A Istanbul, le 30 juillet. | Petros Karadjias / AP

Changement de ton à Ankara. Pour la première fois depuis le coup d’Etat raté du 15 juillet, des dirigeants turcs ont reconnu lundi 1er août que la purge qui s’était ensuivie avait pu donner lieu à « des erreurs ».

« Un travail méticuleux est en cours concernant ceux qui ont été limogés », a fait savoir le premier ministre Binali Yildirim, cité par l’agence de presse progouvernementale Anatolie.

« Il y en a certainement parmi eux qui ont été victimes de procédures injustes. Nous n’affirmons pas (au sujet d’injustices) : Il n’y en a pas.Nous ferons la différence entre ceux qui sont coupables et ceux qui ne le sont pas. »

« S’il y a eu des erreurs, nous les corrigerons », a appuyé le vice-premier ministre, Numan Kurtulmus. Ce dernier a de nouveau mis en garde les sympathisants de Fethullah Gülen, un imam exilé aux Etats-Unis qu’Ankara accuse d’avoir ourdi le putsch. Les « citoyens qui n’ont pas d’affiliation avec eux devraient se détendre », car « il ne leur sera fait aucun mal », a souligné M. Kurtumulus, mais les soutiens de M. Gülen « doivent avoir peur. Ils paieront le prix ».

Des purges « qui dépassent toute mesure »

Plus de 18 000 personnes ont été placées en garde à vue à un moment ou à un autre au cours des deux dernières semaines. Environ 10 000 d’entre elles font maintenant l’objet de poursuites et ont été placées en détention préventive, dont des journalistes. Plus de 50 000 personnes ont été limogées.

Jeudi, le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, avait dénoncé des purges qui « dépassent toute mesure » , estimant qu’« on ne pouvait se taire » face à l’ampleur des arrestations.

« Un pays qui emprisonne ses propres professeurs et ses propres journalistes met en prison l’avenir » du pays, avait lancé de son côté le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi. Pour toute réponse, le président Erdogan avait conseillé aux Occidentaux de « se mêler de leurs affaires ».

En Turquie, 11 soldats accusés d’avoir attaqué l’hôtel d’Erdogan arrêtés

Le ministère de l’intérieur turc a annoncé lundi 1er août que onze militaires, accusés d’avoir fait partie du commando qui a attaqué l’hôtel de Marmaris où se trouvait le président Recep Tayyip Erdogan la nuit du putsch manqué, ont été arrêtés. M. Erdogan était en vacances avec sa famille dans cet établissement, qu’il avait pu quitter avant qu’il ne soit attaqué par les putschistes pour se rendre à Istanbul.

Les onze soldats étaient en cavale depuis le 15 juillet, jour du coup d’Etat manqué. L’armée a utilisé des drones et des hélicoptères pour les localiser avant de lancer une opération pour les arrêter, qui a pris fin lundi matin. Les militaires ont été placés en détention provisoire. Un soldat du commando de putschistes est encore en fuite.

Au total, 37 militaires faisaient partie du commando, d’après l’agence de presse officielle Anatolie. Certains d’entre eux avaient été appréhendés une dizaine de jours après le putsch lors d’un contrôle routier.