Waterloo morne thème
Waterloo morne thème
Par Philippe-Jean Catinchi
Un an après les commémorations de 2015, la chaîne Toute l’Histoire consacre une soirée à cette bataille (lundi 20 juin à 21 h 35 sur Toute l’Histoire).
« Quand Napoléon déchaînait l’Europe », de Thierry Bœuf. | TOUTE L'HISTOIRE
Un an après les commémorations de 2015, la chaîne Toute l’Histoire consacre une soirée à cette bataille (lundi 20 juin à 21 H 35 sur Toute l’Histoire).
On avait naguère superbement ignoré le bicentenaire d’Austerlitz, puis récemment magistralement commémoré celui de Waterloo. Fascination masochiste pour la défaite ? Un an après les évocations de 2015, nouveau retour sur la défaite qui mit un terme à l’aventure des Cent-Jours et scella la légende de Napoléon. Avec une soirée thématique de la chaîne Toute l’Histoire.
On ne s’appesantira pas sur le documentaire de Christophe Maillet, Pourquoi Napoléon a-t-il perdu la bataille de Waterloo ?, rediffusion dommageable dont on ne retiendra que le cumul des défauts : un présentateur qui surjoue son importance et quitte peu l’écran, des invités d’une rigueur toute relative soumis à des questions hors sujet, des explications de la défaite peu originales mais présentées comme des révélations et ressassées jusqu’à la nausée. Tout ce que l’évocation historique se doit d’éviter si elle ne veut pas encourager le zapping.
Episode militaire
Ce serait dommage que ce programme à oublier nuise au rendez-vous suivant. S’il n’est pas irréprochable, Quand Napoléon déchaînait L’Europe a une tout autre allure et bien des vertus. Un plan qui permet de comprendre ce que règle l’épisode militaire (les tensions qui menacent l’équilibre précaire de l’Europe impériale, la coalition qui abat Napoléon en 1814, le « moment » du Congrès de Vienne entre récréation de prince et refondation diplomatique, les Cent-Jours et enfin la bataille) ; un soutien de certains membres éminents de la Fondation Napoléon, une option patrimoniale qui place dans les lieux mêmes de l’évocation un choix d’intervenants quasi irréprochable – même si le propos de Lionel Jospin n’échappe pas à une vision géopolitique simpliste, opposant le réalisme britannique à la démesure française, qui sent son moralisme sans être pertinente. A ce titre, ceux de Thierry Lentz et Marie-Pierre Rey sont des plus éclairants, tout comme François Houdecek, soulignant avec justesse le rôle-clé de la mise en scène impériale du rôle du commandement et le « sens de l’instant » chez Napoléon, gestionnaire virtuose de son image publique.
Mention spéciale pour le verbe sobre et toujours judicieusement mesuré d’Emmanuel de Waresquiel, qui livre incidemment la vraie clé de la défaite d’un homme convaincu de l’« incarnation absolue et solitaire de sa personne au pays », n’oubliant en route que la nation dont procédait originellement sa légitimité.
Quand Napoléon déchaînait L’Europe, de Thierry Bœuf (Fr., 2015, 52 min). Lundi 20 juin à 21 h 35 sur Toute l’Histoire.