Rire, chanter et trembler : la sélection replays
Rire, chanter et trembler : la sélection replays
Chaque samedi, La Matinale du Monde vous propose une sélection de programmes disponibles en replay.
Cette semaine, nous vous recommandons le dernier spectacle de Florence Foresti, un documentaire de Martin Scorsese sur Bob Dylan, la cérémonie des « Gérard 2016 » et l’opération peu connue d’exfiltration de dissidents chinois après Tiananmen.
Foresti en rogne
MADAME FORESTI - Extrait "Les mamans calmes"
Durée : 03:16
« Ne comptez pas sur moi pour vous remonter le moral, ma prochaine aventure, c’est la ménopause, puis le cancer. » Les mains dans les poches de sa drôle de combinaison noire, celle qui se demande comment « font les gens qui vont bien » n’a rien perdu de son autodérision et de son franc-parler.
Florence Foresti a terriblement bien vieilli, a parfait sa gestuelle asexuée, son sens du tempo et de la repartie. Dans ce spectacle intitulé Madame Foresti, enregistré en 2015, lors des Nuits de Fourvière, à Lyon, l’humoriste, malgré les apparences du titre, ne s’est pas assagie. Au contraire, elle est plus en colère, plus féministe, plus attachante que jamais.
On l’avait quittée en pleine crise de maternité dans Mother Fucker, on la retrouve en mère de famille accablée. Une mère qui court, crie, déteste les devoirs, redoute les couchers ; doublée d’une quadra qui s’encroûte. « A 40 ans, on n’a plus de passions mais des passe-temps. J’adore le linge de maison, les coussins, les plaids, les bougies parfumées, la tisane, ma vie c’est Marie Claire Maison. »
Florence Foresti a gardé ses sujets fétiches : le corps humain mal foutu, les diktats de la séduction, l’insupportable obligation d’être une mère parfaite. L’âge aidant, elle y ajoute quelques coups de gueule sur notre époque (trop) moderne. Elle n’a simplement plus 20 ans et elle ne s’en cache pas. Touchante. Sandrine Blanchard
Madame Foresti, sur MyTF1 et sur YouTube.
Dylan par Scorsese
No direction Home - Bob Dylan
Durée : 03:54
De la jeunesse de Bob Dylan à Hibbing, ville minière du Minnesota, à son accident de moto à Woodstock en 1966, l’ascension fulgurante et chaotique du chanteur est narrée dans un documentaire de trois heures trente monté par Martin Scorsese.
Jeff Rosen, manager de l’artiste, a confié au cinéaste new-yorkais un matériau abondant, nouveaux entretiens avec le sphinx, images d’archives inédites, témoignages d’Allen Ginsberg ou de Joan Baez… No Direction Home raconte l’histoire d’une violente métamorphose, ou comment un jeune chanteur de folk de Greenwich Village s’est transformé en Rimbaud électrique au cours de la plus célèbre bataille d’Hernani du rock. Bruno Lesprit
No Direction Home : Bob Dylan, de Martin Scorsese (Etats-Unis, 2005, 210 min). Jusqu’au 4 juin sur Arte + 7.
Des « Gérard » toujours poilants
Gérard de la télévision 2016 : Julien Lepers monte sur scène pour récupérer son prix
Durée : 01:26
Pour la dixième année, les « Gérard », diffusés en direct sur Paris Première, renouvellent leur excellente parodie d’une cérémonie de récompenses d’émissions et d’animateurs de télévision. A ses débuts, le programme et les libellés férocement drôles de ses catégories ne convainquaient pas grand monde, parmi les récipendiaires, à venir recevoir un parpaing doré sur scène. Mais, au fil du temps, quelques personnalités de la télévision à l’humour et à l’autodérision bien accrochés ont franchi le pas.
Cette dixième édition se distinguait par la présence, entre autres, des lauréats Natacha Polony (« Gérard de l’animateur qui est allé chez le coiffeur avant de prendre l’antenne, sauf que c’était fermé »), Arthur (« Gérard de l’animateur qui a un égo tellement gros qu’il veut voir son nom écrit partout, dans le titre de son émission, brodé sur ses chemises mais aussi gravé sur une minigourmette qu’il porte autour du gland »), Julien Lepers (« Gérard de l’animateur qu’on n’a jamais autant vu à la télé que depuis qu’il s’est fait lourder de la télé »), Thomas Isle (« Gérard de l’animateur que tu peux connaître uniquement si tu es chômeur, ou alors si tu es séquestré dans une cave »). Claire Chazal, gagnante dans deux catégories (« Gérard de l’animateur dont le licenciement nous avait un peu touché jusqu’à ce qu’on apprenne son salaire, son bonus, ses indemnités et son hold-up aux prud’hommes » et « Gérard du migrant qui a visiblement mal choisi son passeur ») était en revanche absente.
L’humour des « Gérard » est potache, irrévérencieux, graveleux, politiquement incorrect et la cérémonie 2016, animée par Jérôme de Verdière (qui présente également « La Revue de presse » sur Paris Première), l’une des plus drôles de son histoire. Renaud Machart
« Les Gérard 2016 » (France, 2016, 101 min). A la demande sur Paris Première.
Fascinante opération « Yellow Bird »
Opération Yellow Bird - extrait
Durée : 01:13
Ce fut l’un des réseaux les plus audacieux d’exfiltration de dissidents. Son nom de code, « Oiseau jaune » (« Yellow Bird »), était, selon certains, tiré d’une expression chinoise : « La mante religieuse poursuit la cigale, l’oiseau jaune est derrière. » Elle est encore utilisée en Chine pour signifier que l’on poursuit un but malgré les dangers encourus.
Les risques furent en effet nombreux pour ceux qui participèrent à cette vaste opération qui permit à des dizaines de militants et étudiants ayant participé au mouvement de Tiananmen de fuir leur pays, après la répression déclenchée dans la nuit du 3 au 4 juin 1989. L’histoire fascinante et captivante de ce réseau, encore peu connue, est racontée dans le documentaire de Sophie Lepault. La réalisatrice donne ici la parole à plusieurs personnalités hongkongaises et françaises impliquées dans « Yellow Bird », et à quatre dissidents et étudiants chinois qui eurent la vie sauve grâce à lui. François Bougon
Opération Yellow Bird, de Sophie Lepault (France, 2016, 65 min). Jusqu’au 9 juin sur Pluzz.