Les Polonais ont-ils enfin trouvé des successeurs à Kazimierz Deyna et à Zbigniew Boniek ? Troisième des Mondiaux 1974 et 1982, la Pologne s’est qualifiée pour les quarts de finale de l’Euro 2016 en battant la Suisse aux tirs au but (1-1), samedi 25 juin à Saint-Etienne. Éliminée piteusement au premier tour de son tournoi en 2012, coorganisé avec l’Ukraine, la Pologne de Robert Lewandowski, Kamil Grosicki et Jakub Blaszczykowski poursuit logiquement son bon parcours.

Ce premier huitième de finale opposait deux équipes invaincues jusqu’alors : deux matchs nuls et une victoire pour les Suisses, la proportion inverse pour les Polonais. En plus de partager le même équipementier et des couleurs similaires (Rouge et blanc), les deux sélections avaient tenu en échec sur le même score (0-0) deux favoris de cet Euro : la France pour la Nati et à l’Allemagne pour la Pologne.

Alors que certains de leurs supporteurs avaient eu toutes les difficultés du monde à joindre Saint-Etienne depuis Lyon, à cause de problèmes ferroviaires liés aux intempéries, les Suisses débutaient fébrilement la rencontre par un festival d’approximations et de maladresses. Le défenseur central Johan Djourou manquait sa passe en retrait et Robert Lewandowski, à l’affût, butait sur le gardien Yann Sommer sorti à propos (1er). Trois minutes après, une erreur du capitaine Stephan Lichtsteiner profitait encore à Lewandowski dont le centre était contré.

Grosicki en forme, Lewandowski bien terne

De leur côté, les Polonais montraient d’emblée la qualité de leur jeu, menés par un quatuor offensif menaçant où seule la vedette du Bayern Munich, Lewandowski semblait en difficulté. Toujours muet depuis le début du tournoi, il n’a pas réglé la mire à l’image de ces deux ratés aux 13e et 17e minutes. Au contraire du Rennais Kamil Grosicki, titulaire aujourd’hui, qui trouvait d’abord sur un centre la tête d’Arkadiusz Milik, buteur de l’Ajax, dans le dos de Djourou (5e).

En forme, Grosicki allait faire basculer cette première période. Ses déboulées sur l’aile gauche conduisaient d’abord à un corner que Grzegorz Krychowiak reprenait au-dessus de la tête (28e). À la 38e, il négociait parfaitement une contre-attaque, suite à un corner suisse, et servait idéalement pour l’ouverture du score Jakub Blaszczykowski, déjà buteur contre l’Ukraine lors du troisième match de poule (1-0).

Les Helvètes n’avaient pas à grand-chose à revendiquer. Peut-être cette combinaison d’Admir Mehmedi et de Xherdan Shaqiri conclut par un centre de ce dernier que Blerim Dzemaili ne pouvait pas suffisamment redresser (9e). Seules satisfactions, le talent imprévisible de Shaqiri et l’énorme activité du milieu récupérateur Valon Behrami, le joueur aux cheveux peroxydés qui compensait tant bien que mal l’absence de mouvements de son équipe.

Les deux camps se rendaient coup pour coup au retour des vestiaires. La Suisse faisait preuve de plus d’allant. La Pologne s’endormait sur ses lauriers et manquait le break. Shaqiri centrait d’abord du bout du pied en fin de course (45e) avant d’inquiéter Fabianski d’un tir puissant mais trop centré (50e). Grosicki et Blaszczykowski continuaient à se mettre en évidence. Le premier slalomait une nouvelle fois dans la surface adverse pour un pointu de Lewandowski (49e) et le deuxième obligeait Sommer à un bel arrêt suite à une perte de balle du Suisse Xhaka (52e).

Xherdan Shaqiri lors de son but samedi à Saint-Etienne. | MARTIN BUREAU / AFP

Lewandoswki était séché durement par Fabian Schär, averti d’un carton jaune. De quoi normalement réveiller le grand buteur bien terne. Breel Embolo entrait en jeu à la place de Dzemaili et se signalait en heurtant irrégulièrement Fabianski lors d’un duel aérien (65e). Le public suisse n’en finissait plus de huer les joueurs polonais, coupables de gagner du temps. Et un coup franc offrait à Ricardo Rodriguez une balle d’égalisation que Fabianski venait éjecter de sa lucarne (72e). Haris Seferovic voyait lui sa tentative échouer sur la barre transversale d’un gardien polonais en réussite (78e).

Courageux à défaut d’être souvent brillants, les joueurs de la Confédération n’abdiquaient pas. Joueur de Premier league à Stoke City, Xherdan Shaqiri, sorte de Mathieu Valbuena suisse en plus musclé, apportait la touche de talent qui faisait défaut. Du haut de son mètre 69, il inscrivait le plus beau but depuis le début de la compétition : un superbe retourné acrobatique à l’entrée de la surface, à une hauteur hallucinante (82e, 1-1).

Croatie ou Portugal en quart

Les prolongations confirmaient la tendance. Les Suisses maîtrisaient les opérations et les Polonais attendaient la séance de tirs au but. On ne voyait plus trop le Polonais Grosicki. Son capitaine Lewandowski décrochait beaucoup mais n’avait guère plus de brio que durant les 90 premières minutes. Au contraire, le danger Shaqiri était réel : son ballon piqué fuyait le cadre (95e) avant qu’un de ses décalages n’échappe au remplaçant Eren Derdiyok (101e).

Le héros suisse était par contre trop gourmand sur un coup franc excentré (105e). Il mettait au supplice la défense polonaise à la 110e minute et provoquait le délire parmi ses supporteurs, tout comme la combativité de Gelson Fernandes, entré en jeu avant la fin du temps réglementaire. Éblouissant, Shaqiri, ancien joueur du Bayern Munich, réalisait une passe subtile presque décisive. La tête de Derdiyok était sortie par Fabianski (113e) avant que l’attaquant ne parvienne pas à reprendre un centre de Seferovic (117e).

La Suisse poussait sans succès. Les tirs au but allaient départager les deux formations. Le duel entre Fabianski et Sommer, deux excellents gardiens pouvait débuter. Granit Xhaka tirait complètement à côté dès le deuxième essai suisse. Le nouveau joueur d’Arsenal pourra s’en vouloir. Son équipe s’inclinait sur le fil 5 tirs au but à 4. Krychkowiak qualifiait la Pologne et les Polonais fêtaient leur victoire devant la tribune suisse furieuse.

Dans la moitié de tableau la plus abordable, la Pologne jouera son quart de finale à Marseille, le jeudi 30 juin à 21 heures. Les Polonais affronteront le vainqueur de Croatie-Portugal, qui se déroule ce soir. La Pologne retrouve un peu de son lustre d’antan, elle qui n’avait jamais franchi le premier tour d’un Euro.

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