Invités au ministère, des lycéens moquent le « ça va mieux » de François Hollande
Invités au ministère, des lycéens moquent le « ça va mieux » de François Hollande
Par Eric Nunès
Une joute oratoire entre jeunes était organisée rue de Grenelle sur le thème : « Ce gouvernement croit toujours dans les valeurs de liberté, égalité et fraternité ».
La ministre Najat Vallaud-Belkacem et les lauréats de la finale de joute oratoire de la Fédération francophone de débat. | Fédération francophone de débat / Photographe Dimitri Mosiniak
« Liberté, égalité, fraternité », telle est la devise de la République. « Mais ce gouvernement ne respecte pas ses propres valeurs. Les ministres énoncent des principes sous des formes abstraites et de nombreux Français ne croient plus en leurs mots. » Des promesses vides de sens en somme « si elles ne sont pas suivies d’une application imminente. » La charge, violente, est accueillie par une bronca de contentement.
La scène paraîtrait banale dans de nombreuses assemblées d’élus en France, elle est plus rare, voire exceptionnelle, sous les dorures de la salle des glaces du 101 rue de Grenelle, cœur du ministère de l’education nationale. C’est pourtant là, à quelques pas du bureau de la ministre, Najat Vallaud-Belkacem, et en sa présence, que ces critiques virulentes ont été formulées, mardi 13 juillet, lors de la finale des universités d’été de l’art oratoire. Six lycéens franciliens, répartis en deux équipes, s’affrontent verbalement sur le thème « Ce gouvernement croit toujours dans les valeurs de liberté, égalité et fraternité ». Pendant plus de trente minutes, les lycéens-ministres et lycéens-députés d’opposition ont donc joué, voire surjoué, les apprentis parlementaires.
La langue de bois affleure
Du côté des lycéens jouant le rôle de l’exécutif (que l’on devine de gauche), on défend les trois mots, ciment de la République. La liberté « d’entreprendre, d’innover », avance une ministre en herbe. « Mais une liberté encadrée par la loi de la République au sein de laquelle les citoyens sont libres et jugés sur leurs actes. » La liberté, c’est aussi celle de la presse, poursuit-elle : « Si un journaliste m’est défavorable, ce n’est pas parce que je suis premier ministre que je dois museler ses convictions. » Sur le banc des journalistes venus assister à la performance, on respire. Parfois, la langue de bois des aînés affleure. Florilège : « La fraternité n’est qu’une question de volonté », « Les valeurs républicaines sont universelles », « Une société qui avance le fait ensemble ».
Au tour des lycéens de l’opposition (probablement la droite) de plaider. Ils s’autorisent un petit tacle à la communication présidentielle : le problème de ce gouvernement, c’est qu’il veut nourrir une personne affamée d’un long discours et lui dire que « ça va mieux », allusion au leitmotiv gouvernemental. « Le gouvernement y croit, le peuple n’y croit plus », conclut l’un des élèves.
Najat Vallaud-Belkacem n’a pas manqué de récompenser deux des trois compétiteurs de l’équipe « présidentielle », non sans oublier de féliciter l’équipe de l’opposition pour son travail collectif. Experte en communication, la ministre a insisté, dans son discours final, sur la force de l’art oratoire, grâce auquel « les débats sont d’une violence pacifiée, contenue ». Même si, reconnaît-elle, « la rhétorique ne renvoie pas à la réalité ».