Après le putsch manqué, Bruxelles veut mettre la pression sur Recep Tayyip Erdogan
Après le putsch manqué, Bruxelles veut mettre la pression sur Recep Tayyip Erdogan
Le Monde.fr avec Reuters
Les ministres européens des Affaires étrangères souhaitent éviter une dérive autoritaire du président turc en réaction à la tentative de coup d’Etat.
Une position commune doit être adoptée après un petit-déjeuner de travail lundi. | DOMINIQUE FAGET / AFP
Le petit-déjeuner de travail entre les ministres européens des Affaires étrangères prévu à Bruxelles le lundi 18 juillet s’est transformé en réunion de crise. Bruxelles s’inquiète de la réaction de Recep Tayyip Erdogan après la tentative de coup d’Etat dans la nuit de jeudi à vendredi. Le président turc a déjà mené une vaste purge dans les rangs de l’armée et de l’appareil judiciaire.
Une position commune doit être adoptée en présence du secrétaire d’Etat américain John Kerry. Le rôle primordial de la Turquie dans la lutte contre les djihadistes syriens et dans la maîtrise des flux migratoire seront au centre des discussions.
En ce qui concerne la lutte contre l’Etat islamique (EI), John Kerry a assuré dimanche que le putsch manqué n’avait pas affecté les opérations, même si la base d’Incirlik, d’où décollent une partie des avions américains et allemands de la coalition, a été paralysé. Jean-Marc Ayrault s’est néanmoins interrogé dimanche sur la « fiabilité » de la Turquie dans cette lutte.
Pas de réelle obligation pour la Turquie
Quant à la question migratoire, les « Vingt-sept » auront fort à faire au cours des trois prochains mois pour finaliser l’accord conclu en mars avec Ankara. Pour obtenir sa signature, les Européens ont dû mettre en sourdine leurs critiques du traitement de la minorité kurde ou des entorses répétées à la liberté d’expression, mais l’exemption de visa reste problématique.
Pour la mettre en oeuvre, Bruxelles exige une réforme de la législation turque antiterroriste, ce que le gouvernement a exclu et le coup d’Etat ne devrait rien arranger. La mesure doit en outre être approuvée par un Parlement européen très attaché au respect des droits de l’homme.
« Il n’y a pas de réelle obligation pour le président turc de renoncer à sa mise au pas de la justice, des médias et du reste », prévient Marc Pierini, ancien ambassadeur de l’Union européenne à Ankara et membre du cercle de réflexion Carnegie.