Pour Obama, le discours antimusulman « nourrit les mensonges des terroristes »
Pour Obama, le discours antimusulman « nourrit les mensonges des terroristes »
Jeudi, le département américain de la justice a annoncé avoir porté plainte contre une ville de Pennsylvanie, pour discrimination religieuse, après son refus d’accorder un permis de construire à une mosquée.
Dans une mosquée de Chino, Californie, en juillet 2016. | FREDERIC J. BROWN / AFP
Le président américain, Barack Obama, a salué la contribution des migrants musulmans aux Etats-Unis, jeudi 21 juillet, ajoutant que toute discrimination à leur égard ferait le jeu du terrorisme. « Les Américains musulmans sont aussi patriotes, aussi intégrés, aussi Américains que tout autre membre de la famille américaine », a-t-il dit lors d’une réception à la Maison Blanche, pour fêter la rupture du jeûne du mois de ramadan. « Que votre famille soit ici depuis des générations ou que vous soyez un nouvel arrivant, vous êtes une part essentielle de notre pays », a-t-il ajouté.
Sans nommer le candidat républicain, Barack Obama a estimé que l’idée de politiques discriminatoires contre les musulmans constituait un affront aux « valeurs qui rendent grande [notre] nation ». Avant d’ajouter :
« Distinguer les musulmans américains, de plus, nourrit les mensonges des terroristes comme l’EI, qui dit que l’Occident est en guerre contre une religion qui compte plus d’un milliard d’adeptes. »
Jeudi, le département américain de la justice a annoncé avoir porté plainte contre la ville de Bensalem Township, en Pennsylvanie, pour discrimination religieuse, après son refus d’accorder un permis de construire à une mosquée. Selon la plainte, la ville a violé une loi sur l’usage du sol par les organisations religieuses, quand elle a refusé d’accorder un permis de construire au groupe musulman « Bensalem Masjid ». En effet, les musulmans de la ville louent, pour la prière du vendredi, la salle d’une caserne de pompiers.
« Notre Constitution protège les droits des communautés religieuses »
« Notre Constitution protège les droits des communautés religieuses à construire des lieux pour leur pratique, libres de toute interférence illégale ou de barrières inutiles », a affirmé Vanita Gupta, responsable de la division des droits civiques au ministère. Le département de la Justice « continuera à contester toute décision locale d’urbanisme non justifiée dans le pays qui empiéterait sur cet important droit civique », a-t-elle ajouté.
L’affaire de la mosquée de Bensalem Township a été dévoilée le même jour que les suites, positives, d’une action judiciaire intentée par une famille musulmane, dont les comptes avaient été fermés, sans raison valable, en 2014, par la banque JPMorgan Chase, dans le Michigan. Depuis quelque temps aux Etats-Unis, des groupes représentant des Américains d’origine arabe ont en effet fait état de clôtures de comptes bancaires fermés sans explication. En 2013, la Ligue de défense des droits des Arabes-Américains (American-Arab Anti-Discrimation Committee) avait d’ailleurs déposé un recours collectif à ce sujet.
Le juge d’un tribunal de Detroit, Sean Cox, a estimé recevable jeudi la plainte pour discrimination raciale à l’encontre de Najah et Kathy Manni, arguant que la discrimination serait une explication « plausible » derrière la fermeture de plus de trente comptes bancaires pourtant bien approvisionnés par le couple.
La banque rejetait toute accusation de discrimination, et sa ligne de défense était de prétendre à une politique lui donnant le droit de clôturer tout compte de dépôt, avec ou sans raison. Mais le tribunal « [a] estim [é] que Najah Manni a [vait] de quoi pour prétendre à la malveillance », a conclu le magistrat dans sa décision. Les Manni disposaient notamment auprès de JPMorgan Chase d’un compte pour leur société JM Adjustment Services (JMA), approvisionné à hauteur de 5 millions de dollars, selon leur plainte.
Le ras-le-bol discret des musulmans américains
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