« Rebirth » : pourquoi Superman et les autres superhéros rajeunissent régulièrement
« Rebirth » : pourquoi Superman et les autres superhéros rajeunissent régulièrement
Par Mathilde Loire
DC Comics a relancé, le 27 mai, ses univers de bandes dessinées. Continuité, « reboot », « relaunch »… petit guide pour s’y retrouver dans la chronologie complexe des comics.
Iron Man, Batman, Harley Quinn et les autres sont plus que jamais présents sur les écrans. Mais films ou séries ne suffisent pas toujours à initier le novice à des univers souvent très compliqués, héritiers de sept décennies de publications de comicbooks. Marvel et DC Comics, les deux grands éditeurs de superhéros, tentent donc régulièrement de « simplifier » leurs histoires et de procurer des points d’entrées à de potentiels nouveaux lecteurs.
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Jim Lee et Dan DiDio, les coéditeurs de DC Comics, se sont lancés dans un grand « Rebirth » (renaissance) de l’ensemble de leurs séries, dont la publication a débuté vendredi 27 mai. Certaines séries ont recommencé au numéro 1, avec de nouveaux scénaristes ou dessinateurs, d’autres se sont arrêtées, et les équipes créatives changent pour la plupart. Ces « remises à zéro » sont courantes dans l’univers des comics, mais peuvent prendre des formes très différentes.
Continuité, relaunch, reboot… qu’est-ce que cela signifie ?
Derrière ces changements se pose toujours la même question de fond : le respect, ou non, de la continuité. La continuité est un principe-clé pour des univers aussi vieux et sur lesquels travaillent de nombreux auteurs : il s’agit de respecter la chronologie et les événements des histoires publiées précédemment. C’est une sorte de mémoire collective qui permet de conserver une cohérence dans le parcours des personnages. Si un scénariste modifie quelque chose dans cette continuité, il faut donc qu’il l’explique de façon logique.
La continuité est valable pour une même série (Batman numéro 458 doit se souvenir des événements de Batman numéro 264, par exemple) ou pour un univers partagé (ainsi, dans nombre de films et de séries Marvel sortis après 2012, il est fait mention de la destruction de New York qui intervient dans le premier Avengers, par exemple dans la série « Les Agents du S.H.I.E.L.D. »).
Mais respecter la continuité complique de plus en plus les univers, et peut rebuter un nouveau lecteur : comment débuter Wonder Woman, quand elle a déjà trente ans d’aventures derrière elle ? Les éditeurs choisissent donc régulièrement de procéder à une remise à zéro, qui peut prendre la forme d’un reboot ou d’un relaunch.
Le relaunch consiste à recommencer une série ou un ensemble de séries au numéro 1, généralement avec une nouvelle équipe créative, mais en prenant en compte le passé des personnages. Par exemple, dans le relaunch « All-New All-Different Marvel », Thor est toujours Jane Foster, qui était devenue début 2015 la nouvelle déesse du tonnerre.
Le reboot est plus radical : on garde les personnages, on change l’équipe créative, et on efface le passé. Ainsi, en 2011, l’univers DC a été entièrement réécrit pour donner lieu au reboot « New 52 », où l’on retrouve des personnages au début de leur carrière superhéroïque. Régulièrement utilisé au cinéma (Spiderman aura ainsi été « rebooté » trois fois en quinze ans), le reboot est plus rare chez Marvel que chez DC Comics dans les bandes dessinées.
Pourquoi recommencer au numéro 1 ?
Pour relancer une marque qui marche moins bien : c’est la volonté de DC Comics derrière « Rebirth ». Si le lancement de « New 52 » avait très bien marché, l’intérêt du public est, depuis, retombé, et l’éditeur a vu ses ventes baisser de façon importante ces dernières années.
Pour simplifier un univers : c’est ce que fait DC Comics en 1986 avec « Crisis on Infinite Earths », une mini-série écrite par Marv Wolfman et George Perez. Depuis les années 1960, l’univers DC fonctionnait sur le principe de Terres parallèles, où vivaient les différentes incarnations des héros et héroïnes. Ce « multivers », jugé trop compliqué par les éditeurs, est donc réduit au terme de « Crisis » à une unique Terre. A partir de là, on raconte à nouveau les origines des personnages qui l’habitent : Man of Steel parle des débuts de Superman, et Batman est revisité dans Year One par exemple.
Pour rejoindre la continuité des films : Marvel comme DC Comics développent de plus en plus leurs univers audiovisuels, et tentent d’harmoniser les comics avec ce que les spectateurs voient au cinéma ou à la télévision.
A quoi ressemblera le « Rebirth » de DC Comics ?
DC Comics a présenté, fin mars, les titres et les équipes du « Rebirth ». Les éditeurs Dan DiDio et Jim Lee, et l’auteur Geoff Johns ont expliqué les raisons de ce relaunch : « Parfois on se trompe de direction. On se perd un peu, et on perd la connexion avec nos fans », a déclaré Dan DiDio, ajoutant que « quelque chose manque » depuis « New 52 ».
Ce relaunch vise à corriger les erreurs du reboot « New 52 ». Celui-ci avait par exemple soulevé quelques questions sur l’absence de diversité chez DC Comics, aussi bien du point de vue des personnages que des équipes créatives. Par ailleurs, des personnages supprimés lors du « New 52 » devraient faire leur apparition. Les éditeurs ont aussi annoncé qu’ils répondraient à « l’un des plus grands secrets » de l’univers DC : l’identité du Joker.
Pour l’éditeur français des héros DC, Urban Comics, il est compliqué de prévoir le traitement éditorial de « Rebirth » : « Nous n’en savons pas plus que ce qui a été annoncé. Nous attendons de voir comment va se passer le relaunch, explique François Hercouët, directeur éditorial. Nous avons huit mois après la sortie du premier comic “Rebirth” pour tout lire et réfléchir à la meilleure façon de faire comprendre cet univers au lecteur. »