A Kinshasa, Etienne Tshisekedi est attendu comme le messie par ses partisans
A Kinshasa, Etienne Tshisekedi est attendu comme le messie par ses partisans
Par Habibou Bangré (contributrice Le Monde Afrique, Kinshasa)
L’opposant historique Etienne Tshisekedi rentre mercredi à Kinshasa après deux ans d’absence pour soins médicaux. Il est attendu de pied ferme par ses partisans.
A Kinshasa, devant le siège de l’Union pour la démocratie et le progrès social, l’UDPS, les militants se préparent à accueillir leur chef, l’opposant historique Etienne Tshisekedi. Un retour très attendu : « Tshitshi », comme le surnomment ses partisans, avait quitté il y a deux ans la République démocratique du Congo pour la Belgique, où il a reçu des soins médicaux et mené des consultations dans le cadre de l’élection présidentielle, prévue en novembre, mais qui risque fort d’être reportée.
Dieudonné exulte. « En tout cas, vraiment, que dieu soit loué ! Il est sorti du pays malade, mais dieu l’a assisté. Nous sommes très ravis de son retour pour que toute chose reprenne et retourne sur les rails. »
Quant à Médard, comme beaucoup d’autres militants il n’a pas digéré la présidentielle contestée de 2011. Etienne Tshisekedi, 83 ans, s’était alors proclamé « président élu », dénonçant des fraudes pour sacrer Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 et qui ne peut briguer un troisième mandat d’affilée.
Pour Médard, aucun doute : Etienne Tshisekedi cherche à prendre sa revanche. « C’est le président élu, c’est notre président de la République démocratique du Congo ! Joseph Kabila, il est illégitime ! Tshisekedi nous a promis le pouvoir, Tshisekedi ne revient pas pour être toujours président de l’UDPS : s’il revient, c’est pour être président de la république, c’est ce qui est connu de tous ! Tshisekedi ne nous amène pas des discours comme il a toujours fait, mais Tshisekedi nous amène le pouvoir ! »
« Un fait social, pas un évènement »
Le chef de l’UDPS rentre dans un climat tendu à cause des retards et problèmes de financements qui mettent en péril la course à la magistrature suprême. Pour décrisper la situation, le président Kabila a convoqué un dialogue politique national et inclusif, mais de grands partis de l’opposition y voient un stratagème pour lui permettre de se maintenir au pouvoir. L’UDPS, elle, avait listé des préalables, comme la libération de tous les prisonniers politiques, mais n’a pas trouvé entière satisfaction.
Plus encore, la plateforme Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, présidée par Etienne Tshisekedi, a récusé le facilitateur du dialogue, l’ex-premier ministre togolais Edem Kodjo. Elle lui reproche notamment d’avoir annoncé « unilatéralement » le début des travaux préparatoires des assises pour le 30 juillet. Si Etienne Tshisekedi refuse le dialogue, son retour « sera juste un fait social, mais pas un événement politique », résume André Atundu, porte-parole de la majorité présidentielle.
Au siège de l’UDPS, un groupe d’hommes débat de l’avenir du pays, pronostique sur les scénarios à venir. On distingue des murmures, comme des confidences. Parfois, le ton s’envole brusquement. Il s’agit d’un « parlement debout », un rassemblement populaire que l’on retrouve dans certains espaces de Kinshasa et où on décortique la situation du pays – non sans passion. A quelques pas, un petit stand étale des Unes de journaux à la gloire du « leader maximo » et vend de quoi fêter le retour.
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