Joachim Löw et Jérôme Boateng, après le but du défenseur allemand contre la Slovaquie, dimanche 26 juin, au stade Pierre-Mauroy. | Carl Recine / REUTERS

Avec son sac à dos, son short ample, ses baskets mal lacées et son casque de musique dans la main gauche, Mario Götze a des airs de jeune adolescent. Le visage poupin, un sourire en coin qui rehausse ses joues rebondies, il prend le temps de bavarder auprès de quelques journalistes allemands. La scène se passe dimanche 26 juin, en début de soirée, dans les travées du stade Pierre-Mauroy, à Villeneuve-d’Ascq. Quelques dizaines de minutes auparavant, la Mannschaft concluait une victoire pleine de maîtrise et de promesses face à une équipe de Slovaquie dépassée. Trois buts à zéro pour les Allemands, dont une réalisation de Mario… Gomez.

S’il se prête aux questions de la presse de son pays, Götze, lui, n’est pas entré sur le terrain au cours de la rencontre. L’attaquant du Bayern Munich, unique buteur de la dernière finale de Coupe du monde au Brésil face à l’Argentine, ne souffre d’aucune blessure. Titulaire lors des trois matchs de poules sans avoir marqué, il avait été écarté de ce huitième de finale par le sélectionneur, Joachim Löw. Au vu des performances des joueurs offensifs allemands face aux Slovaques, il est d’ailleurs possible que son rôle de remplaçant dure, mais Mario Götze n’affiche aucun signe extérieur de contrariété.

Solidité défensive retrouvée

L’image souligne à la fois la richesse de l’effectif des champions du monde en titre et la sérénité d’une équipe dont la montée en puissance est évidente. Après quatre matchs disputés lors de cet Euro, l’Allemagne reste la seule formation à n’avoir toujours pas encaissé le moindre but depuis le début du tournoi. Si sa défense apparaissait fébrile lors de son entrée face à l’Ukraine (2-0), le retour de l’arrière central Mats Hummels, remis d’une blessure au mollet, a permis de retrouver une stabilité. Et quand bien même l’arrière-garde céderait à de rares occasions, Manuel Neuer n’est jamais avare d’une parade pour rappeler qu’il est l’un des tout meilleurs gardiens du monde, comme sur cette parade sublime réalisée juste avant la pause, pour stopper une tête de l’attaquant de la Repre, Juraj Kucka.

« Si l’on continue d’être compact, cela va être compliqué pour nos adversaires », a estimé Joachim Löw, tout en se disant « content de la façon dont [la] défense fonctionne actuellement ». Son homologue slovaque, Jan Kozak, a résumé le sentiment d’impuissance observé sur la pelouse : « C’est très difficile de jouer contre ce genre d’équipes. Ils étaient concentrés et ont montré tellement de qualités pendant le match. Evidemment, cette défaite fait mal, mais l’opposition était vraiment forte. »

Leur jeu tourné vers l’attaque figure comme l’un des plus séduisants du tournoi

A contrario, c’est peut-être parce qu’ils savent que leur adversaire du jour n’était pas un cador que les Allemands se gardaient bien de tirer des conclusions hâtives, juste après leur démonstration dominicale. Peut-être, aussi, parce qu’ils sont conscients que le quart de finale prévu samedi 2 juillet face à l’Italie ou l’Espagne s’annonce autrement plus compliqué. Pourtant, les motifs de satisfaction sont nombreux. Outre la solidité défensive retrouvée, leur jeu tourné vers l’attaque figure comme l’un des plus séduisants du tournoi.

Si elle manque encore parfois un peu de réalisme – à l’image d’un Thomas Müller qui n’a toujours pas inscrit le moindre but dans une phase finale d’un Euro –, l’armada offensive de la Mannschaft impressionne. Cette Allemagne serait-elle encore plus forte que celle sacrée il y a deux ans ? « Ce n’est pas possible pour le moment de dire si nous sommes plus forts, temporise prudemment le défenseur Jérôme Boateng, auteur du premier but allemand, nous avions quand même été champions du monde. Maintenant nous avons quelques jeunes joueurs, qui sont nouveaux. »

« Etre plus réalistes »

Certains se sont déjà illustrés. Titularisé à la place de Mario Götze, Julian Draxler, l’ailier de Wolfsburg, a réalisé une performance époustouflante. Après avoir offert un centre décisif pour Mario Gomez au terme d’une série de dribbles déroutants, c’est lui qui a inscrit le troisième but, d’une belle reprise de volée placée sous la barre du gardien slovaque. Homme du match, le milieu offensif de 22 ans, qui n’avait disputé que quelques minutes au Brésil il y a deux ans, constitue l’un des nouveaux apports d’une sélection qui compte tout de même 14 champions du monde sur un effectif de 23 joueurs. « J’espère qu’il n’y a pas trop de différences entre les deux équipes, au Brésil et ici en France, parce que ça voudrait dire que nous serions sacrés champions d’Europe », plaisante Mario Gomez, absent lors du sacre de Rio pour cause de blessure à un genou.

Finaliste de l’Euro en 2008, demi-finaliste en 2012, l’Allemagne, sans trop l’afficher, vise logiquement un quatrième titre continental. L’occasion serait belle de fêter les 20 ans de son dernier sacre européen. Mais le quart de finale du 2 juillet, sorte de finale avant l’heure, s’annonce comme une marche compliquée. « On ne doit pas ouvrir d’espaces pour nos adversaires et être plus réalistes : nous n’aurons pas toujours autant d’occasions que contre la Slovaquie », estime Joachim Löw. En attendant l’échéance du choc à venir, dimanche soir, un peu avant minuit, les supporteurs allemands, bière à la main, faisaient encore résonner la grand-place de Lille de leurs chants. Aussi décontractés que Mario Götze.

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