Un manifestant en sang, mardi 14 juin 2016, lors de la journée nationale de mobilisation contre la loi travail. | Francois Mori / AP

La journée nationale de mobilisation contre la loi travail, mardi 14 juin, à l’appel de sept syndicats – CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL et FIDL – était annoncée « forte » par ces derniers. A Paris, elle a surtout été marquée par des heurts violents avec la police, peu après que le cortège s’est élancé de la place d’Italie.

Les syndicats avaient indiqué qu’ils espéraient une participation supérieure à celle du 31 mars, qui avait marqué un pic avec 1,2 million de manifestants en France, selon leurs estimations, 400 000 selon la police.

A 16 h 30, FO et Solidaires indiquaient que le cortège parisien rassemblait 1 million de personnes. Selon les organisations syndicales, entre 600 et 700 bus ont transporté des manifestants dans la capitale pour le défilé.

Face aux craintes d’affrontements avec la police, « environ 130 personnes » avaient été interdites de participer, mardi à Paris, à la manifestation nationale. Selon le préfet de police de Paris, Michel Cadot, il s’agissait de personnes déjà interpellées lors de précédents défilés contre le projet de loi de réforme du code du travail.

La loi travail est par ailleurs examinée depuis lundi au Sénat, dont la majorité de droite entend accentuer le caractère libéral du texte.

  • Violents affrontements à Paris

Dans les rues de la capitale, où plusieurs milliers de manifestants ont convergé mardi, les affrontements avec les forces de l’ordre ont été intenses dans l’après-midi, selon les journalistes du Monde présents dans le cortège.

Peu après 16 heures, la préfecture de police de Paris faisait état de quinze personnes interpellées après des jets de projectiles venant de « plusieurs centaines de personnes encagoulées ».

Dans le secteur de Port-Royal, des « individus sont entrés sur un chantier pour prendre des palettes avant de les jeter sur les forces de l’ordre », qui ont dû intervenir, a indiqué la préfecture.

Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes et chargé les manifestants qui leur lançaient des projectiles au cri de « Paris, debout, soulève-toi ! » ou encore « tout le monde déteste la police ».

La préfecture a également fait état de six manifestants et cinq membres de forces de l’ordre blessés. Selon les journalistes du Monde présents dans le cortège, deux hommes ont été blessés au carrefour des boulevards Raspail et Montparnasse. L’un d’eux a été touché par une fusée dans le dos, qui s’est enflammée, selon l’un des journalistes qui a assisté à la scène.

Des cars de CRS ont par ailleurs été pris pour cible par les manifestants.

  • Les opposants veulent toujours le retrait du texte

Dans le cortège parisien, nos journalistes sont allés à la rencontre de plusieurs manifestants. Interrogés sur les raisons de leur présence à la manifestation, plusieurs ont rappelé leur souhait de voir le projet de loi retiré.

Gweltaz (en vert) et Laurent, infirmiers anesthésistes à Brest. | Pierre Bouvier/Le Monde

Ainsi, pour Gweltaz et Laurent, infirmiers anesthésistes venus de Brest, la loi travail est un « recul humain et social » :

« On est venus pour porter le mouvement plus haut. On veut le retrait de cette loi, qui est inique. On veut qu’elle ne passe pas. Ça aura un impact sur la qualité des soins pour nos patients. On attend des modifications sur les astreintes et les temps de repos obligatoires. »

Lauren, enseignante en histoire et français dans un lycée professionnel, est venue à toutes les manifestations parisiennes sauf une : « J’ai posé des jours de grève, donc j’ai perdu des journées de salaire. Mais c’est moins problématique pour moi de faire grève que pour d’autres. Je pense que le nombre de manifestants n’est pas représentatif du nombre de gens concernés. Le droit de grève n’est pas facile à prendre pour ceux qui sont en CDD par exemple. »

D’autres, comme Bruno, agent patrimonial à l’Office nationale des forêts, appellent à la grève générale, pour « faire pression » sur le gouvernement : « En fait les gouvernements socialistes sont toujours à droite, donc pour cette fois c’est foutu, mais j’espère qu’on pourra créer un mouvement qui se répercutera sur les prochaines élections. »

  • Des manifestations partout en France

Un défilé a eu lieu mardi dans la matinée à Marseille : la CGT a avancé le chiffre de 140 000 participants, quand la préfecture en a comptabilisé 5 000.

A Toulouse, la préfecture a estimé à 6 000 le nombre de manifestants qui ont défilé dans la matinée. Côté syndicats, on évoquait entre 16 000 et 20 000 personnes, selon La Dépêche du Midi.

A Limoges, une opération escargot des agents de la Direction des routes du Centre-Ouest, menée dans le cadre de la journée de mobilisation contre la loi travail, a provoqué 40 kilomètres de bouchon ce matin, rapporte France 3 Limousin.