Lui, c’est Bob.

Bob au travail | LinkedIn

Et lui, c’est Bob aussi, avec quelques années de plus, une casquette Brasil et des tas de pin’s épinglés dessus.

Bob avec un nouveau pin's | LeMonde.fr

Je l’ai croisé jeudi soir sur le parking face au centre des médias des JO. Il faisait nuit, comme tous les jours à partir de 17h45 environ, et il avait devant lui un tapis de mousse où s’étalait quelques centaines de pin’s. Certains vendent des dvd gravés ou des cd NRJ Hit 2009 - celui avec Toi+moi de Grégoire -, lui échange des pin’s.

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Bob Kamuk insiste : il ne fait que des échanges - dire l’inverse lui vaudrait de toute manière les foudres du Comité olympique. « Certains se sont mis à en vendre mais moi, je n’ai pas besoin d’argent. J’ai un boulot. »

Oui, Bob est directeur financier d’un promoteur immobilier, Melia Homes, qui construit des pavillons d’un goût douteux en Californie du Sud. Lui-même réside à Los Angeles. Il y a quelques années, il travaillait dans sa région pour Les Nouveaux Constructeurs. « Le groupe construit par Olivier Mitterrand, le neveu du Président, tu connais ? »

Mais il n’est pas venu de LA pour parler prêt à taux zéro et T3 avec véranda à l’arrière. Il n’est d’ailleurs pas venu pour parler tout court mais pour enrichir sa collection de pin’s. Et les clients affluent : membres de la délégation mongole, journaliste japonais, bénévole...

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Tiens, voilà, un des 2000 employés accrédités par la télévision américaine NBC. Il vient lui présenter le pin’s produit par la chaîne pour ces JO de Rio, « une pièce rare », dit-il, qui mérite bien deux pin’s en échange. Pas un souci pour Bob, qui n’a étalé devant lui que des pièces qu’il a en double, en triple ou davantage.

Le gars de NBC opte pour un pin’s officiel d’Atlanta 96 et un autre de la mascotte des JO de Barcelone, Cobi, sur un vélo. Belle pièce, il faut avouer. Rio ne répond plus a pu immortaliser le transfert. Transfert gratuit, comme en Ligue 1.

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Notre sympathique directeur financier - comme quoi - est venu avec quelques milliers de pin’s à Rio. Que des doubles. « C’est plus qu’il n’en faut mais j’ai toujours peur de manquer. Ce serait bête d’être venu jusqu’ici et de manquer de pin’s au bout d’une semaine. » Chacun ses problèmes aux JO.

Chez lui, à Los Angeles, il en a une centaine de milliers, estime-t-il, ce qui prend de la place dans la maison. Son préféré, parmi ceux qu’il avait sous la main, était sur sa casquette : un pin’s thaïlandais.

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Bob Kamuk a commencé sa collection en 1984, lors des Jeux à domicile pour lui. Il est entré pour un match de base-ball (à l’époque où il était sport olympique), a vu plein de gens avec des pin’s olympiques, et s’est dit que cela ferait une chouette collection. Depuis, il n’a raté qu’une seule édition des Jeux olympiques, été et hiver confondus : ceux de Sotchi il y a deux ans. « J’étais en plein divorce. » Raison pour laquelle un collectionneur vétéran n’a pas caché sa joie de voir Bob sur le parking du centre de presse : « Ah t’es venu ! Super ! »

Les collectionneurs américains se sont réunis dans un club, les Olympins, 600 membres environ, à ne pas confondre avec un club du troisième âge. Le soir à Rio, ils se retrouvent pour certains sur une placette peu romantique à un quart d’heure du parc olympique et en journée, une boisson gazeuse sponsor des Jeux leur a réservé un espace, le Rio 2016 Olympic Pin Trading Centre. Là-bas, c’est la folie du pin’s.

« C’est en 1980 que ça a vraiment explosé », explique Bob. Cette année-là, le même phénomène se produit à Lake Placid, aux Jeux d’hiver, et Moscou, aux Jeux d’été. Appelez ça la diplomatie du pin’s. « De manière générale, il y en a de plus en plus à chaque Jeux olympiques. »

Les Olympins ont recensé près de 600 pin’s produits pour Rio par les différents sponsors, médias officiels, fédérations et comités nationaux. Nous n’avons pas encore trouvé trace de pin’s France Télévisions mais voici celui du CNOSF.

Olympinclub.com

Il paraît que le pin’s le plus convoité de ces Jeux, pour l’instant, est celui d’un groupe de presse japonais figurant le Pokemon Pikachu. Ce qui est assez logique : les chasseurs de Pokemon, smartphone en mains, ne sont finalement que les lointains successeurs des chasseurs de pin’s, qui traversent le monde tous les deux ans pour en acquérir de nouveaux, avec un centre Coca-Cola en guise d’arène.

The Olympic pin collector
Durée : 01:31
Images : Reportage sur John Ioannidis, collectionneur grec présent à Rio