France, est une des seules des huit raffineries françaises à fonctionner normalement.
Avec six raffineries sur huit à l’arrêt ou perturbées et un cinquième des 11 500 stations-service en rupture partielle ou totale d’approvisionnement, les sites pétroliers retiennent l’attention du gouvernement. Manuel Valls doit recevoir les acteurs du secteur samedi.