Regroupement des arrondissements de Paris : le gouvernement hésite
Regroupement des arrondissements de Paris : le gouvernement hésite
Par Béatrice Jérôme
L’arbitrage de l’exécutif n’est pas encore définitif, mais le projet de loi sur la réforme du statut de Paris pourrait ne pas envisager le dessein de la maire de la capitale, Anne Hidalgo.
Vue de la Seine à Paris. | Markus Schreiber / AP
L’arbitrage du gouvernement n’est pas encore définitif, mais le projet de loi sur la réforme du statut de Paris pourrait ne pas envisager le regroupement des quatre arrondissements du centre de la capitale, au grand dam de sa maire, Anne Hidalgo. Le texte ne comprendrait pas ce volet, comme l’ont écrit Les Echos sur leur site, jeudi 16 juin. L’exécutif a en revanche prévu de soumettre au Parlement dans ce projet de loi deux autres réformes souhaitées par la maire de la capitale : la fusion du département et de la commune de Paris et le transfert de nombreuses compétences de l’Etat à la collectivité parisienne.
Alors que le dessein de Mme Hidalgo de regrouper les 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements est connu depuis l’automne, Matignon avait, dès le départ, exprimé ses réticences, craignant que cette réforme n’apparaisse comme « un tripatouillage » électoral. Bien que n’étant pas hostile sur le fond, Matignon était réservé sur l’intérêt de déclencher une bataille parlementaire avec la droite sur le sujet. « On ne voit pas l’urgence de cette disposition », disait-on, en avril, au gouvernement.
Fossé démographique
Anne Hidalgo a depuis longuement bataillé. Il y a quelques jours, lors d’un entretien avec Manuel Valls, celui-ci s’était montré convaincu par ses arguments. La maire de Paris lui avait alors exposé le bien-fondé « démographique et démocratique » de cette réforme.
Seul un regroupement des quatre arrondissements du centre de Paris, avait-elle plaidé, permettrait de combler le fossé démographique qui entraîne un déséquilibre dans la représentativité politique des habitants. Le 1er arrondissement, le plus petit de la capitale, compte près de quatorze fois moins d’habitants que le 15e, qui se trouve être le plus peuplé.
Pour dissiper par avance le procès en « tripatouillage », Mme Hidalgo a surtout rappelé que ce regroupement n’entraînerait pas de changement dans l’équilibre politique du Conseil de Paris. En se fondant sur la projection du premier tour des élections municipales de 2014, la Mairie fait valoir que la majorité actuelle ne gagnerait pas de nouveaux sièges en cas de regroupement des quatre arrondissements en une seule mairie.
En revanche, a-t-elle fait valoir, ce regroupement engendrerait des économies de 8 à 10 millions d’euros par an pour la Ville. Les bâtiments de trois des quatre mairies qui seraient supprimées pourraient accueillir des services de la ville aujourd’hui dispersés. La Mairie envisage aussi « la mutualisation » des personnels municipaux.
Examen au Parlement
Si le premier ministre avait semblé alors plutôt enclin à suivre le scénario voulu par Mme Hidalgo, Matignon laissait toutefois entendre qu’il faudait encore lever les résistances de l’Elysée. Pourtant interrogée, la présidence répondait, le 14 juin : « C’est Matignon qui pilote, et nous sommes en total accord avec eux. »
A la mairie de Paris, on n’écarte pas l’hypothèse d’un revirement de Matignon, en accord avec l’Elysée, après les récentes prises de position et déclarations de la maire, qui n’ont guère plu à l’exécutif, qu’il s’agisse de la création d’un campement pour des migrants dans la ville ou de son opposition à la loi El Khomri.
Pour autant, si Matignon persiste à ne pas inscrire le regroupement des arrondissements dans le projet de loi qui devrait être présenté à la fin de juillet au conseil des ministres, il ne compte pas s’y opposer lors de son examen au Parlement. « On pourra laisser les députés déposer des amendements en ce sens et le gouvernement s’en remettra à la sagesse du Parlement », glisse un conseiller ministériel.
La Mairie n’en est pas moins inquiète : « Ne pas inscrire dès le départ la mesure dans le projet de loi hypothèque les chances de voir la réforme adoptée », s’alarme l’entourage de Mme Hidalgo, qui souligne toutefois que les deux autres volets du projet de loi restent « les plus importants pour la modernisation » institutionnelle de la capitale.
Dans un communiqué, jeudi, la droite parisienne s’est félicitée que le gouvernement « refuse à Anne Hidalgo le bidouillage des arrondissements parisiens ». Le projet de réforme du statut de Paris – dont le volet portant sur le regroupement des arrondissements – avait pourtant fait l’objet en février d’un vote favorable de toutes les composantes de la majorité parisienne. Il serait « étonnant que ce soit au final les arguments de la droite qui soient retenus par le gouvernement », ironise l’entourage de la maire de Paris.