Quatre jours après la tentative de putsch, la purge menée d’une main de fer par le président Erdogan s’amplifie. Après l’armée et la justice, elle touche désormais le monde de l’enseignement.

Le ministère de l’éducation turc a annoncé mardi 18 juillet la suspension de plus de 15 000 de ses employés soupçonnés d’être liés au prédicateur Fethullah Gülen, accusé d’être derrière le putsch manqué et dont Ankara veut demander l’extradition aux Etats-Unis. Le ministère a annoncé dans un communiqué :

« 15 200 fonctionnaires du ministère de l’éducation (...) ont été suspendus, une enquête à été ouverte au sujet de ces individus »

Le Conseil de l’enseignement supérieur (YÖK) – l’organisme étatique qui supervise l’organisation des universités – a pour sa part demandé la démission de plus de 1 500 recteurs et doyens d’université, rapporte l’agence de presse gouvernementale Anatolie. Cette décision concerne les 1 577 recteurs et doyens des universités publiques et celles rattachées à des fondations privées, selon l’agence.

Ces mesures rentrent dans le cadre d’une vaste opération de reprise en main lancée après le putsch, destinée selon le gouvernement à « déraciner » de l’appareil d’État les « gülénistes », partisans du prédicateur Fethullah Gülen, accusé par le pouvoir d’être derrière le putsch.

Ces purges s’étaient d’abord centrées sur l’armée, la justice et la police, avant de gagner mardi de nouveaux secteurs : plus de 200 employés des services du premier ministre ont ainsi été mis à pied, de même que près de 500 de l’agence des affaires religieuses, selon Anatolie. Au total, 9 322 militaires, magistrats, policiers font par ailleurs l’objet d’une procédure judiciaire, a annoncé le vice-premier ministre, Numan Kurtulmus.

Inquiétude grandissante de la communauté internationale

John Kerry et Federica Mogherini à Bruxelles. | JOHN THYS / AFP

Les pays de l’Union européenne (UE) et de la communauté internationale s’inquiètent de l’évolution de la situation en Turquie. Etats-Unis, UE et l’OTAN ont mis en garde lundi Ankara contre la tentation d’une répression généralisée et du rétablissement de la peine de mort.

Recep Tayyip Erdogan a réitéré qu’il n’écartait pas le rétablissement de la peine de mort dans son pays après le coup d’Etat manqué, dans un entretien diffusé lundi sur la chaîne américaine CNN.

Un pays souhaitant adhérer à l’UE « ne peut pas » rétablir la peine de mort, comme l’a envisagé le président turc après le coup d’Etat manqué à la veille du week-end, a mis en garde mardi le président français, François Hollande, depuis le Portugal, comme l’avait fait avant lui la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, mais aussi le gouvernement allemand et d’autres acteurs de la communauté internationale.

Les ministres des affaires étrangères de l’UE étaient réunis lundi à Bruxelles pour adopter une position commune sur la situation en Turquie en présence du secrétaire d’Etat américain, John Kerry.