Le zoo de Buenos Aires fermé, 1 500 animaux bientôt libérés
Le zoo de Buenos Aires fermé, 1 500 animaux bientôt libérés
Par Christine Legrand (Buenos Aires, correspondante)
L’établissement va se reconvertir en parc écologique qui assurera la protection et la réhabilitation des animaux.
Un couple de girafes, au zoo de Buenos Aires, le 24 juin. | JUAN MABROMATA/AFP
A Buenos Aires, le vieux zoo va fermer ses portes, après 128 années d’activité. Une décision prise alors que depuis des années les défenseurs des animaux, jusqu’aux employés de l’établissement, lançaient des cris d’alarme sur les conditions de vie précaires des pensionnaires et sur les infrastructures délabrées. Dans le quartier de Palermo, l’établissement va se reconvertir en parc écologique assurant la protection et la réhabilitation des animaux. Il servira également de refuge pour les bêtes rescapées des trafics illégaux. La majorité de ses pensionnaires, soit quelque 1 500 animaux sauvages, détenus en captivité, devraient recouvrer la liberté.
Le chef de gouvernement (maire) de centre-droit de la capitale argentine, Horacio Rodriguez Larreta, a annoncé, le 23 juin, la renationalisation des 18 hectares du zoo, géré depuis 1991 par des sociétés privées. Ce sera désormais « un lieu où les enfants pourront apprendre à prendre soin des différentes espèces », a expliqué M. Larreta, affirmant que « la vie en captivité est dégradante pour les animaux ».
Scandales
En pleine ville, au croisement de deux avenues très fréquentées de la capitale, les embouteillages et les assourdissants concerts de klaxon ne contribuaient pas au repos des animaux. Plusieurs scandales avaient révélé les souffrances endurées par différentes espèces à la suite de négligences.
A la veille de Noël 2012, Winner, l’unique ours polaire du zoo, avait succombé à la canicule de l’été austral, à défaut d’un environnement adapté. En octobre 2015, la mort d’Esperanza, un girafon de 15 jours, par manque de soins, avait déclenché l’indignation sur les réseaux sociaux. Une manifestation avait rassemblé des milliers de personnes, à l’appel du collectif « Sin Zoo » (« Sans zoo »), pour réclamer sa reconversion en jardin écologique.
Le zoo de Buenos Aires, le 24 juin. | JUAN MABROMATA / AFP
Les pensionnaires actuels devraient être transférés dans des réserves naturelles et des sanctuaires correspondant à leurs habitats naturels spécifiques en Argentine, mais sans doute également au Cambodge, en Inde, au Brésil ou en Afrique. Un recensement de toutes les espèces permettra de déterminer leur état de santé et les risques liés à leur réintégration dans la nature. Les premiers animaux à s’évader seront les oiseaux, qui s’installeront dans les prochaines semaines dans la Réserve écologique de Buenos Aires, havre de paix de 350 hectares, au bord du fleuve du Rio de la Plata.
Droit de vivre en liberté
Seuls une cinquantaine d’animaux, trop vieux pour voyager ou de santé fragile, resteront dans le futur parc écologique, où ils bénéficieront d’un environnement aménagé et des soins d’experts. Parmi eux, Sandra, une femelle orang-outan de 30 ans, qui a passé toute sa vie en captivité et qui est devenue très médiatique après qu’un tribunal de Buenos Aires l’a reconnue, le 22 décembre 2014, comme « personne non-humaine » lui accordant le droit de vivre en liberté.
La Chambre de cassation pénale de Buenos Aires avait décidé d’appliquer une ordonnance d’Habeas Corpus (le droit de ne pas être emprisonné sans jugement) à l’animal, considérant ainsi que, même s’il ne s’agit pas d’un être humain, il a des sentiments et le droit à une plus grande liberté. Une demande similaire avait été rejetée en décembre 2014 par la justice de New York : une organisation de défense des animaux demandait alors que quatre chimpanzés en captivité soient considérés comme « personnes non humaines » et bénéficient du droit à la liberté.
En Argentine, cette première mondiale n’avait pas débouché toutefois sur la remise en liberté de Sandra, les experts jugeant, qu’au-delà des risques de transfert, elle aurait peu de chance de survivre dans la nature. Comme la poignée d’autres espèces condamnées à finir leurs jours sur place, Sandra ne sera cependant plus exposée au public. Un facteur de stress en moins pour cet orang-outan de 50 kg, aux yeux tristes, qui vivait prostrée cherchant à se cacher la face des yeux des visiteurs.