Après plus d’un an d’enquête, un réseau de prostitution de Nigérianes a été démantelé dans la région de Montpellier et une quinzaine de ses membres présumés ont été mis en examen ou étaient en cours de déferrement vendredi 10 juin, a annoncé le parquet.

Vingt-huit prostituées ont été entendues, qui venaient de deux régions du Nigeria autour de Lagos et de Benin City. Huit d’entre elles ont accepté de livrer des informations en échange d’une protection et d’une possibilité de régularisation, avec l’appui de l’association l’Amicale du nid, a précisé le procureur de Montpellier, lors d’un point presse.

Certaines sont en situation irrégulière, d’autres ont fait des demandes d’asile.

Cinq des personnes interpellées sont des Nigérianes âgées de 28 à 35 ans, suspectées d’être des proxénètes, les dix autres, de nationalités française, camerounaise, guinéenne et nigériane, sont des hommes supposés avoir apporté leur soutien à l’organisation du réseau.

« Au moins deux personnes dans ce dossier sont mises en cause pour être intervenues pour acheminer les personnes en particulier par l’Italie, et avant via la Libye », a complété le procureur.

Une organisation typique de la prostitution nigériane

Selon la justice, les jeunes femmes étaient sélectionnées au Nigeria par le réseau, puis participaient à une cérémonie d’envoûtement baptisée « Juju », au cours de laquelle avaient lieu des scarifications et des sacrifices d’animaux.

Arrivées en France, elles devaient s’acquitter d’une dette de 30 000 à 50 000 euros auprès des têtes de réseau, les « Mama », chargées de s’occuper de quelques prostituées, et les « Madams », qui se situent au-dessus dans la hiérarchie du réseau, une organisation typique de la prostitution nigériane. Menacées voire battues, elles avaient obligation de se prostituer presque tous les jours.

« Pour celles qui ont un passeport, on le leur retire, elles sont complètement sous l’emprise », a précisé le lieutenant-colonel Bernard Pallot, commandant de la section de recherche de la gendarmerie de Montpellier, qui a mené l’enquête. Une centaine d’hommes avait été mobilisée pour procéder aux interpellations.

Le démantèlement a eu lieu dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour proxénétisme en bande organisée, traite d’êtres humains, association de malfaiteurs et blanchiment d’argent. Les investigations avaient débuté dès avril 2015, avec l’ouverture d’une enquête préliminaire.