A propos du terrorisme, François Fillon évoque « une forme de guerre mondiale »
A propos du terrorisme, François Fillon évoque « une forme de guerre mondiale »
Dans le « Journal du dimanche », l’ancien premier ministre juge que les Français de confession musulmane doivent être en première ligne contre le totalitarisme islamique.
François Fillon à Rosny-sous-Bois le 11 avril 2015. | STEPHANE DE SAKUTIN/AFP
François Fillon (Les Républicains, LR), l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy, estime dans le Journal du dimanche du 24 juillet, qu’« une forme de guerre mondiale » est engagée et que « la société française tout entière doit se mobiliser contre le totalitarisme islamique ». Il estime en outre que la France doit « imposer avec autorité » les valeurs de la République aux musulmans.
« Nous sommes entrés dans une forme de guerre mondiale qui s’étend de l’Asie du Sud-Est jusqu’à l’Afrique occidentale, en passant par le Proche-Orient. Une fois passée l’émotion, la tentation, c’est de faire comme si on pouvait rentrer tranquillement chez soi en espérant qu’il n’y ait plus d’attentats. Sauf que l’organisation Etat islamique [EI] – qui nous fait la guerre – ne connaît ni faiblesse ni trêve », déclare-t-il à l’hebdomadaire.
Tout en concédant que l’expression est « forte » et rappelle « la première et la seconde guerre mondiale », le candidat à la primaire de la droite voit dans le djihadisme « un mouvement totalitaire, comme le nazisme, [qui] emploie les mêmes ressorts : imposer par la force au reste du monde un mode de vie et de pensée ». Face à cette menace, « nous avons à juste titre choisi de riposter militairement », ajoute le député de Paris, membre de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.
Pour le retour de la double peine
Interrogé sur des mesures qui pourraient être prises en France en plus de l’état d’urgence et du nouveau renforcement de l’arsenal antiterroriste qui ont été adoptés au Parlement, M. Fillon demande « l’application du livre IV du Code pénal, qui permet d’aggraver fortement les peines pour les actes de terrorisme ou de complicité » et « surtout d’arrêter, de juger et de condamner jusqu’à trente ans de prison toute personne pour intelligence avec l’ennemi ».
« Enfermer tous les fichés “S” n’aurait, en revanche, aucun sens, car c’est une catégorie tellement large qu’on ne saurait même pas comment les surveiller », estime-t-il, critiquant sans les nommer plusieurs élus LR, partisans d’une telle proposition. « La notion d’intelligence avec l’ennemi est conforme à l’état de droit, ce qui ne serait pas le cas avec une sorte de Guantanamo des fichés S », insiste M. Fillon.
Le candidat à la primaire de la droite s’est aussi dit favorable au rétablissement de la double peine, supprimée par Nicolas Sarkozy lorsqu’il était ministre de l’intérieur. Il plaide pour « des mesures d’exception » comme « l’expulsion immédiate des personnes étrangères condamnées pour des faits de délinquance ». Pour cette proposition, « je n’ai attendu ni le Front national [FN], ni les tragiques événements de Paris et de Nice. C’était d’ailleurs la règle avant 2003. Il suffit d’y revenir », justifie-t-il.
L’ex-chef du gouvernement plaide aussi pour que « la société française tout entière se mobilise contre le totalitarisme islamiste. Au premier rang de laquelle doivent se trouver les Français de confession musulmane ». Et d’insister : « La République a su imposer aux catholiques, aux protestants et aux juifs le respect de ses valeurs. Il n’existe aucune raison pour qu’elle ne les impose pas avec autorité aux musulmans ».
- Christiane Taubira fustige « ceux qui font commerce de la peur ». L’ancienne ministre de la justice, Christiane Taubira, a publié samedi 23 juillet sur le réseau social Facebook une longue tribune. Elle y dénonce « ceux qui font commerce de la peur, de l’angoisse, de la douleur d’autrui et vocifèrent sans respect des larmes » et qui privilégient « leurs intérêts partisans ou leur impatience à s’emparer du pouvoir d’Etat », évoquant sans la nommer, la surenchère sécuritaire de plusieurs personnalités de droite consécutive à l’attaque de Nice. « Ressasser des poncifs sur les décisions de justice, prises en indépendance par des magistrats dans notre Etat de droit ; gloser sur les effets de la prison lorsqu’aucun des tueurs du 13 novembre 2015, ni celui du 14 juillet, n’avait d’antécédents carcéraux ; rabâcher les sempiternelles récriminations fondées sur de seules motivations partisanes, c’est s’obstiner à déguiser la réalité, se réfugier derrière des incongruités confortables, se satisfaire de facilités aberrantes, se situer en deçà des nécessités régaliennes, et finalement nous exposer durablement au danger. »