Syndicats et direction de SFR reçus par la ministre du travail Myriam El Khomri
Syndicats et direction de SFR reçus par la ministre du travail Myriam El Khomri
Par Sandrine Cassini
Face aux 5 000 suppressions d’emplois prévues en 2017, le gouvernement a peu de marges de manœuvre.
Une boutique SFR à Lille, le 24 février 2014. AFP PHOTO PHILIPPE HUGUEN / AFP PHOTO / PHILIPPE HUGUEN | PHILIPPE HUGUEN / AFP
Le plan de réduction des effectifs de SFR qui a filtré dans la presse la semaine dernière a fait l’effet d’une bombe. L’opérateur télécoms racheté par le patron du groupe Altice, Patrick Drahi, en 2014 prévoit en effet 5 000 suppressions de postes l’an prochain, soit un tiers de ses effectifs. C’est pour évoquer le sujet que la ministre du travail reçoit mardi 2 août après-midi les représentants de l’entreprise. Les syndicats ont été conviés à 14 h 30 chez Myriam El Khomri. Ils précèdent de quelques heures la direction du groupe, qui rencontrera le cabinet de la ministre à 18 heures.
Au menu, le respect des engagements pris par Patrick Drahi lors de la reprise de l’opérateur télécoms en 2014. Dans une missive adressée à l’ancien ministre du redressement productif Arnaud Montebourg et à l’ex-ministre alors chargée de l’économie numérique Fleur Pellerin, le tycoon avait fait un certain nombre de promesses. Sur l’emploi d’abord. « Il n’y aura aucune suppression d’emploi sous quelque forme que ce soit. Je me suis même engagé auprès de vous à recruter des ingénieurs commerciaux », assurait le patron, qui expliquait également que ces engagements pourraient être « inscrits dans les licences SFR ». SFR n’a pas réellement tenu parole par rapport à ses ambitions initiales. Selon les syndicats, 1 200 personnes ont déjà quitté le groupe ces deux dernières années, sans qu’elles ne soient remplacées.
Patrick Drahi avait également signé un accord avec les syndicats, qui prévoyait de ne procéder à aucun plan de réduction des effectifs avant le 1er juillet 2017, soit trois ans après le rachat. Formellement, SFR respecte cet engagement. Il n’a mené aucun plan social, et s’abstiendra de procéder à toute réduction des coûts d’ici le 30 juin 2017.
Une bombe à retardement
Au lendemain de cette échéance, un plan de départs volontaires devrait être mis en œuvre. Que peut faire la ministre du travail ? A priori pas grand chose, SFR étant un groupe privé. Michel Combes a rencontré il y à quelques jours Emmanuel Macron, afin d’évoquer la première salve de son plan de réduction des effectifs, qui concerne les magasins.
Dans le cadre de la rationalisation de ses activités de distribution, environ un millier de salariés - une estimation des syndicats - devrait être amené à quitter le groupe d’ici Noël. Dans tous les cas, chez Emmanuel Macron, on assure qu’un « dialogue » avec l’Etat est nécessaire. Sur le papier, il est impossible pour le ministre de l’économie d’empêcher Patrick Drahi d’agir comme bon lui semble. Mais les télécoms restant une activité très régulée, Emmanuel Macron peut être tenté de jouer cette carte pour réduire l’impact du plan. Politiquement, en effet, le plan de SFR, qui commencera à être négocié en début d’année prochaine, s’annonce comme une bombe à retardement.
Autre engagement, SFR avait promis de faire preuve de « patriotisme économique » en privilégiant les « fournisseurs français ». Là aussi, le bilan est mitigé. Tout d’abord parce que SFR a réduit drastiquement le nombre et le volume de commandes passées à ses fournisseurs. Par ailleurs, l’opérateur fait actuellement le ménage dans ses centres d’appel, et s’apprête à délocaliser une partie des emplois au Portugal et à Madagascar.
Enfin, Patrick Drahi avait pris des engagements sur la fibre. Il promettait au gouvernement 12 millions de foyers raccordables fin 2017, et 15 millions en 2020. Avec une prévision de 18 millions de prises très haut débit en 2020 et 22 millions deux ans plus tard, il est plutôt au delà de son objectif.